Jackson Scott. On se souvient que Jackson Scott avait fait paraître un premier album en 2013 qui lui avait valu la 10ème place dans le classement 2013 de Still in Rock. On se souvient également d’un interview tout aussi énigmatique que sa musique (lien). Jackson vient finalement de faire paraître son nouvel album, Sunshine Redux. Dans les bacs depuis le 28 avril dernier via Bloodmoss Records, ce dernier contient 10 morceaux à marquer dans les tablettes de 2015. Notons qu’il succède à l’EP que Jackson Scott a fait paraître en janvier dernier avec sa nouvelle formation, Calypso.
Sunshine Redux, le nouvel opus de Jackson Scott, fera partie de ceux dont on reparlera en fin d’année. Dès “Broken Record Repeat“, on retrouve le même son de guitare acoustique que sur l’album Sleeper de Ty Segall. Seulement, Jackson Scott ne s’est jamais caché de l’influence de Deerhunter sur son travail. Celle-ci ne fait aucun doute à l’écoute de ce premier morceau qui est, disons-le franchement génial ! “Ripe for Love“, le second, fait penser aux créations de l’autre groupe de Bradford Cox, j’ai nommé Atlas Sound. Noisy à souhait, ce morceau est fidèle à ce que la musique de Jackson Scott a toujours su délivrer : un état post-quelquechosedegrisant, en plein dans notre subconscient. Coupé en deux parties égales, on se plonge rapidement dans une musique impatiente et hyper-active. La rupture avec l’introduction est flagrante et les derniers instants viennent nous rappeler que Jackson Scott sait parfaitement jouer la variation.
Comme pour rajouter au psychédélisme ambiant, “Steal Me” joue le rôle de l’interlude énigmatique, et ça fonctionne. “Pacify” et “Save The World“, titres instrumentaux plus Dinosaur Jr. que les autres, perpétuent cette même ambiance. Mais c’est dans “Merry Nightmare” que l’on trouve le plus de plaisir. Ce genre de titres constitue l’essence même de la musique de Jackson Scott. Lui seul s’y essaie et il le fait à la perfection. Le cauchemar est bel et bien hanté, Jackson Scott fait de nos peurs un moment merveilleux. Je suis également frappé par la qualité de la production de chacun de ces morceaux. Jackson Scott a pris du temps pour faire paraître cet album, on en connait désormais la raison. “Merry Nightmare” nous fait sortir du ventre mou.
On retrouve le génie créatif de Jackson Scott sur “Dissonance“. A l’évidence, l’esprit de Bradford Cox (façon “Nothing Ever Happened To Me“) plane une fois encore sur ce morceau. Jackson est incontestablement le premier prétendant au titre de Prince de la pop spectrale et d’autres délices tout aussi psychédéliques qu’expérimentaux. “Dissonance” nous surprend de nombreuses fois, ses phases alternent à la vitesse grand V et on jouit pleinement de son final en rappel.
Je parlais de surprises, mais que dire de “Ripe for Love II” ?! Le titre donne dans un style absolument indescriptible. C’est tout à la fois reposant et inquiétant. Cette nouvelle création magistrale vient conclure un album qui nous en met plein les yeux. Constant dans l’inconstance, fidèle à sa volonté de jamais nous laisser de marbre, Jackson Scott, avec “Ripe for Love II” et les autres, prouve qu’il est encore possible de créer une musique qui s’écarte des sentiers battus. L’uniformité n’a rien de bon et Jackson Scott cultive sa différence pour le meilleur. Son troisième album se détachera-t-il définitivement de l’ombre de Bradford Cox pour créer le chef-d’oeuvre d’une année ?! Réponses en 2017.
Je profite de cet article pour signaler la review qu’a publié Pitchwork. Il se trouve, pour des raisons tout à fait hasardeuses, qu’un clic m’a amené sur cette “critique”. Quelle honte ! P4K vient de prouver une nouvelle fois qu’il est un média à bannir. Alors qu’il avait encensé Jackson Scott après la parution d’un seul single (sérieusement, un seul premier single ?!), parce que c’était nouveau et qu’il était le premier sur le coup, il est aujourd’hui incompréhensible que P4K n’adhère pas à cet album qui reprend les codes de Jackson Scott et les étoffe largement. Ne pas adhérer à la musique de Jackson Scott est une chose, mais lorsque ses premiers titres sont applaudis, comment comprendre que ceux-là ne soient pas à leur tour ovationnés ? La raison est simple. Ce site Internet a probablement considéré que la hype est passée, alors, forcément, il fallait descendre l’album en flèche…
Pourtant, Sunshine Redux ne souffre d’aucun défaut, si ce n’est peut-être d’avoir quelques morceaux trop uniformes au centre de la maquette (ce qui, malgré tout, participe de créer une ambiance qui accompagne les derniers morceaux). Il n’en demeure pas moins que la pop spectrale de Jackson Scott est un sommet de ce que le genre peut produire. Souvent plus noisy que Melbourne, Sunshine Redux parvient à faire de Jackson Scott l’un des nouveaux piliers de la scène. Et ce n’est pas rien. Combien d’artistes nous gratifient d’un très bon premier LP avant de sombrer dans la béatitude ?! De plus, on le sait, Jackson Scott a été longuement encensé, il y avait donc de quoi prendre la grosse tête. Fidèle à ce qu’il sait faire de mieux, Jackson Scott vient de prouver qu’il sait comment gérer sa nouvelle popularité. Déjà, Calypso n’avait laissé que peu de doutes quant à sa capacité à nous transcender à nouveau, mais c’est désormais chose faite sous son propre nom. Dans un monde de la musique qui met le zapping sur un pied d’estale, Jackson Scott impose de prendre le temps de la création et le temps de l’écoute. Sunshine Redux est l’un des tout meilleurs opus de l’année, une claque tout droit venue de la Caroline du Nord qui vient de trouver son nouveau gourou.
(mp3) Jackson Scott – Broken Record Repeat
(mp3) Jackson Scott – Dissonance
Liens afférents :
Article sur l’EP de Calypso
L’interview Still in Rock de Jackson Scott
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