Deaf Chonky est un groupe israélien qui fait dans le Riot grrrl, voilà qui devrait être intéressant. Il avait fait paraître un premier EP en décembre dernier et il revient avec un premier album qui devrait faire parler son petit monde. Deux raisons à cela : cet LP cache un hit et il est globalement très bon.
“Wild” annonce la couleur : ça crie et ça appelle à l’aide. “Shirley“, le premier single de cet album, prend le relais sans plus tarder. L’instru’ tourne rapidement en quelque chose de noisy sur lequel Deaf Chonky rajoute une voix pleine de confiance. Le titre est accompagné d’une vidéo qui vaut le détour (ci-bas), Deaf Chonky fait déjà preuve de trop de maitrise pour que l’on ne s’y arrête pas. Et déjà sa patte est mise en avant : couper les morceaux en deux pour mieux gérer les émotions de son auditeur. Le final est digne de ces films d’horreur où une petite fillette vient décapiter le curé (ouais, mélange des religions oblige).
“Folk(a) Party(a)” enchaîne et notons ici que le groupe se définit comme étant du garage folk. Je ne sais pas à quoi pourrait trop ressembler du garage folk, si ce n’est à l’album Sleeper de Ty Segall, toujours est-il qu’on est loin du compte. Qu’importe, Chef Chonky sont les reines israéliennes du Riot à très forte tendance punk/war-punk, ce que ce morceau affirme à grands coups de riff. Vient ensuite “Kontrol” qui fait preuve d’autant de maturité musicale que les précédents. Les Chef Chonky ne sont pas là pour rire, peut-être pourrait-on même décrire cette musique d’anti-slacker. Et bien entendu, les noms du passé ressurgissent, des Bratmobile en passant par Heavens To Betsy et Jack Off Jill.
En réalité, tout change avec “Bad Things Could Happen“. Le groupe, fort sympathique jusqu’alors, prend ici une autre tournure, comme si son véritable visage (une sorte de masque d’anonymous) se tournait enfin vers nous, un sourire assassin au coin des lèvres. “Bad Things Could Happen” est un morceau de rock’n’roll comme on en trouve peu, le genre de hit capable de séduire 100% de ses auditeurs. Il y a du Meredith Graves (groupe Perfect Pussy) dans le phrasé et Deaf Chonky en rajoute une couche avec un combo guitare / batterie parfaitement pensé. Yes, il joue avec nos nerfs, alternant entre noisy/grungy/garage-ish et comptine pour hôpital psychiatrique.
Le relais est difficile à prendre, mais “Social Security” s’en sort plutôt bien. Le groupe semble ne pas trop aimer la sécu, après tout, chacun est libre de se révolter sur les thèmes de son choix. Toujours est-il que les Deaf Chonky n’avaient pas encore été si pop, et ça leur va plutôt bien aussi. “Brush Your Teeth” vient alors dénoncer le dictat imposé par tous les parents du monde et j’en profite pour vous signaler la présence d’un candidat à la Présidentielle Américaine : Vermin Supreme. J’en parle parce que son programme est des plus simples : offrir un poney à tous les Américains en échange de quoi un inspecteur sera envoyé par le gouvernement, chaque soir dans chaque maison du pays, pour vérifier que les citoyens se brossent bien les dents. Vous savez tout.
“08” va trop vite pour être commenté et “Dolijute” se la joue chorale chrétienne (on mélange encore les religions). Là n’est pas le plus intéressant. Et puis, “Gozalim” propose 4 minutes aux antipodes du reste de l’album. Il y a une guitare sèche, un harmonica et des chants israéliens. Personnellement, je ne suis pas venu pour ça.
“International Criminal” reprend le chemin d’une musique plus noir. Ce titre, le plus nerveux de tout l’album, a probablement pour ambition de traduire la bêtise le stress d’une guerre et il atteint assurément son but. “Diagnosa” vient ensuite nous porter pour mort, mais on bouge encore. La section rythmique du groupe n’a jamais autant été mise en avant, c’est encore léger de ce côté-là, mais quel potentiel. “Looks Good” est une dernière note d’espoir. Merci du compliment, nous aussi on veut bien te dire que ta musique est une sacrée claque.
Au final, Deaf Chonky joue sur de nombreux paradoxes. Il se donne des airs de Riot grrrl sans pour autant oser aborder le sujet dans des textes qui restent en surface. Il délivre ensuite une musique tantôt post-hardcore, tantôt folk-ish à la façon d’une musique traditionnelle. Il cherche clairement le hit sur une poignée de ses compo tandis qu’il se contente d’une musique de passage sur d’autres. Enfin, il délivre une musique d’ensemble à laquelle on est pas trop habitué, venant d’Israël.
Sans rentrer dans de longues considérations politiques,
peut-être le Riot grrrl fait-il encore plus sens en Israël qu’en France. Alors, pourquoi ne pas pousser le vice encore plus loin et faire de Deaf Chonky le groupe dissident et fer-de-lance de la scène rock’n’roll de son pays. Il est déjà trop engagé pour faire demain tour. Deaf Chonky pourrait bien avoir un rôle à jouer dans les prochains festivals internationaux ainsi que dans ses propres contrées…
peut-être le Riot grrrl fait-il encore plus sens en Israël qu’en France. Alors, pourquoi ne pas pousser le vice encore plus loin et faire de Deaf Chonky le groupe dissident et fer-de-lance de la scène rock’n’roll de son pays. Il est déjà trop engagé pour faire demain tour. Deaf Chonky pourrait bien avoir un rôle à jouer dans les prochains festivals internationaux ainsi que dans ses propres contrées…
(mp3) Deaf Chonky – Bad Things Could Happen
(mp3) Deaf Chonky – Social Security
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