PILE : your favourite band’s favourite band

Pile, c’est un groupe originaire de Boston. Formé au cours d’une autre décennie, il n’en est pas à son premier essai, mais son dernier album en date, A Hairshirt of Purpose, est de loin son meilleur. Paru sur Exploding In Sound Records un peu plus tôt cette année, il fait de Pile la nouvelle coqueluche de ceux qui pensent que le terme indie rock veut encore dire quelque chose.
Son blaze à lui, c’est d’être “your favourite band’s favourite band”. Du moins, c’est ce qu’on dit, d’où le titre de cet article. Et si on le dit… ça doit bien être vrai. Pile, c’est un rock élégant qui peut en effet inspirés ceux qui n’ont toujours pas décollés de leur compilation Nuggets. Il faut dire qu’il contient du rock progressif, du punk, de la pop indé et j’en passe. Tout cela fait de A Hairshirt of Purpose l’un des albums qu’il ne fallait pas manquer en 2017. Ballot pour tous ceux qui seront passés à côté. La première fois que je l’ai écouté – c’est toujours important, les premières fois – j’étais en partance pour Toulouse. Il ne m’a pas quitté depuis, et pour cause.
Worms” est une belle introduction, un brin maniérée, mais néanmoins captivante. “Hissing For Peace” sent plus volontiers le punk à chien, du style à avoir trainé dans la boue, sous la pluie. Pile cogne très fort, un véritable travail a été fait sur la section rythmique. Bien des groupes auraient à y apprendre, la plupart s’en sortent bien sur la guitare, parce qu’elle est en frontline, mais trop peu arrivent finalement à taper mémé avec brutalité.
Rope’s Length” est nébuleux. Les Bostoniens ont une relation particulière avec l’Angleterre – hello Boston Tea Party – et on semble y entendre les restes de ces vieux amours, Pile fait dans le rock anglais autant que dans le bon gros US avec ce titre androgyne. Et puis, “No Bone” pour la première fois, vient avec son égalité d’humeur nous dire que tout ira bien, malgré le punk, malgré le punk !

Milkshake” – quelle ironie d’avoir nommer un titre ainsi dans un album de ce genre – laisse place aux voix, aussi, à la fin du monde – cool cool. “Leaning On A Wheel” perpétue cette accalmie un peu minaudière.
Cet album est glacial, on l’aime pour ça, mais le contraste de cette froideur avec le sujet, “Texas“, prête parfois à confusion. Toujours est-il que Pile n’a jamais été aussi bon dans l’hommage à la scène straight edge des Fugazi & co. Et “Hairshirt” de continuer la démonstration de ce qu’une batterie bien enregistrée fait tout. Je parlais de taper mémé en début d’article, voici qu’elle est maintenant sous terre, complètement écrasée par le poids d’une musique qu’elle n’a jamais compris de toute façon. 


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I Don’t Want To Do This Anymore“, c’est un interlude qui sort de nulle part. Donc acte, c’est plutôt agréable. Mais “Dogs” nous replonge dans les abimes de ce rock progressif qui aime parfois la bouffissure. Pile, c’est un peu votre cancer, un groupe qui vous prend à la gorge – vous avez trop fumé – et qui vous dit bien fait, t’avais pas qu’à commencer. 

Making Eyes” veut nous dire des mots de pop, mais Pile ne peut s’empêcher d’être lancinant, il joue le rôle du parfait suspect. Ce titre, soit dit en passant – il paraît qu’on est quand même là pour ça – est la franche réussite d’un groupe si vieux (rendez-vous compte, 10 ans… dans la société du tout jetable…). Il faut dire que Rick Maguire sait comment placer sa voix, quelque chose, une fois encore, que le petit groupe DIY que j’aime tant n’a jamais trop essayé – ou réussi.
Slippery” est un peu décousu, on serait bien rentré dans un album de style très vaporeux, mais le contraste avec les morceaux coup de poing est trop brutal à mon sens, d’autant plus lorsque Pile décide de forcer le trait. “Fingers“, le dernier, vient nous rappeler l’excellent Idles, parce que la voix est dure et que Pile semble être décidé, lui aussi, à nous dire que le monde c’est l’enfer. La deuxième moitié est grande, qu’il serait jouissif que l’ensemble de la scène puisse l’entendre, pour réaliser le gap.

Au final, Pile est clivant, parce qu’il est inspiré de ce punk nineties que trop peu semblent adorer vu la petitesse de la scène qui le met encore à l’honneur. Mais qu’importe. Sachons-y voir le signe d’un groupe qui, au-delà de la simple tendance – hello garage sixties, au-delà du cool que Pitchfork et Vice imposent, sait faire un doigt d’honneur quand il le faut, où il le faut. Parler d’anti-conformisme est devenu tarte à la crème, ouais, surtout sur un webzine qui a une vocation rock’n’roll. Je le fais quand même, parce que Pile dit le vouloir avec son A Hairshirt of Purpose.

Tracklist : A Hairshirt of Purpose (LP, Exploding In Sound Records, 2017)
En France via : Influenza Records
1. Worms
2. Hissing For Peace
3. Rope’s Length
4. No Bone
5. Milkshake
6. Leaning On A Wheel
7. Texas
8. Hairshirt
9. I Don’t Want To Do This Anymore
10. Dogs
11. Making Eyes
12. Slippery
13. Fingers

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