Salad Boys est un groupe originaire de Christchurch en Nouvelle-Zélande. Il souffle le chaud et le froid. This Is Glue vient tout juste de paraître, il s’agit de son deuxième album qui fait suite à Metalmania paru en 2015. Il est beaucoup plus fun, aussi beaucoup plus chiant. Il sent, à plein nez, l’album sur lequel on prend deux-trois morceaux comme des voleurs, pressé d’oublier le reste. À moins que l’on ait 14 ans, que l’on soit encore bloqué dans l’univers de Diddle et que l’on soit à la recherche de quelques mignonneries très twee.
Tout commençait bien avec “Blown Up“, un titre rock’n’roll bien fait, une bande-son pour le printemps qui arrive, le genre de morceau emporté par une excellente batterie. On y trouve également une guitare qui emprunte à la jungle pop, c’est fort, c’est bon. “Hatred” prend la suite, et si on le trouve moins immédiat, il faut lui reconnaître le mérite d’être aussi efficace que certains Real Estate.
C’est alors que vient “Psych Slasher“, le titre de cet album, celui qui, malgré les critiques, peut donner au groupe une nouvelle envergure. Ce qui est perturbant, c’est que Salad Boys l’a choisi comme single alors qu’il ne ressemble en rien aux autres morceaux de This Is Glue. Bon, qu’importe à ce stade. Il y a, dans ce morceau, un côté très ludique qui rappelle incontestablement les foires de notre enfance, barbe à papa, grand 8 et néons partout. Le trio introductif est donc irréprochable.
“Right Time” voudrait nous faire passer pour de grands nostalgiques, on prend, et “Choking Stick” a un côté très binaire qui fait son charme. On l’écoute sans l’écouter, et c’est agréable. “Exhaltation“, avec sa réverb à fond les ballons nous rappellent un peu la breeze pop de Ductktails. A ce stade, on note que Salad Boys fait dans la noisy quand il le faut, et dans la tendresse quand on l’attend moins. La compo’ est un peu facile, mais c’est encore efficace. Tout va alors changer sur la face B.
“In Heaven” introduit le maximum de mignonerie. Voyez, quand vous prenez un dentifrice en fin de vie et que vous appuyez trop fort, un peu malgré vous, faisant ainsi jaillir un trop-plein de produit : c’est un peu ce que fait Salad Boys ici. Sa twee attitude – dont je parlais hier avec Tullycraft – est super Wes Andersonienne, à tel point que l’on ne veuille plus que les secouer.
“Under The Bed” nous fait un peu toucher le fond de la pop sans intérêt, à ce stade il nous faut du sang ! “Dogged Out” tente l’expérience acoustique, à la façon de Nick Hessler. Il n’y a pas de power pop, il n’y a pas d’éclaboussure non plus, simplement, un surplus de délicatesse. On a l’impression d’être des poupées en sucre, pour la première fois, on a fait attention à nous comme Larry David le fait avec Evan Rachel Wood dans Whatever Works. “Scenic Route To Nowhere” nous fait sortir la tête de l’eau. Sauvés ! Ouais ? Ben non, “Going Down Slow” est là. “Divided” aussi. Salad Boys nous prend pour des Pokémon.
Au final, yes, cet album est de la salade. Du style avec du quinoa – pour le côté twee, quelques haricots vers – pour le côté trop long – et du bacon fumé – pour les meilleures parties. Alors, on se dit que Salad Boys a visé l’album aux styles multiples, qu’il s’attend probablement à ce type de critiques, et qu’après tout, quelques morceaux par-ci par-là, c’est déjà bien. Rendez-vous au prochain épisode pour parler d’un album complet.
Tracklist : This Is Glue (LP, Trouble In Mind, 2018)
1. Blown Up
2. Hatred
3. Psych Slasher
4. Right Time
5. Choking Stick
6. Exhaltation
7. In Heaven
8. Under The Bed
9. Dogged Out
10. Scenic Route To Nowhere
11. Going Down Slow
12. Divided
Liens :
Interview avec Real Estate
Article sur Tullycraft, les demi-twee
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