Chris Von Sneidern. Plus les semaines passent et plus la liste des légendes de la musique indépendante s’allongent sur la rubrique anachronique de Still in Rock. Il en restera toujours, mais certains ont une saveur plus particulière que les autres. Chris Von Sneidern en fait partie.
La vie tout entière de Chris Von Sneidern fut consacrée à la power pop. Né dans l’Etat de New-York, il partira rapidement sur la côte ouest où il jouera dans plusieurs groupes du genre, dont The Lost Patrol et Flying Color. Il fera ensuite route avec Paul Collins, leader des Beat à l’époque. Le décor est planté. Son premier album, Sight & Sound, paraît en 1993. S’en suivra Big White Lies en 1994, probablement son LP le plus connu. Si Chris Von Sneidern fera ensuite paraître de nombreux albums studio, l’article du jour se fixe comme objectif de n’évoquer que le meilleur de ces 2 LPs, à mon sens les deux réussis.
Sight & Sound est le premier album de Chris Von Sneidern. Son introduction est timide, mais arrive très rapidement “Open Wide“, bien évidemment le grand hit de cet album. Tout est là, de la perfection power pop comme il s’en est peu faite. “Bad Black Lonesome” est plus intimiste. On y retrouve plus facilement l’influence de Big Star, une pop loin des clichés du genre et qui recherche une véritable proximité avec l’auditeur, sans rechercher un mouvement de foule. “Bad Black Lonesome” est surtout l’occasion de noter pour la première fois à quel point la voix de Chris Von Sneidern est sensible. Voilà un autre indispensable de Sight & Sound. “Annalisa” enchaîne alors avec quelques accords très bien sentis.
“Life Start Living” est un morceau tout droit sorti de l’univers d’Elvis Costello. “Life Start Living” parle bien évidemment d’amour, celle d’un homme seul avec sa guitare. C’est l’esprit qui ressort largement de l’écoute de ce premier LP, un tête à tête avec l’artiste qui ne saurait nous laisser de marbre. “On The Run” est un peu la contradiction avec un morceau plus produit (à noter, Chris Von Sneidern était lui-même en charge de sa production). Allez voir du côté plus brumeux de “I Think I’ll Be Going” pour finir sur “Never Again, My Love“. Tout est là pour vous tirer une larme. Le reste de l’album est parfois bon, parfois plus banal, mais il n’en demeure pas moins un album de power pop à inscrire parmi les meilleurs de la décennie.
(mp3) Chris Von Sneidern – Open Wide (1993)
(mp3) Chris Von Sneidern – Life Start Living (1993)
Les différences entre Big White Lies et le premier album de Chris Von Sneidern ne sont pas des plus flagrantes. Les premiers titres de l’album n’assument que peu le côté power pop, mais on retombe rapidement sur nos pieds. Le titre éponyme de cet album est la véritable raison d’être de cet LP. Plus fort encore que “Open Wide“, ce morceau est un monument du genre. Les paroles restent longtemps en tête, entre poésie et – une fois encore – déclaration comme plus personne n’en fait. Tout amateur de pop devrait un jour écouter ce morceau.
“Dream Away” s’en sort plutôt bien. Big White Lies est un brin plus produit que son premier album, de quoi apporter de l’eau au moulin power pop (un genre qui se ne passait pas d’un long travail studio). “Doctor” enchaine sur un esprit Beatles et puis, donnez également une chance à “Summertime Sun“. “Everything I Own” conclut avec les honneurs.
Finalement, Big White Lies est moins consistant que le Sight & Sound, mais son hit est un tel monument qu’on ne saurait faire sans. Chris Von Sneidern s’était également servi de cet album pour démontrer un peu plus de l’étendue de son talent de songwriting. Les morceaux sont, il est vrai, un brin plus diversifiés, mais l’album est finalement plus versatile.
(mp3) Chris Von Sneidern – Big White Lies (1994)
(mp3) Chris Von Sneidern – Everything I Own (1994)
Un documentaire paru en 2009 est intitulé Why Isn’t Chris Von Sneidern Famous?. Outre les raisons exposées dans le documentaire, j’y vois plusieurs explications. La première, Chris Von Sneidern a débarqué avec une musique power pop à une époque où le style n’est clairement pas à la mode. Souvenons-nous de ce que Paul Collins nous confiait, décrivant les 90′ comme la pire période musicale de sa vie parce qu’il était impossible pour un artiste du genre de se faire entendre.
La deuxième raison tient à son inconsistance. La troisième et dernière tient à sa ressemblance avec certains grands noms de l’histoire de la musique, dont Alex Chilton, Chris Bell, Elvis Costello, Nick Lowe et quelques autres… ça n’aide pas à se faire (re)connaître. Oui, mais seulement voilà, cela n’explique pas tout. Les quelques hits de ces deux premiers albums auraient dû suffire à le faire entrer au panthéon du genre. Peut-être y-est-il, après tout.
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