Tom Petty est l’une des plus grandes légendes de la musique indépendante américaine. Les Heartbreakers sont l’un des meilleurs “backing band” de la scène, les deux ensemble ne pouvaient donc faire que des merveilles.Je sens déjà la difficulté à ne pas exposer tout mon amour pour Tom Petty, oh, je vais m’en vais lui écrire une lettre de demande en mariage. Plus sérieusement, et pour répondre aux critiques des journalistes qui estiment qu’un devoir de réserve doit toujours être observé de sorte à ne produire qu’une presse triste et dénuée de sentiments, Tom Petty est l’un des maîtres de la musique indépendante américaine, alors crier au génie est justifié, objectivement justifié.
Cet article fera pourtant partie de ceux qui font plus d’audience aux US qu’en France, mais qu’importe, la section anachronique de Still in Rock ne pouvait souffrir plus longtemps de ne pas compter Tom Petty dans ses rangs.
La discographie de Tom Petty est exemplaire à bien des égards. Ses albums You’re Gonna Get It!, Damn The Torpedoes, Hard Promises, Southern Accents et j’en passe sont tous très bons – sinon excellents. J’y reviendrai dans un nouvel article anachronique en 2017 ou 2018, mais l’article du jour est consacré au tout premier, Tom Petty And The Heartbreakers. Paru sur Shelter Records et ABC Records en 1976, il a souvent été relevé à quel point il ressemblait aux Byrds. Que diantre ! Cet LP n’a rien d’un album des Byrds. Cet LP est punk, il représente les débuts de la power pop à une époque où les Ramones envahissaient la scène. Cet LP est un modèle du genre, 10 morceaux underground qui intègrent leur époque plus que les sixties.
“Rockin’ Around (With You)” attaque fort, batterie à fond et basse groovy en renfort. Tom Petty veut faire du rock’n’roll avec nous, donnant à sa power pop une immédiateté fulgurante. “Breakdown” prend le relais dans un esprit plus saloon. Petty et ses heartbreakers ne tardent pas à nous démontrer toute l’étendue des possibilités qui s’offraient à eux. “Breakdown” a finalement des allures de rock de stade, un truc pre-AC/DC, mais en bien (ça existe). “Hometown Blues” accentue le mouvement vers une musique du sud avec plus dansante.
“The Wild One, Forever” s’adresse à tous ceux qui ne seraient pas encore convaincu à ce stade. Tom Petty dépeint une nouvelle ambiance, une musique de 2h00 à la sortie d’un vieux club à néon. C’est grandiloquent et éloigné de la power pop, mais c’est encore un hit. Le ménager de moins de 70 ans en prend pour son grade. Et puis, “Anything That’s Rock ‘N’ Roll” enchaine sur un son plus jangle pop, fidèle à la scène à laquelle Tom Petty se rattache majoritairement.
“Strangered In The Night” est un morceau avec quelques chorus de Dwight Twilley, rien que ça. Tom Petty continue sa route vers le dancefloor new-yorkais. Vient alors “Fooled Again (I Don’t Like It)“, c’ le morceau du lover un peu désespéré. Tous les albums de power pop en ont un, le voici pour ce Tom Petty and The Heartbreakers. Comme sur les autres morceaux de l’album, Tom Petty joue la grandiloquence d’une époque en plein boom et en sur-plein de confiance.
“Mystery Man” est un morceau de country qui annonce Southern Accents (1985). Le coup de génie de ce morceau est de s’attirer la sympathie de tous les rednecks du coin après avoir flatté les punks new-yorkais pendant près de 30 minutes. Tom Petty voyait large et ce songwriting lui a permis toutes ses ambitions. Les Flying Burrito Brothers ne sont pas loin.
Nous parlions d’épique, voici le combe du comble avec “Luna“. Les Heartbreakers semble s’inspirer de l’instru’ de Vanilla Fudge (c’est dire), un petit côté psych rock sixties que peu de groupes de la scène seventies auront repris. Vous remarquerez enfin que beaucoup des albums
de pop/power pop de cette époque débutent avec leur plus grand hit. Tom
Petty nous l’a fait à l’envers en attendant la dernière minute avant de
délivrer “American Girl“, l’un des plus grands hits de l’histoire de la musique américaine, toutes périodes confondues. On écoutera encore ce morceau dans 100 ans.
de pop/power pop de cette époque débutent avec leur plus grand hit. Tom
Petty nous l’a fait à l’envers en attendant la dernière minute avant de
délivrer “American Girl“, l’un des plus grands hits de l’histoire de la musique américaine, toutes périodes confondues. On écoutera encore ce morceau dans 100 ans.
Mike Sniper, le boss de Captured Tracs, me confiait que les Strokes ne sont pour lui qu’une rencontre avec Television et Tom Petty (lien interview). On retrouve également l’influence de Tom Petty dans de très nombreux artistes de la scène actuelle, je pense à Ex Hex, Warm Soda, Peach Kelli Pop and co… Notons enfin que Paul Collins, leader des Beats et des Nerves, me confiait récemment son admiration pour Tom Petty, peut être que tout est dit (lien interview).Vous l’aurez compris, Tom Petty est l’une des pièces centrales de la musique américaine. Renier son talent et son influence serait comme renier à la Reine d’Angleterre le ridicule de son sourire. Tom Petty, c’est pour la vie, et l’au-delà. Comprendra qui pourra la vidéo qui suit :
(mp3) Tom Petty and The Heartbreakers – American Girl (1976)
Tracklist:
1. Rockin’ Around (With You)
2. Breakdown
3. Hometown Blues
4. The Wild One, Forever
5. Anything That’s Rock ‘N’ Roll
6. Strangered In The Night
7. Fooled Again (I Don’t Like It)
8. Mystery Man
9. Luna
10. American Girl
Liens afférents :
Article sur Paul Collins (The Nerves)
Article sur les Flying Burrito Brothers
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