Sonny And The Sunsets, c’est le projet de Sonny Smith sur lequel j’ai déjà eu l’occasion d’écrire, en 2013. A l’époque, le groupe sortait un très bon album intitulé Antenna To The Afterworld, sorte de pop spatiale qui nous avait fait tomber amoureux avec ses aspects de Ian Svenonius.
Le groupe a depuis fait paraître un album plus mitigé, Talent Night at the Ashram. Désormais bien installé chez Polyvinyl Records Company, il fait paraître son sixième album studio, j’ai nommé Moods Baby Moods. On est loin du garage rock qui fait office de Pape sur Still in Rock, mais Sunny a ses quelques arguments pop qu’il faut écouter. Qualifiant sa musique de “repurposing early ‘80s funk and new wave with rap” (enfin, c’est son label le dit…), il donne là quelques morceaux que l’on brûle d’impatience d’essayer lorsque l’on aura la responsabilité de faire danser trois personnes cet été.
L’album s’introduit sur “Death Cream part 2 “Watch Out for the Cream”“, la suite de la partie 1 parue en 2009 sur Tomorrow is Alright. L’idée est bonne, du Sunny tout craché. On passe ensuite à “Moods“, un titre plus funk-ish qui rappelle certaines intru’ du récent Boulevard de Captured Tracks. Sunny se raccroche ici à une pop très eighties, c’est mignon mais on préfère quand même quand le petit garçon trébuche sa glace à la main. Pour compléter le trio introductif, “Modern Age” vient nous rappeler que le groupe sait aussi être plus minimaliste. Il s’essaie à des sonorités orientales, c’est parfois curieux, parfois bien trouvé.
“Well But Strangely Hung Man” réinjecte un peu de féminité dans tout ça. On jurerait avoir à faire à un titre de Baxter Dury, une sorte de pop pour gentlemen anglais. A moins que ce gentleman soit un Philippe Katerine américain. Une chose est sure, Sunny ne prend pas sa musique au sérieux, et ça fait drôlement plaisir. Vient alors les “Nightmares” de Sunset, et toujours cette boite à rythmes vient ponctuer l’album de ces quelques enregistrements. A ce stade, c’est probablement ce qui manque à l’album, une section rythmique plus nerveuse, quelque chose qui cogne un peu plus, histoire de renforcer l’aspect multicolore de la pochette. “Reject of the Lowest Planet” est une sorte de proto-punk qui nous fera presque croire que Sunny écoute du punk en cachette.
“White Cops on Trial” débute la face B sur un peu plus d’inventivité encore. La voix de Sonny Smith est toujours aussi agréable, c’est la constante de tous les albums de Sunny & the Sunsets qui ont plutôt tendance à partir dans tous les sens. “Check Out” continue sur le chemin de la paresse, cette fois-ci, plus de doutes, on croirait bien entendre du Katerine.
C’est alors “Needs” qui nous redonne un peu de guitare, mais “My Little Death” vient à nouveau nous cueillir avec un bon gros synthé. Ne cherchez pas trop longtemps un sens à “Dead Meat on the Beach“, il se pourrait bien que Sonny ne parle que d’une mouette écrasée. “The Hospital Grounds at Night” fait bien le travail conclusif, sorte de petite synthèse à lui seul de ce que contient cet album : des sons analogues, une guitare discrète, des textes absurdes et du fun (au sens des boums’ que l’on faisait dans les années ’90, peut-être).
Au final, Moods Baby Moods est un album fidèle à Sonny & the Sunsets en ce que, justement, il ne ressemble pas aux autres. Le groupe s’est ici tourné vers une pop très eighties qui joue un peu des codes de l’époque. C’est parfois bien vu, parfois plus attendu, mais force est de reconnaître que le groupe fait plutôt bien le travail.
Disons le franchement, cet album emprunte des chemins trop pop pour que j’y revienne avec insistance, mais il est suffisamment weirdo pour nous captiver un petit moment. Sonny & the Sunsets n’est pas l’un des gourous de la scène californiennes pour rien. Je rappelle en effet qu’il fait partie de ces quelques producteurs que l’on trouve un peu partout, en l’occurrence, avec Cool Ghouls, The Memories pour leur album Hot Afternoon et Shannon & The Clams pour son Gone By The Dawn, rien que ça. Et puis, on l’avait déjà retrouvé avec un album solo (Sees All Knows All) en début d’année, le voici cette fois-ci paré de quelques plumes et d’un chapeau de clown. C’est logiquement fort bien produit et suffisamment joueur pour mériter ses quelques goûtes de transpiration.
(mp3) Sonny And The Sunsets – Death Cream part 2 “Watch Out for the Cream”
Liens afférents :
Album review de Antenna To The Afterworld
Article sur Minimum Rock N Roll de Chain & the Gang
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