Tout dimanche pluvieux impose un petit passage au cinéma, et cette fois-ci, c’est le nouveau Linklater (Everybody Wants Some!!) qui m’a fait trépider sur mon siège. Ce revival d’Animal House dans les années ’80 est l’occasion de se rappeler que cette époque, pleine d’extravagance, était aussi l’occasion d’un rock’n’roll acéré.
Le jour où Still in Rock se transformera en site de critique cinéma n’est pas encore venu. Si je vous parle de ce film, c’est pour mieux introduire ce que représente The Lambrettas (qui n’apparaît pas plus dans la bande-son, loin de moi cette facilité).
The Lambrettas était un groupe originaire de Brighton qui aura fait paraître deux albums, dont Beat Boys In The Jet Age en 1980 via The Rocket Record Company (le label de Sir Elton John, oh yeah). La particularité des Lambrettas, c’est qu’ils avaient pour eux la power pop de la fin des années 1970, l’esprit mod des années ’60 et un brin de new wave façon début des années ’80. En somme, les Lambrettas synthétisent trois des grands mouvements pop de l’histoire et il parvient à en faire quelque chose d’étincelant.
Le premier morceau, “Da-a-a-ance“, ne laisse planer aucun doute sur la volonté power pop du groupe. Et puis, il y a cet esprit high school que l’on retrouve dans les paroles, une histoire à l’eau de rose comme il ne s’en fait que dans les films américains. “Cortina MK II” enchaine dans la même veine, sorte de Milk’n’Cookies avec quelques années de retard. Le son y est encore plus jangle pop, la promesse d’un album coloré. “London Calling” complète le trio introductif très seventies. Point de ressemblance avec les Clash, cet appel de Londres est plus sur le versant poétique que rebelle.
On se rend malheureusement compte que tous les titres ne seront pas du même niveau avec “Poison Ivy“. Les Lambrettas y sont trop “cirque”, un petit côté fête du village qui ne passe pas. Et puisqu’on y est, “Watch Out I’m Back” souffre du même défaut. Heureusement, “Leap Before You Look“, un titre plus rythmé, du titre eighties pour faire danser, arrive rapidement pour redonner à Beat Boys In The Jet Age le beat que son appellation promet.
Et puis, nous parlions de new wave en introduction de cet article, la voilà avec “Beat Boys In The Jet Age“, le titre éponyme comme un signe de la volonté des Lambrettas de s’ancrer dans son époque. Le titre respire le post-Cure, sorte de pop fluorescente pour les dancerfloors. “Page Three“, également nommé “Another Day, Another Girl“, n’est pas une véritable réponse au “Another Girl Another Planet” des Only Ones. Celui-ci est plus jangly, plus fidèle à la scène de Blondie.
“Living For Today“, c’est l’un sinon le meilleur titre jamais composé par les Lambrettas. Du côté power pop – à nouveau -, il joue en plein la carte Elvis Costello. Les Lambrettas, 10 ans plus tôt, auraient probablement penché pour une carrière plus power pop encore, finalement assez proche de celle des Jam. Toujours est-il que ce titre est un petit chef-d’oeuvre du genre.
“Don’t Push Me” sent en plein le titre b-side, un autre chanteur et une autre instru’. Passons. “Runaround” se la joue The Jags, façon “Back Of My Hand“. “Face To Face“, enfin, est un retour sur le thème de l’album, les rencontres adolescentes et les remises en question. Le titre est clairement mod’, une réussite qui rappelle aussi le style des Undertones.
Au final, les Lambrettas délivre un album solide qui demeure un (quasi) inconnu de l’histoire pour des raisons qu’il est difficile de saisir. Il a pourtant intégré le top 15 des charts UK par deux reprises, mais cela ne semble pas avoir suffi à faire de lui un groupe légendaire. Peut-être que le côté revival mod aura eu raison de sa popularité à une époque où le terme “revival” n’était pas gage de cool. Peut-être que leur single, “Poisson Ivy“, était trop mal choisi. Cette reprise de Leiber and Stoller n’est pas fidèle à ce que contient l’album, une erreur qu’ils auront payée cher. Pourtant, les Lambrettas avaient pour eux de la power pop à faire rougir les grands noms des années ’70. Cela n’aura pas suffi.
La deuxième moitié de l’album délaisse un peu le thème high school qui anime parfaitement la première. On s’éloigne en cela de l’univers d’Everybody Wants Some!!, à notre grand dam. Les Lambrettas sont plus inconstants, mais nous font ainsi le plaisir de “Living For Today“. Réjouissons-nous que ces quelques hits semblent donner une seconde vie à cet album qui vient d’être réédité par Salvo Records. Le groupe est de retour sur les routes d’Angleterre, l’heure de la reconnaissance a-t-elle enfin sonné ?
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