Magic & Naked est une toute jeune formation helvétique qui fera paraître son premier album le 11 décembre prochain via Cashbah Records, un très bon label originaire de Valance qui se démarque notamment par son blog mais également par sa belle émission radio, j’ai nommé Rock à la Casbah.
Le groupe vient à nous avec une musique pre-psychédélique d’une poésie peu égalée en cette année 2015. Composé de 10 morceaux, Magic & Naked nous présente une pop spectrale dont la froideur est compensée par la chaleur des guitares qui viennent de succéder au fil des minutes. Le contraste est saisissant et permet en cela à Magic & Naked de marquer les esprits avec une musique immédiatement identifiable, fait suffisamment rare pour être noté.
“(If you wish you can) Reach Me“, le premier titre de l’album, est le plus évident de tous. Magic & Naked y est déjà captivant, à la frontière artistique entre Alex Calder et Real Estate. La vidéo qui l’accompagne mérite également le détour (lien). C’est doux et rêveur, mais attention, les M&N (sans ‘s) on en bien plus sous le pied. “Emmene Moi (aux pyramides)“ se montre immédiatement plus tranchant. Les Magic & Naked entrent dans la musique psychédélique de la grande époque hippie. La production demeure largement entubée ce qui a pour effet de créer une belle tension dramatique. Le final mérite les honneurs Twink-ien, et comme j’ai pu le dire ailleurs, cette musique largement romantique est un must have parce qu’elle est la preuve qu’il est encore possible d’être déshabillé tout en étant doux amant.
On poursuit la danse avec “Anna“. Après qu’Howlin Banana ait mis ce prénom à l’honneur, Magic & Naked perpétue sa lancée spleenétique. La guitare est pleine de réverb’ et, marque du groupe, trouve une nouvelle résonnance sur les dernières secondes. Et puis, parce que son univers est déjà très bien ancré, on attendait un titre instrumental qui arrive sur “ManySeagulls“. Plus western que les autres, il nous conduit vers un nouveau morceau de pop spectrale, “Will The Air Be Clean“. Magic & Naked y est bon, mais le groupe peut plus ! Le très indie pop “The Ship” marque un temps d’arrêt à la façon des ? and the Mysterians avant que la romance que “Meet Me On the Beach” nous vienne ne ressaisir à la gorge. Et si les amours d’été se faisaient également sur les bords du lac Léman par un temps de décembre ?!
“Ghosts” est à mon sens le deuxième meilleur titre de cet LP. Sa mélodie est imparable, mais ce n’est pas tout. Magic & Naked fait preuve d’une parfaite maitrise de ses instruments ce qu’il ne met pourtant pas au service d’un trop-plein instrumental trop démonstratif. Je l’ai déjà dit, beaucoup trop de jeunes groupes veulent montrer toute l’étendue de leur talent dès le premier album. C’est une erreur Magic & Naked s’épargne de commettre. Le potentiel de ce groupe se dévoile pleinement sur “Ghosts“, et il en reste là, chapeau bas.
On se rapproche finalement des derniers instants avec “Picture Of An Imaginary Desert“. Sous ses airs de titre épique, Magic & Naked se lance dans un titre seventies façon post-Black Sabbath, loud et merveilleux. Et puis, “Anywhere” vient sonner le glas. Et pour qui sonne-t-il ? Probablement pour les amoureux d’une pop enchanteresse qui n’en finit pas de se révéler.
Au final, ce premier LP de Magic & Naked est remarquable à bien des niveaux. Beaucoup des albums de pop psychédélique de ces derniers mois ont péché d’être trop proprets. Cette uniformisation de la scène tend à ce que les LPs se succèdent et se ressemblent. Avec M&N, ce genre musical trouve une résonnance nouvelle qui, couplée avec une pop spectrale aussi froide et chimérique qu’une peinture d’Alfred Sisley, fait de ces quelques titres un moment lyrique qui n’est pas sans rappeler certains Syd Barrett.
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