Boy Pablo, c’est un artiste originaire de Bergen (Norvège) qui a fait paraître son premier EP, Roy Pablo, en mai dernier. S’il est encore flou, notons que Boy Pablo n’a que 18 ans, il est donc normal qu’il se cherche encore un peu, tout le monde ne peut pas avoir l’instinct de King Krule.
En vérité, je n’aurai probablement jamais écrit sur Boy Pablo si je n’avais pas vu le clip de “everytime“. Ce qui me plait chez lui, c’est son détachement, cette apathie qui me fait dire qu’il est déjà dans la démarche d’un artiste indépendant qui se condamne à le rester. J’aime ce côté poète maudit, c’est plus fort que moi, et même si sa musique est plutôt dansante, je veux le dire maudit quand même.
Mais peut-être que vous n’êtes pas du même avis et je le comprends. Je donne une place très importante à la démarche d’un artiste, le pourquoi me questionne parfois plus que le comment. Certains ne se soucient que du résultat, ce que j’entends, et en ce sens, Boy Pablo n’est pas la révélation de l’année. C’est son côté rieur qui lui donne en consistance, et sans le prendre en considération, on se retrouve face à une pop qui n’est pas vraiment ingénieuse du tout, ce qui peut laisser sur sa faim.
“Yeah” semble hésiter entre une pop mainstream et une breeze pop un peu plus underground à la Real Estate. L’introduction est difficile, on semble avoir à faire à de l’ersatz de pop mais une guitare un brin surf vient sauver le tout. Vient alors “everytime“, la raison d’être de cet article, vous l’aurez compris. On touche là à la perfection du clip (voyez plus bas), un sérieux prétendant pour la palme de 2017. Les membres du groupe ont le soleil en pleine tête, leurs déhanchés sont absolument ringards et les paroles d’amour rajoutent le cheesy sur le nacho. Bien entendu, il serait fou de ne pas y voir l’influence de Mac DeMarco, sur le clip, les riffs un peu surf-je-m’en-tape et le petit “yeah” qui est lâché à mi-parcours.
“Dance, Baby!” renoue avec Phoenix – eww, seul le final nous fait dire OK. Le titre est justifié s’il est ironico-ironique, une sorte de foutage de gueule vis-à-vis de cette scène pop qui veut faire danser les midinettes de 14 ans. S’il ne l’est pas, je dois appuyer sur le buzzer croix-rouge (ça ne marche pas comme ça, l’émission ?).
Heureusement, Boy Pablo s’illustre à nouveau avec “imreallytiredthisdaysucks“, une bonne balade qui nous fait penser que, peut-être, Boy Pablo ne feinte pas entièrement sa nonchalance. Toujours est-il que les titres de cet EP sont très inégaux, il faudra donc veiller au grain.
“ur phone” est plus direct et l’on se souvient qu’un jour un grand auteur a dit : “il évite même avec soin tout ce qui ne serait pas pour un public français l’objet d’une perception claire et immédiate” (Baudelaire). Boy Pablo serait-il un anachronisme qui répondrait de cette description, 55 ans plus tard ? Probablement.
“Ready/Problems” est un dernier clin d’oeil, fidèle à l’absorption pop de notre Mac chéri. Boy Pablo conclut ainsi son EP sur quelques notes très bien senties qui semblent dire que les morceaux cheesy de l’album relèvent bien de la vanne. Car sans sarcasme, une fois encore, l’apport de Boy Pablo à nos journées est drôlement limité.
Au final, Roy Pablo est un EP intéressant parce qu’il joue sur différents tableaux – c’est, une fois encore, ce que l’on doit attendre d’un EP, me semble-t-il – et qu’il est fait de niveaux très différenciés. Boy Pablo a en tout cas réussi son coup, les projecteurs sont désormais tournés vers lui, au même titre de tous ceux qui semblent avoir un peu du cool du grand Mac DeMarco, le papa de cette scène. Le premier LP sera crucial et il nous dire si les mots élogieux de cet article ne l’étaient pas assez, ou si la dureté de quelques phrases devait être renforcée. D’ici là, on se questionne sur sa démarche, parce qu’elle fait varier cet EP du tout au tout. C’est le message avant la forme.
(mp3) Boy Pablo – everytime
(mp3) Boy Pablo – imreallytiredthisdaysucks
Tracklist : Roy Pablo (EP, 2017)
1. Yeah
2. everytime
3. Dance, Baby!
4. imreallytiredthisdaysucks
5. ur phone
6. Ready/Problems
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