The Creation est un groupe anglais formé en 1963 à Cheshunt (UK). Initialement nommé The Mark Four, à l’époque où John Dalton qui ira ensuite rejoindre les Kinks était de la partie, The Creation ne prendra son nom définitif qu’en 1966. Largement liée au mouvement Pop Art, The Creation est une formation qui a toujours vogué entre expérimentation et reprises de classiques. Au final, The Creation est un groupe emblématique de la British Invasion (un comble alors que le groupe n’a même pas envahi son propre pays). Le son qu’il dégage est très caractéristique de ce mouvement : la guitare laisse transparaître le début du Garage, les voix forment souvent un choeur très harmonique et toute la place nécessaire est donnée à la mélodie.
The Creation n’aura fait paraître qu’un seul album, We Are Paintermen, en 1967. Composé de 24 morceaux, cet opus glanera une immense popularité en Allemagne. Il sera largement moins reconnu aux UK. Et pourtant.
Drôle de choix, mais les Creation introduisent leur album par une reprise. Il s’agit de “Cook Jerk“, un titre composé par Donald Storball pour le groupe Capitols (ici). Vient ensuite “Making Time” qui rappellera l’excellent Rushmore aux amateurs de Wes Anderson. A mon sens le meilleur titre de toute la discographie des Creation, ce morceau laisse transparaître le son très saturé de la guitare d’Eddie Phillips qui prouve pour la première fois que The Creation est plus qu’un de ces groupes génériques de l’époque. Il faut se rappeler que le psychédélisme n’en est qu’à ses tous débuts. “Making Time” pose les bases d’un genre pop qui gagnera ses lettres de noblesse que plus tard. Premier single du groupe, paru en 1966, il est assurément celui qui aura permis la naissance de cet album. Et puis, une autre reprise apparaît rapidement avec le “Like A Rolling Stone” de Bob Dyan. Loin d’être la pièce la plus édifiante de l’opus, elle demeure à mon sens un cran en dessous de celle de Jimi Hendrix, “Hey Joe“.
On trouve l’influence Blues Rock de l’époque sur “Can I Join Your Band“. Ah, le spirit des Rolling Stones n’était assurément pas loin. Et puis, “Tom Tom” vient délivrer un des riffs les plus authentiques des sixties. Une fois encore, le son des Creation laisse place à une guitare super bluesy. On est loin du son épuré des Beatles ou de la maitrise Pop des Kinks. Les Creation se rapprochaient ici des premières démos des Who. Et puis, “Try And Stop Me” enchaine immédiatement après. Autre merveille de cet opus, on se trouve cette fois-ci en face d’un emblème de la British Invasion.
“If I Stay Too Long” a tout du grand classique sixties (façon Hendrix, très précisément). Ne cherchez pas plus loin, ce titre n’est pas une reprise mais bel et bien la composition originale du groupe, celle qui n’est pas (à ce jour) reconnue comme le classique qu’elle devrait être. “Biff, Bang, Pow” nous rappelle ce qu’est le chill sixties. Les réalisateurs de The Graduate ont raté l’occasion parfaite de l’intégrer à la bande son. “Painter Man” c’est le titre le plus connu des Creation. Il faut dire que ce morceau a tout du parfait Creation : un son de guitare super saturé qui rappelle la puissance rock’n’roll de cette décennie, la dose d’humeur nécessaire à l’acquiescement des masses et une identité artistique qui lui est propre. “How Does It Feel To Feel” va encore plus loin dans la délivrance d’une guitare nerveuse et inspirée.
Pas d’affolement, mais on se trouve ensuite confronté à l’une des toutes meilleures pièces instrumentales des années 1960 : “Sylvette“. Un grand, grand morceau. Psychédélisme, raw power à la Stooges et puissance rock’n’roll à la Buddy Holly, voilà le programme. Et puis, on se rapproche lentement de la fin de l’album avec “For All That I Am“. Il faut dire que les derniers titres sont un peu plus poussifs. Heureusement, les Creation viennent nous surprendre avec un peu de jazz sur “I’m Leaving“, un titre issu de l’époque The Mark Four. “Work All Day (Sleep All Night)” et “Going Down Fast” sont les deux petits derniers, du blues Rock pre-Pop Rock, classique.
Vous l’aurez compris, We Are Paintermen ne souffre d’aucun ralentissement. Alors, j’écoute les Creation lorsque j’en envie d’un sixties qui ne soit pas trop self-conscious. J’écoute les Creation lorsque l’envie d’un son raw dépasse celle des Who. J’écoute les Creation lorsque je veux me rappeler que l’histoire oublie parfois d’immenses formations, qui, peut-être parce qu’elles n’ont pas eu l’identité visuelle qu’il fallait, ne sont connues que de quelques cercles fermés.
L’influence des Creation est peu (re)connue. Pourtant, Ronnie Wood ira rejoindre le Jeff Beck Group et les The Rolling Stones. Eddie Phillips montrera à Jimmy Page comment se servir d’un archet sur une guitare. Pete Townshend deviendra le deuxième guitariste des Who. Et puis, comment ne pas voir une influence directe des Creation sur la scène actuelle. Je n’en citerais que trois : The Resonars, The Garden, The Go, autant de groupes qui portent à ce jour le flambeau Creation. Et je parie qu’ils seront encore plus nombreux dans 10 ans.
(mp3) The Creation – Making Time (1967)
(mp3) The Creation – Try And Stop Me (1967)
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