Witch Coast, ce n’est rien de moins que LA meilleure sortie de garage noisy de l’année 2017. That’s right! Le groupe, originaire de Washington, D.C., a fait paraître un premier EP en 2014 – Witch Coast for President – suivi un an plus tard de Burnt Out By 3pm. Il est revenu au début de l’année avec Devil Vision, accompagné de l’artillerie lourde. Les 5 titres qui le composent mettent K.O. Mayweather et McGregor tous les deux sur le ring. Et pour pour cause, ils vont trop vite – c’est quand même cool la vitesse en matière de musique noisy…, il cogne trop fort avec leurs dix pédales entremêlées et, surtout, ils sont plus mélodiques que deux hébétés en quête d’un brin de reconnaissance.
Loin de moi l’intention d’expliquer l’intérêt que l’on peut trouver – en général – dans la musique noisy. Mais considérons tout de même cette phrase d’Alain-Fournier (tant qu’à faire) : “De nouveau la boutique fut un endroit plein d’étincelles et de bruit, où chacun ne pensa que pour soi“. Le rapport entre le bruit et l’isolement est généralement admis de tous, mais on y rattache que trop peu la possibilité d’un peu d’introspection. Pourtant, c’est ce que l’on trouve dans le rock noisy, un bourdonnement qui nous pousse à ranimer quelques instincts et/ou pensées primitives.
“Blacked Out“, le premier titre, dit ce que l’on peut faire de la musique de Witch Coast. Le cogneur est rude, violent et phallocentrique. Witch Coast est sexué, son trop-plein de testostérone devrait cliver rapidement son public où les têtes blondes doivent être peu nombreuses. Non pas qu’il faille vénérer cela en soi, mais sachons profiter tout de même de cet entre-soi pour en faire quelque chose de salvateur.
“Fight” est court, très court pour un titre noisy et plein de fuzz. Cette déconnexion avec ce que l’on attend est efficace. Et “Devil Vision” de venir nous surprendre à nouveau avec l’esprit d’une balade – certes pétrifiante – qui est menée par une batterie automatique et pleine d’instincts. Et nous, on a encore le visage chaviré par la jouissance qu’il nous procure.
“Black Eye” commence à nous pénétrer, nous voilà plonger dans la marmite fuzz depuis quelques minutes et tout se brouille, la clameur de cet EP a comme raison de nous. Mais rien ne serait pareil sans “Is It A Throne?“, l’estocade, le véritable coup de sabre pour qui s’est un jour laissé aller au Grand Grondement. On s’en souviendra comme le petit exploit de cet EP, certes, pas un morceau pour convertir les masses, mais 1min35 au service de sa Majesté le Diable.
Au final, cet EP ne se contente que de l’essentiel, il n’a aucune fioriture, il vise juste à tous les coups et fait ce que l’on attend d’un groupe du genre. Le reste n’est finalement que complications, comme pour masquer un manque d’inspiration – ou de l’anxiété ?! Son statement, c’est le substantifique, et mieux que les autres, il sait le dire autant que le faire.
Witch Coast peut tout, parce qu’il excelle dans tous les paramètres du garage noisy. La présence d’un gros label à ses côtés pourra faire beaucoup, même s’il est vrai que ce style de musique n’attire pas les Burger & co. D’ici là, il faudra encore lui dire des mots doux, des mots d’amour que l’on prononce au milieu des détonations.
(mp3) Witch Coast – Is It A Throne?
(mp3) Witch Coast – Devil Vision
Tracklist : Devil Vision (EP, 2017)
1. Blacked Out
2. Fight
3. Devil Vision
4. Black Eye
5. Is It A Throne?
Liens :
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