Gram Parsons est un artiste sur lequel j’ai déjà eu l’occasion d’écrire tout le bien qui mérite d’être dit. Leader des Flying Burrito Brothers, il est l’un des pères fondateurs du country rock, ami des Rolling Stones qui, je l’ai dit, ont composé “Wild Horses” en son honneur. Après l’aventure Flying Burrito, Parsons a débuté une carrière solo faite de nombreux albums qui méritent, comme ceux de Neil Young, une place sur vos étagères. GP est le premier album solo de Gram Parsons. Paru en 1973, il demeure son album le plus connu aux côtés de Grievous Angel qui paraîtra une année plus tard.
Comme c’était le cas pour beaucoup d’artistes de l’époque, la musique de Gram Parsons se caractérise par son ancrage profond sous l’Amérique des vieux films ainsi que par sa douceur à toute épreuve. Aux antipodes du punk, sa musique est une ode aux jours heureux passés sur le porche de sa maison texane.
“Still Feeling Blue” est une introduction qui est déjà en plein dans ce que contient cet LP : de la folk, de la country et du seventies un peu too much mais attachant. “We’ll Sweep Out The Ashes In The Morning” continue dans un registre similaire, nous voilà confortablement installés dans le capitole d’une petite bourgade américaine, Gram a invité ses amis pour venir chanter aux vieux jours et aux petits matins ensoleillés.
“A Song For You” augmente le niveau d’un cran. Véritable chef-d’oeuvre de cet album, on y trouve un Gram Parsons plus proche de son auditoire. La voix est probablement mieux enregistrée que sur les précédents morceaux, et puis, il y a enfin la mélancolie que nos esprits demandent depuis l’introduction. Les chansons d’amour des années ’70 avaient une simplicité que l’on a perdue au fil des ans. Gram Parsons le montre mieux que personne. Et “Streets Of Baltimore” de reprendre la petite croisière dans cette Amérique profonde. Je n’ai jamais eu la sensation que Baltimore fut une ville très country en m’y baladant des jours durant, mais enfin, si Gram le dit…
“She” est le grand temps fort de cet LP. Moins country que les autres, il se rapproche plus volontiers de l’esprit d’un titre de John Lennon. En fait, “She” me fait fondamentalement penser à “Hot Burrito #1“, le morceau qu’il avait sorti 4 ans auparavant avec les Flying Burrito. “That’s All It Took” prend le relais dans un style plus fidèle au reste de l’album. Gram Parsons a toujours voulu respecter une balance entre la musique du sud et la scène plus “avant-gardiste” californienne, ce que la présence de ce morceau confirme une fois encore.
“The New Soft Shoe” est un joli morceau de southern folk dont il est difficile de comprendre le sens. “Kiss The Children“, pour sa part, pourrait bien être le titre du genre qui est le plus réussi de tout l’album. Les amateurs de country sauront appréciés cette balade à cheval dans laquelle Gram Parsons parle de whisky et de trahisons, un vrai Far west que “Cry One More Time” perpétue. “How Much I’ve Lied” et son lap steel fait parfaitement le travail du vieux cowboy quelque peu abattu. “Big Mouth Blues“, enfin, entend faire danser toute l’assemblée.
Au final, ce premier album solo de Gram Parsons est l’occasion de se rappeler que la scène de Van Morrison & co est avant tout lié au sud du pays, à la country et aux accents de southern rock. Avec GP, Gram Parsons démontre son habilité à jongler entre différents styles, certains morceaux empruntent au blues, d’autres sont uniquement folk tandis que l’on se surprend à penser vouloir une bolo tie – vous savez, ce drôle de pendentif qui reviendra un jour à la mode !?!. Les amateurs de bourbon sauront reconnaitre dans la musique de Gram Parsons la parfaite excuse pour justifier l’achat d’une rocking-chair et développer son argumentaire sur le port d’arme. Gram dépeint ce mode de vie mieux que les autres, entre hippie californien et Texan poussiéreux.
Tracklist:
1. Still Feeling Blue
2. We’ll Sweep Out The Ashes In The Morning
3. A Song For You
4. Streets Of Baltimore
5. She
6. That’s All It Took
7. The New Soft Shoe
8. Kiss The Children
9. Cry One More Time
10. How Much I’ve Lied
11. Big Mouth Blues
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