The Soft Boys était un groupe originaire de Cambridge formé en 1976 et mené par Robyn Hitchcock. Il fera paraître deux albums studios, A Can of Bees (1979) et Underwater Moonlight (1980) avant de se séparer dû à un manque de succès. Pourtant, le groupe s’était rapidement produit en première partie d’Elvis Costello et des Damned (article). Composé dès 1977, A Can of Bees ne verra le jour que deux années plus tard, à cause de plusieurs désaccords artistiques avec son label de l’époque. The Soft Boys parvient ainsi à encapsuler une partie de ce qu’était le punk anglais, sans pour autant tomber dans la caricature des Sex Pistols. Le deuxième album est plus pop, jouant même sur le terrain de la Power Pop que Still in Rock chérit tant. Pourtant, c’est bel et bien le premier opus du groupe qui retiendra notre attention, car plus franc, plus percutant, et plus novateur.
Sur une tendance Proto Punk, A Can of Bees est un album qui sert en réalité de support à de nombreux styles de musiques. Les titres sont non seulement très différents les uns des autres, mais chacun d’entre eux laisse également place à diverses influences, ce qui a pour effet incontestable de créer des morceaux à la fois inattendus et, à bien des égards, avant-gardistes.
The Soft Boys, c’est un des exemples de ce qu’un groupe inconnu durant son existence peut devenir culte. Certes, les premiers pressages des vinyles du groupe s’arrachent dans les cercles fermés, mais comment ne pas voir, à l’écoute des deux Soft Boys, que la scène des années 2000 a tout emprunté à ce que Robyn Hitchcock avait réussi à déterrer. Au final, The Soft Boys s’impose comme l’un des premiers groupes qui vient en tête lorsque le mot underrated est prononcé.
Ecoutez les 10 premières secondes du premier titre de “Give It to the Soft Boys” et passez votre chemin si l’envie d’en savoir plus sur ce groupe depuis devenu mythique ne vous prend pas. “The Pigworker“, le deuxième, est plus métallique encore. Ce titre se rapproche clairement de l’univers de Television, et le compliment doit être pris à sa juste mesure. Pour rajouter encore plus de confusion sur la provenance du groupe, les Soft Boys introduisent ensuite “Human Music“. Au final, il s’agit d’un des titres les plus mélodiques de tous. Et puis, le groupe poursuit sa course infernale sur “Leppo and the Jooves“. C’est le son de guitare ultra balancé de Gang of Four! (article) qui revient une fois encore. Nul doute que The Soft Boys était également un groupe de son époque, ce qui transparaît sur le son punk de “Leppo and the Jooves“. La puissance Punk de ce genre de morceau agrandit encore sur le mystère sur l’échec des Soft Boys auprès du public. Surement fallait-il alors produire un son moins fourni et plus ravageur.
Et puis, parfois, les Soft Boys vont dans un son quasi-expérimental qui inspirera sans doute Sonic Youth. C’est le cas sur “Do the Chisel“, un morceau qui fait place à une musique industrielle qui reflètent son époque en engagent déjà la voie vers le Post Punk. “Sandra’s Having Her Brain Out“, qui suit immédiatement, est resté l’un des morceaux les plus connus des Soft Boys. Cette fois-ci, les Soft Boys introduisent toute l’ironie que le punk de l’époque demandait. Sans oublier d’y ajouter une touche à la Feelies, ce titre est un essentiel. Enfin, “Cold Turkey” vient boucler la dance. Sou couvert d’une nouvelle partition très enjouée, The Soft Boys délivre ses paroles les plus graves, I wish I was a junkie, I wish I was dead. Alors qu’il nous rappelle The Only Ones, Robyn Hitchcock fait briller un dernier solo avant de s’emporter sur le final.
Et puis, c’est avec joie que l’on trouve de nombreux titres live sur la réédition Yep Roc de 2010. “Skool Dinner Blues” introduit la dance. Le titre laisse place à un nouveau solo, une phisolophie pourtant opposée avec celle du Punk. L’espace de quelques secondes, The Soft Boys se lance même dans un Blues Rock fifties. C’est peut être le meilleur titre du groupe. On se rend alors compte que cette deuxième moitié de l’opus est au moins aussi bonne que la première, preuve s’il en est que les Soft Boys n’étaient pas de ceux à jouer les ras de studio. “Wading Through a Ventilator“, lui aussi live, est l’un des plus incisifs de tout l’opus. Il tire rapidement sur une sorte de punk dansant, celui qui inspirera la scène du début des années 2000. “Fatman’s Son“, titre studio, un l’un de ces morceaux ‘tout pour la guitare’.
Les Soft Boys sont remarquables en ce qu’ils ont toujours tourné autour du Punk, sans réellement l’embrasser en plein, et qu’ils sont tout de même parvenu à en influencer son dénouement. Les premiers opus du groupe, dans un genre différent, participe de cette mouvance. Invisible Hits, album non-officiel qui verra le jour en 1983 dans le but de rassembler plusieurs titres inédits du groupe, ne doit pas être négligé. Lui aussi contient ses hits qui seront restés inaperçus. Lui aussi prolonge notre admiration pour les Soft Boys.
Si je devais regrouper les artistes présentés dans la rubrique anachronique, je dirai qu’il y a les stars incontestables (voir la semaine dernière), les inconnus du groupe public et qui n’ont pas véritablement influencé la scène, et puis, ceux dont le travail à éclabousser d’autres créateurs, à l’image des Soft Boys. Aujourd’hui, les groupes qui découvrent l’existence de The Soft Boys viennent vers moi en me demandant si j’en connais également l’existence, ébloui par tant de maîtrise. C’est encore ce qui m’est arrivé samedi soir dernier. Je me suis dit qu’il était temps de consacrer quelques lignes “anachroniques” a ce groupe qui fait la parfaite synthèse entre Television et Gang of Four.
(mp3) The Soft Boys – Give It to the Soft Boys (1979)
(mp3) The Soft Boys – The Pigworker (1979)
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