Faire un album de covers, c’est une vachement bonne idée (…) ! Le faire sur l’album le plus cité sur Still in Rock dans le Top 20 des meilleurs albums de l’histoire (ici), c’est une idée encore meilleure. Et cette idée-là, on la doit au Levitation Festival, anciennement Austin Psych Festival. Devenue une véritable référence en matière de musique psychédélique en l’espace de quelques années, ce festival a pour lui de faire venir des noms de légende tout en laissant la place aux p’tits jeunes qui montent.
On le sait tous, Pet Sounds est un chef-d’œuvre qui fait l’unanimité chez tous les mélomanes un tant soit peu intéressés dans les mélodies, le travail studio ou le génie d’un homme seul et contre tous. Pet Sounds, c’est un peu le combat d’un esprit contre le système, c’est cliché, mais c’est terriblement vrai (voir Love & Mercy).
Alors, pour fêter la venue de Brian Wilson au festival, la Reverberation Appreciation Society a demandé à quelque-un des plus grands noms de la scène de s’y coller : Shannon and the Clams, Morgan Delt, Christian Bland, Holy Waves, Cosmonauts, Black Angels, Night Beats, Cool Ghouls et j’en passe, autant de groupes préalablement chroniqués sur Still in Rock. Mais n’allons pas trop vite, tout ça mérite plus de détails.
Il revient aux Black Angels, chouchous des organisateurs, d’ouvrir la marche. Bon… OK. C’est propre et bien produit, du Black Angels en puissance. La suite, c’est Indian Jewerly qui tente une version actualisée, ça passe un temps et fini par lasser. The She’s se la joue groupe de Noël, on aime (un peu). Autant le dire, le trio introductif est probablement le moins intéressant de l’album. La première bonne nouvelle vient d’Holy Wave qui reprend l’un des chefs-d’œuvres absolus de cet LP, j’ai nommé “That’s Not Me“. Le groupe est probablement de l’un de ceux qui sont le plus influencés par les Beach Boys de toute cette compilation, et l’on retrouve assez logiquement un univers assez fidèle au morceau original.
Morgan Delt s’est collé à “Don’t Talk (Put Your Head On My Shoulder)“. Ce morceau est l’un des plus réussis de tout l’album. Morgan Delt se pare d’une voix dont on ne connaissait pas la douceur, proche du filtre romantique de Nick Drake. On retrouve une cette même obsession pour la partie vocale qu’avaient les Beach Boys. Morgan Delt est le seul à la jouer sur ce registre, c’est courageux (certains diraient couillu) et bold (au sens de téméraire, pas de chauve). Vient alors Night Beats qui, à l’image de son dernier album, est trop dans les clous et ne parvient à se lâcher que sur le final. Chris Catalena s’en sort bien mieux, parce que reprendre “God Only Knows” n’est pas forcément un cadeau.
Christian Bland sort une version super shoegazy de “I Know There’s An Answer“. La même remarque s’applique que pour Holy Waves. Le groupe est peut-être trop influencé par les Beach Boys pour apporter quelque chose de fondamentalement nouveau. Il gère parfaitement sa reprise, mais on aurait peut être aimé un peu moins de contrôle. Cool Ghouls, que l’on n’a pas entendu depuis un moment, s’en donne à cœur joie sur “Here Today“. On se rappelle que l’on avait fondé quelques espoirs dans ce groupe, en espérant l’entendre bientôt.
Forcément, lorsque l’on découvre la tracklist de cet LP, on a envie de se ruer vers “I Just Wasn’t Made For These Times“, le titre de Shannon and the Clams. Aucune surprise ici, ce titre est une merveille absolue, de loin le meilleur morceau de cet album. Le final en canon est à inscrire dans les plus beaux moments musicaux de l’année. Difficile de passer après ça et on enchaîne avec “Pet Sounds” de Burn Ones. Le groupe s’en tire haut la main. Reprenant ses aspects analogico-électronique, force est de reconnaitre que le groupe est celui qui innove le plus de tous.
Les Cosmonauts, autre grand nom de cette compilation, se collent à “Caroline, No“. C’est lancinant et romantique. La seconde moitié est super saturée, cette fois-ci c’est sur, Brian Wilson a véritablement pété une durite. Ufo Club est en charge de clore la marche. “Hang On To Your Ego” se la joue morceau expérimental, c’est fidèle à la volonté de Brian Wilson qui avait simplement exprimé sa volonté disruptive d’une autre façon.
Il faut relever à quel point l’exercice est difficile. Reprendre un album de ce niveau relève de l’acrobatie musicale et je tire mon chapeau à l’ensemble des groupes, c’est grand. Après le Vitamin String Quartet et l’album Do It Again: A Tribute To Pet Sounds, la Reverberation Appreciation Society tente l’expérience et parvient à faire mieux que tout le monde. Cet album fait ressortir la grandeur de l’album original, voilà finalement le plus beau compliment que l’on puisse lui faire. Il sera disponible le 29 avril dans les stands du festival et le 27 mai prochain chez tout bon disquaire. D’ici là, soignez-vous bien.
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