No Aloha : la grosse vie sale

No Aloha, c’est un groupe originaire de Montréal (Québec) tout à fait enlevant – comme ils disent. On se souvient qu’il avait fait paraître un bon EP au mois d’août 2015, que Mazz l’avait chroniqué pour Still in Rock et que le groupe était resté relativement discret depuis lors.
No Aloha n’a jamais caché ses influences très diverses : My Bloody Valentine pour l’aspect 90s shoegaze, la power pop pour l’évidence des mélodies, mais aussi, le post-punk pour ce qu’il y a de plus noir et de plus mécanique. Si No Aloha n’a pas encore trouvé la recette magique lui permettant d’intégrer toutes ces envies dans un seul morceau – est-ce seulement possible ? – il délivre en revanche de très bons morceaux qui font indéniablement appellent à nos meilleurs souvenirs. Son dernier EP en date, Sway, est paru le 30 juin dernier et il ne déroge pas à la règle.

Sway” est un morceau de surf pop qui intègre quelques éléments de shoegaze. Un surfeur qui regarde ses shoes, ça se peut et ça ne semble pas l’empêcher d’aller loin sur la vague du riff. On retrouve logiquement l’influence de DIIV – voir Beach Fossils – qui a également su, par le passé, allier ces deux styles de musique dans une mouvance finalement très 90s. 
Dead Head“, c’est la raison d’être de cet article. Si le morceau est introduit comme une nouvelle pièce de surf comme il s’en fait tant, on se rend rapidement à l’évidence : No Aloha vient de dénicher sa plus belle mélodie, faisant de “Dead Head” de l’indie pop pour cocktails un peu smart. Ah, je vois déjà l’affiche, le DJ set forcé où les animateurs portent des couronnes de fleurs et prolonge “Dead Head” pendant de longues minutes histoire de séduire Sandrine qui semble décidée à ne jamais quitter la piste de danse. 
Work Shirt” est un poil plus rock’n’roll. Le son de la guitare est largement renforcé du côté fuzz de la force. Certaines phases instrumentales rappellent la scène too much des années ’70s, une agréable surprise. Pour le reste, on se dit que la production aura pu insister encore plus sur l’aspect guitare-esque de ce morceau. Mais là repose une simple question de détails…


Avec No Problemo, son premier EP, Mazz disait pour Still in Rock qu’il avait “parfois l’impression que le groupe a (trop) essayé d’honorer ses influences, perdant ainsi l’occasion de nous présenter une identité sonore véritablement unique“. Si cet accueil apparait encore en filigrane sur Sway, l’excellente mélodie de “Dead Head” l’atténue largement. 
Avec ses trois directions artistiques pour trois titres, on sent bien que No Aloha ne s’est pas encore complètement trouvé. Reste à savoir quel label il vise, quel est le public qu’il veut attirer et, surtout, quelle musique l’inspire le plus. À défaut de clarifier rapidement ces trois questions, la discographie de No Aloha deviendra rapidement illisible. En attendant, on surfe avec eux. 
Tracklist : Sway (EP, 2017)
1. Sway
2. Dead Head
3. Work Shirt
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