Phil Seymour était un chanteur originaire de Tusla qui s’est fait connaître en jouant dans le Dwight Twiley Band (article). Il fera ensuite paraître deux albums sous son propre nom, Phil Seymour et Phil Seymour 2. L’un et l’autre sont reconnus comme étant des perles rares de la power pop, et parce que vous avez bien compris que j’entends faire de Still in Rock une toute petite encyclopédie du genre, je reviendrai sur chacun d’entre eux. L’article du jour est toutefois consacré au premier album, il faut faire les choses dans l’ordre pour mieux comprendre la démarche de Phil Seymour.
Cet album paraît en 1980 sur The Boardwalk Entertainment Co qui venait tout juste d’être créé. Harry Nilsson, Curtis Mayfield, Ringo Starr et bien d’autres succéderont à Phil Seymour. Composé de 11 morceaux – sans compter les titres bonus -, il fait honneur à une power pop dans un style similaire à celui des Sweet et d’autres groupes eighties, bubblegum à fond et voix dédoublé sur plusieurs pistes. Phil Seymour est composé d’autan de hits que de morceaux, une véritable réussite dont il faut particulièrement noter l’excellente production.
“Precious To Me” est le grand single de cet album. Dans une époque cartes sur table, il n’était pas rare que les groupes dévoilent leur hit d’entrée de jeu, une démarche sincère, commercialement idiote mais qui avait l’avantage de nous saisir dans l’instant.
Je l’ai dit à de nombreuses reprises, tous les albums de power pop ont une chanson d’amour, c’est un code du genre qu’il faut féliciter et qui a été détruit par l’ironie des années ’90. Mais Phil Seymour est différent tant l’ensemble des morceaux semblent être sur le thème. “I Found A Love” et “Baby It’s You” viennent immédiatement nous plonger la tête dans une vieille romance de lycée. Son père la dépose devant l’école avec voiture décapotable et la voilà qui monte les marches du campus avec ses cahiers à la main. Voyez la scène. Et puis, je parlais de la très bonne production de cet LP, le final de “Love You So Much” ne pourrait mieux l’illustrer.
“Let Her Dance” perpétue notre voyage dans un vieux film à l’eau de rose et voilà le bal de prom’. Je crois avoir évoqué ce cérémonial tellement de fois sur Still in Rock que j’en arrive petit à petit à la conclusion que je devrais réaliser un film similaire à Carrie avec une bande son 100% power pop. Qui en est ? Toujours est-il que “Let Her Dance” est un excellent morceau, le son jangle pop fait tout le travail et Phil Seymour semble prendre un malin plaisir à crier son amour pour les soirées qui n’en finissent jamais. “Then We Go Up” clôt la première face de cet LP dans un élan plus rock’n’roll. Le son de la guitare rebondit toujours autant, mais Phil semble avoir forcé sa voix, ça le fait !
“Don’t Blow Your Life Away” introduit la seconde moitié de cet albums sur des airs assurément plus rock’n’roll. Phil a enfilé sa veste en cuir et s’apprête à trainer en ville avec son gang de mecs cool. Heureusement, “We Don’t Get Along” reprend l’avancée vers quelque chose de plus jovial. Phil y mêle esprit country et jangle pop pour le meilleur effet, ce sont les Replacements qui seraient fiers.
Stoppez tout, c’est l’heure de “Trying To Get To You“, un morceau comme il n’en a plus été produit depuis de très nombreuses années. Phil Seymour surjoue complètement le lover, c’est plutôt génial. Le faux rythme semble vouloir accompagner un slow quelque peu gênant, mais je crois qu’il faut surtout y voir une volonté de faire de Phil Seymour un album qui parle aussi aux filles. Pari réussi.
“I Really Love You” est la suite logique, une concrétisation dans laquelle Phil Seymour ose enfin se livrer. “Won’t Finish Here” nuance un peu la réussite de son entreprise, mais Phil ne lâchera rien, c’est un mec comme ça. Et pour ce qui est des titres bonus, je vous laisse découvrir ça sur la vidéo YouTube (voir plus haut).
Au final, Phil Seymour est un excellent album de Bubblegum, un de plus à traduire la romance d’un amour adolescent par un son de guitare tout aussi sautillant que les hormones d’un quarterback. Cet album est finalement assez bien varié, entre bubblegum pure, power pop, rock’n’roll, country et sons de jangle pop bien eighties. Surtout, les mélodies font tout le travail que la production vient sublimer.
Phil Seymour n’est pas le nom le plus connu de toute la scène pop actuelle – Elvis Costello et Nick Lowe passent bien avant – mais il serait faux de croire qu’il n’influence pas quelques artistes importants. Besoin d’une preuve ? Wyatt Blair cite les deux albums de Phil dans son top 20 ever, et à écouter son dernier album (article), on ne doute pas qu’un peu de Seymour y ait été intégré.
(mp3) Phil Seymour – Precious To Me (vidéo) (1980)
(mp3) Phil Seymour – Let Her Dance (vidéo) (1980)
Tracklist :
1. Precious To Me
2. I Found A Love
3. Love You So Much
4. Baby It’s You
5. Let Her Dance
6. Then We Go Up
7. Don’t Blow Your Life Away
8. We Don’t Get Along
9. Trying To Get To You
10. I Really Love You
11. Won’t Finish Here
Liens afférents :
Lien vers TOUS les articles de power pop
Liens vers TOUS les articles anachroniques
Post a comment