LP Review : White Lodge – White Lodge (Garage Punk)

White Lodge est un groupe originaire de Queensland (Australie) qui s’est un jour donné pour objectif de redonner vie au rock’n’roll des Cramps, comprenez là, aux sorcières, monstres défigurés et autres zombies sur planches de surf. On se souvient que le groupe avait fait paraître un EP remarqué en 2014 (voir l’article), nous laissant depuis sur notre fin faim. Bonne nouvelle, son premier album est paru le 20 avril dernier via Wiener Records (le bébé Burger). Self-titled, il comprend un total de 11 morceaux qui ont été mixés à Portland (USA), histoire de conserver un peu de cet américanisme qui réussi si bien au garage. 

L’album s’ouvre sur “Bleach Coma“, sorte de surf punk qui est emporté par une basse très minimale (bien qu’elles le soient toujours, hein). White Lodge n’est pas loin de Richard Hell, l’aspect forcé de la voix de Hudson Tesoriero y est surement pour beaucoup. “Woodchipper” se fait ensuite la malle sur un morceau plus surf-ish. Le morceau est moins convaincant, mais une seconde partie no control vient largement relever le niveau. White Lodge vient définitivement de captiver notre attention. 
BellaUnion Creep” continue dans la même veine, creep et monstres pas beaux en tous genres pour un morceau de garage pop. White Lodge n’est pas un grand dénicheur de mélodies et, une fois encore, la première partie de ce morceau en souffre. Et une fois encore, la seconde partie vient la sauver, parce que White Lodge s’autorise quelques petits jams dont il a le secret. “Desert Roses” est pour sa part plus punk, du garage punk un peu dingo qui nous conduit tout droit sur “California Sun“, une reprise du fabuleux morceau des Dictators. White Lodge y est bon. Si le morceau originel a de toute façon une puissance qu’il est impossible de nier, le groupe en fait quelque chose d’un brin différent, well played! Et puis, “Labour Of Love” conclu cette face A sur un titre plus contrôlé, ballade pour zombies.

Ancient Tides” ouvre la face B sur plus de surf, et plus de jam. Ca tombe bien, c’est précisément là où White Lodge est le meilleur. On regrettera simplement que le groupe ne s’autorise pas plus de rock’n’roll, de fuzz et de distorsion. C’est “BleedinDown The Bayou” qui nous donne tout cela, sans pour autant pousser le bouchon trop loin – et nous, on aime quand ça va trop loin. “Evil Dares“, sur un thème identique, reprend le garage punk de “Desert Roses” pour délivrer un véritable “hymne pour cimetière”. OK. Là ne se trouve pas l’avenir du groupe, à mon humble avis. 
Outcast” est pop, mais notre attention se porte déjà sur “Sister In The Dunes“. Plus long morceau de cet album, on se dit qu’il contiendra bien quelques envolées monstrueuses. Et effectivement, la moitié de troisième minute nous donne enfin ce que l’on attend durant l’écoute de cet LP : un peu de salissure. Une fois encore (voir la première fois), je m’étonne que les groupes dits de garage s’évertuent à se concentrer sur la propreté de leur son. Faites de la musique hi-fi avec des disto’ dans tous les sens plutôt que du lo-fi avec une guitare bien rangée ! Ty Segall a montré la voie, pourtant. 

Au final, cet album contient quelques bons moments qu’il serait dommage qu’un fan de rock’n’roll et autres sucreries surf ne se mette pas sous la dent. Je pense notamment au titre introductif, “Bleach Coma“, ainsi qu’à la reprise de “California Sun“, deux réussites incontestables. Seulement, White Lodge manque encore ce petit plus qui fera de lui un nom sur la scène. Peut-être que ça viendra d’une meilleure production, mais je prends le pari que ça viendra surtout d’un plus grand lâcher prise. White Lodge n’est jamais aussi bon que lorsqu’il s’autorise des jams un peu crado. Ils collent parfaitement à son univers et apportent tout le déjanté que sa musique réclame. 

Une fois encore, White Lodge aurait tout à gagner à lâcher prise plus souvent, se détacher de ce que font des groupes comme Night Beats, aka un son un peu dans un style, mais qui ne veut froisser personne. L’identité sonore de White Lodge passera par un son moins consensuel, peut-être par plus de psychobilly, peut-être par plus d’expérimentation. D’ici là, on se régale de ces quelques bouts de chair de musique que cet LP contient déjà, et à la revoyure ! 


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