Ce n’est pas des Gizmos dont je veux vous parler vous introduire cet article, mais des punks, ou plus précisément, des punks européens et américains. Il ne fait aucun doute que le punk européen est plus nerveux que celui américain, souvent cheesy et joyeux. J’ai été toujours frappé par cette différence lorsqu’un groupe dévoile un nouvel album, mais il m’aura en réalité fallu attendre hier pour réaliser la traduction physique de cette différence EU / US. Regardez les 4 photographies représentées ci-dessous, il me semble y voir une tristesse dans le regard de ces quelques protagonistes, à moins que ce ne soit de l’amertume. Souvent, dans les clichés de cette époque, la jeunesse punk semble exprimer une âpreté qui fait la joie des photographes, toujours à la recherche d’expressions vives et marquées. J’ai souvent remarqué que les punks européens, surtout ceux de Londres et de Berlin, avaient cette caractéristique. L’ai-je également trouvé dans les photographies de punk US, époque Ramones et CBGB ? Assurément moins. Alors, peut être que je me trompe, peut-être est-ce une tournure que je m’imagine pour illustrer un propos qui doit en réalité entre cantonné à la musique. Mais après tout, et si les instantanées des années 70′ ont autre chose à nous dire que la façon dont les punks s’habillaient ?
(Amsterdam, Musée Stedelijk)
Place aux Gizmos, quoi qu’il en soit. Never Mind The Sex Pistols Here’s The Gizmos est le nom d’un EP des Gizmos (1978) qui agitent la différence US / EU en moquant les Sex Pistols. Ce groupe originaire de Bloomington (Indiana) – Ken Highland, Eddie Flowers, Ted Niemiec – débute en réalité en 1976 avec Muff Divin’, célèbre pour son “spread your legs and open your mouth!“. Le son est alors à la frontière entre jangle pop et mod-punk. Amerika First – oui, le slogan de Donald Trump – apparaît un an plus tard.
La discographie des Gizmos est probablement l’une des plus sous-évaluées de la scène punk, il me sera donc très difficile d’en faire le tour mais j’ose espérer que ce bref aperçu sera assez pour vous donner l’envie d’aller fouiller plus encore dans la discographie du groupe. Pourquoi cela ? Parce que les Gizmos sont tout ce que la scène slacker actuelle consacre avec brio : le fun-fun-fun. Les Ramones ont bien entendu transcendé ce genre là, ce que l’on ne dira jamais assez, mais il ne faut pas oublier les quelques-uns qui ont aussi magnifié le genre, Dictators et Gizmos inclus.
En réalité, la musique des Gizmos est un peu la traduction musicale de tout ce que représente le film Animal House. On est assurément dans un cercle de frat’ boys mais geek, on est dans la consécration du sexe high school sans pour autant tomber dans le tout bisounours, et enfin, on est dans un style qui consacre son époque – lo-fi, humour potache un peu daté, mais avec des codes éternels.
Muff Divin’
1976
“Muff Divin’ (In Wilkie South)” est le premier single de l’histoire des Gizmos, un titre jangle pop punk-ish, comme je le décrivais, qui enchantera tous les fans de Taxi Boys. “That’s Cool (I Respect You More)” est plus rock’n’roll classique, un morceau tout ce qu’il y a de plus fifties, mais en 70′. Ce n’est pas pour rien que paraîtra 1976: The Rockabilly Yobs Session quelque années plus tard. Les Gizmos s’éviscèrent avec leur bubblegum sur “Mean Screen” avant que l’EP ne se conclue sur “Chicken Queen (The [Ass] End)“. Les Gizmos font les poulets, sans grand étonnement.
Never Mind The Sex Pistols Here’s The Gizmos
1978
“Cry Real Tears” aura pu donner des idées à Mean Jeans et son “Tears In My Beer“. A l’époque, deux des membres originaux des Gizmos viennent de se tirer, exception faite de Ted Niemiec. La voix est bien moins bonne et je passe donc sur les morceaux de cet EP, si ce n’est “1978“, un single comme les Gizmos savaient en faire. Ça va vite, les Gizmos jouent encore la carte dumb punk seventies et ça fonctionne parfaitement ! La présence d’un son jangle pop n’y est pas pour rien.
World Tour
1978
World Tour est souvent cité comme étant le meilleur EP des Gizmos. Dont acte. “Gizmos World Tour“, le premier titre, est effectivement très bon, très pop, très coloré, très cheesy, très Gizmos. La production est toujours aussi lo-fi, à la bonheur ! “We’re Gonna Rumble“, logiquement, est rockabily, du pre-Cramps en puissance. “Gimme Back My Foreskin” est plus punk et “Hey Beat Mon!” vient faire du Gizmos par excellence. Ainsi se conclut les trois premiers EPs du groupe, mais n‘oubliez pas non plus les vidéos Bloomington TV de 1981, un must see absolu.
Au final, la discographie des Gizmos est un peu éparse, mais elle vaut assurément la peine de s’y plonger. Les premières sorties du groupe ont toutes un intérêt, que ce soit pour y trouver la traduction des films high school de l’époque, pour y entendre du punk à tendance power pop, ou pour les paroles tellement cheesy qu’elles feront rougir d’envie un plat de mac & cheese. Soyez bons avec vous-même, soyez Gizmos.
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