LP Review: Jack White – Lazaretto (Indie Rock)





Jack White. La parution très tardive de cet article a de quoi surprendre. Lazaretto, son deuxième album solo, est paru en juin 2014 via Third Man Records. De dizaines de milliers de lignes ont été écrite sur le sujet, tout et n’importe quoi a été dit (une comparaison avec Bob Marley, really?) et vos écoutes sont consommées depuis bien longtemps. Dans le même temps, le vinyle de Lazaretto a battu le nombre record de ventes réalisé depuis le Vitalogy de Pearl Jam en 1994. C’est une excellente chose, Jack White parvient à réintroduire un peu de matériel et d’analogique dans un monde de la musique qui en manque cruellement (article à lire). 

Pourtant, c’est justement sur ce terrain que l’on peut reprocher à Lazaretto l’une de ses faiblesses majeures : l’album est comme surproduit et on perd souvent la spontanéité d’un Jack White qui a toujours détesté les sons trop électroniques et trop polis. Cela va sans dire, mais les quelques génies de la scène se détachent justement des autres grâce à leurs instinct hors pair, leur sens de l’intuition musicale. Lazaretto ne la fait pas franchement apparaître. Deux titres l’illustrent, That Black Bat Licorice“, une sorte de copie des Dead Weathers et “Just One Drink“, weak dans de nombreux départements. Et puis, et c’est là le principal reproche que je ferai à cet opus, force est de constater que Jack White ne s’est pas réinventé. Blunderbuss avait été une superbe claque parce qu’il avait révélé un nouveau visage de Jack White, celui d’un crooner amoureux de l’Amérique du sud, de belles mélodies ensoleillées assenées à coup de bottleneck. On retrouve ce même esprit sur Lazaretto, dans un style légèrement moins puissant, et si le résultat est fort agréable, je ne saurai surement pas me contenter de cela de la part de celui qui a révolutionné le rock’n’roll. Jack White a su, à la fin des années ’90, trouver le chemin nécessaire à la création d’un nouveau son. La dichotomie était alors simple : Hendrix avait marqué l’histoire de la musique car il avait inventé le son rock, et Jack White, 30 années plus tard, avait prouvé à toute la scène qu’il était encore possible de créer quelque chose de véritablement nouveau. Et c’est ce que l’on peut attendre de Jack White : des révélations. Ces mêmes révélations que l’on ne trouve pas sur Lazaretto.
Je passerai rapidement sur ce que contient l’album, sur ses inspirations, sa nouvelle coupe de cheveux et la finition brillante du A-Side du vinyle. Je me contenterai de relever que l’album a pourtant de nombreuses qualités. Premièrement, il parvient sans mal à créer un univers chaleureux qui nous conduit tout droit au comptoir d’un vieux saloon texan. Trop peu d’albums savent transporter son auditeur dans un tableau si point défini. C’est la touche Jack White par excellence. Deuxièmement, l’album est très mélodieux. Les morceaux insufflent un bon rythme, à l’image de l’introduction de “Three Women“, ce qui a pour immense avantage de révéler le travail de recherche mélodique. Troisièmement, les titres sont parfaitement construits. Point de paresse dans le processus créatif de Jack White. Les titres ne se contentent jamais de quelques répétitions et les variations sont rarement là où on les attend. Quatrièmement, les textes sont touchants et sonnent l’heure de la vérité (voir “Would You Fight For My Love” qui pour le coup est assez surprenant). Jack White fait partie de ces rares songwriters à pouvoir nous faire rêver et réfléchir. Le nombre d’albums de cette catégorie en 2014 ? Pas plus de 5 ! Dernièrement, on trouve quelques moments de fulgurances qui font que l’on se précipite sur l’écoute de phases inimitables. Je pense à “High Ball Stepper” (qui aurait gagné à ne pas faire résonner cette sirène agaçante), au solo de “Lazaretto” ou à la douceur du précité “Would You Fight For My Love“.
Malgré tout ça, Lazaretto n’est pas l’album coup de point qui suscite en nous des palpitations d’excitation. La parution très tardive de cet article n’a d’autres explications que ma bonne croyance dans le Jack White tout puissant. Peut-être avais-je manqué quelque chose, peut-être que la révolution n’était pas là où je l’attendais, il fallait donc que je m’en assure, sans me précipiter sur une rédaction trop hative. Au final, cet article est profondément injuste, car croyez bien que Lazaretto eut été encensé s’il était l’œuvre de l’un des 99% des autres artistes de la scène. Mais tachons de ne pas oublier que Jack White est l’un des musiciens les plus importants de l’histoire du rock’n’roll. 

(mp3) Jack White – Three Woman
(mp3) Jack White – High Ball Stepper

Liens afférents :
Article sur Blunderbuss (2012)
Article sur Thee Maximators (façon White Stripes)

1 Comment

  • LaTouf

    Article tardif et juste. Pour moi, c justement ce "would you fight for my love" qui sauve l'album (s'il y avait un tel besoin). Un morceau puissant et touchant

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