Kitten Forever, l’une des claques de 2016. Les Soft
Ce groupe originaire de Minneapolis, tourne sur la scène depuis 2008, date à laquelle il a fait paraître un premier EP, Born Ready. 7 Hearts, le deuxième album du groupe, est paru le 25 mars dernier, via Atlas Chair Records. Il succède à Pressure, leur premier essai paru en 2013 (ne manquez pas le titre “Rat Queen“). Et disons-le d’entrée, 7 Hearts est l’un des tous meilleurs LPs de l’année, et il en restera ainsi. Pour l’heure, seul CFM était parvenu à créer une véritable surprise, sortir de nul part pour surclasser 99% de la production musicale mondiale. Kitten Forever doit être rajouté à l’équation.
Et pour cause. Kitten Forever est l’un des symboles de ce qui se fait de mieux en matière D.I.Y. Son nom, pour commencer, a pour lui l’ironie que le revival 90′ semble porter. La musique qu’il joue, pour continuer, est à la frontière de tout ce qui se fait de mieux en matière de garage et autres sub-genres. Et puis, l’état d’esprit, un american spirit qui a décidément gagner la bataille des idées. En somme, Kitten Forever fait dans le garage punk à très forte tendance bubbelgum. Résultat ? Le son jangle-pop de la guitare vient contraster avec l’esprit Riot Grrrl du groupe façon Bikini Kill, pour le meilleur et… le meilleur.
Kitten Forever est en cela un pur produit Burger Records, un produit de son temps qui tombe à pic. C’est ce que Mike Sniper, le boss de Captured Tracks, relevait à propos de Pavement : “perfect for their time”. Kitten Forever a cette même force. Seulement, il y a fort à parier qu’Internet et les millions de médias ne lui donneront pas toute la lumière méritée.
Mais qu’importe. La reconnaissance du plus grand nombre n’est surement pas l’objectif poursuivi par Kitten Forever. Eh oui, ça existent encore. J’en veux plusieurs preuves : le groupe n’a pas Facebook, le groupe ne trust pas les labels hypes, le groupe ne court pas les interviews, le groupe n’a pas squatté les sessions et le groupe n’a pas engagé un attaché presse en costume trois-pièces. Kitten Forever ne compte que sur ses atouts : du chaton, du poil et du punk. Et au final, il produit ce que l’on a entendu de plus innovant en matière de punk garage à tendance bubblegum depuis un bon moment.
“All Day” est le premier exemple de ce que cet LP est formidableuh. Son aspect très mécanique lui donne ce petit plus proto-punk qui va accompagner tout l’album. Et déjà, “All Day” est l’un des meilleurs titres de 7 Hearts. “Afterbite” reprend pour sa part les intonations de Maggie Estep. Kitten Forever veut durcir le ton, les chatons, ça griffe aussi. Assénant son who cares, don’t be scared avec entrain, Kitten Forever se fait le porte parole d’une génération Z perdue au milieu de l’histoire musicale.
C’est ce dont nous parlions avec Mike Sniper, le boss de Captured Tracks. Internet a probablement tué les “mouvements” musicaux, à jamais. Alors, on écoute la réaction de Kitten Forever qui vient nous demander de transcender les genres, de ne plus compter sur les étiquettes pour nous guider. Punk, grunge, power-pop, who cares ?! Avec une musique à la frontière de nombreux genre, Kitten Forever donne la substance à son statement.
“Temple” a la puissance de nos amis slacker/stoner Audacity & co, mais conserve la volonté initiale du genre musical dans lequel il s’inscrit : un titre court, brutal et sans chichi, en somme, “du rock ‘n’ roll pur, nu, et sans conneries insensées” (citation des Ramones). “200X” n’est pas moins hardcore. Et cette fois-ci, une vidéo façon vieux slasher vient accompagner le tout. Camp’ Silverlake aurait mieux fait de partir à un concert de Kitten Forever plutôt que de trainer autour du feu.
“Nightmare” est plus maitrisé, au moins en théorie. Sur fond de détestation, Kitten Forever nous envoie un autre message : ne comptez sur aucun titre de 7 Hearts pour vous donner un peu de répit. “Static“, pour sa part, pourrait être la comptine moqueuse d’une cour de récréation. Et puis, vient “Heavy Dreamy“, un titre 100% punk. Y’a du Fugazi dans l’idée, ce que le groupe ne manque pas d’assimiler à la scène “Washington 90′”, façon Nation of Ulysses. Les membres du groupe ont-elles lu le manifeste Supernatural Strategies for Making a Rock’n’Roll Group ? C’est probable. “Brainstorm” perpétue le mouvement, les membres de Kitten Forever se décrivent comme étant “too old”, un vieux souvenir d’elles même.
“Souvenir” pourrait faire croire à une petite accalmie, mais notons que les grands albums de punk ne se la permettent quasi jamais. “Freak Noise” va chercher sur du Minor Threat tendance No Age. Ça va vite. “Hail Mary” (sans Holy), a pour lui de continuer à exprimer le message qui sous-tend tout le groupe ; “nothing is forever, nothing is free“. Lorsque l’on disait que Kitten Forever est générationnel. Et puis, “Trip Wire” ne réduit pas l’intensité, voilà qu’apparaissent de nouvelles ressemblances avec la musique de Meredith Graves.
On l’attendait le titre plus apaisé, le titre ala Slits. Le voilà avec “Cannon“. Ses aspects renforcés de Riot Grrrl le rapproche également de Bratmobile. Kitten Forever se questionne sur ce qu’implique le fait d’être “une bonne fille”. On est en plein dans les cannons du dernier Peach Kelli Pop. “The End” nous achève en beauté. Corrie Harrigan ne jouera pas plus le côté sensuel, mais elle ne manquera pas, une dernière fois, de venir nous tapoter les tympans avec un morceau de Punk qui fera plaisir à Carrie Brownstein.
À bien des égards, Kitten Forever s’inscrit sur la même scène que celle de Perfect Pussy et Priests. Kitten est moins noisy, mais pas moins nerveux. Ses leaders, toutes les trois très charismatiques, donnent une nouvelle vie au mouvement Riot Grrrl, cheveux aux vents et paroles féministes comme fer de lance. Kitten Forever, lui, se la joue plus pop que les deux précédents, sorte de groupe slacker féminin tendance Burger, tendance Soft Boys. C’est ce qui le différencie du reste de la scène. Et c’est que 7 Hearts fait mieux que toutes les précédentes sorties du groupe. Kitten Forever, bienvenue dans la cour des grands du monde underground.
Thanks Vince pour le tips.
(mp3) Kitten Forever – Temple
(mp3) Kitten Forever – Cannon
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