Mean Jeans: Jingles for America!

Mean Jeans, après Singles, voici Jingles. Enfin un groupe qui s’y ose, se vendre au capitalisme à la lumière du jour, reconnaître que l’argent fait tout, un acte de bravoure pour ces nouveaux insoumis. Le nouvel album du groupe est ainsi composé de 22 jingles qui font l’apologie de véritables marques. Il y a un bonus. Après tout, comme le dit Billy Jeans (chanteur du groupe) : “3-chord pop punk has already been done. But unsolicited jingles for corporations that rock? Not until now, (…) I can die with confidence that we wrote enough songs about partying. But could I say the same about my favorite chain restaurants? Not until now“.

Alors, parce que cet album est fait de Jingles et qu’il est réussi, je m’en vais vanter chacun des morceaux qu’il contient, comme il se doit, sans jamais rien dire de négatif. Rien n’est jamais trop exagéré dans la publicité américaine. C’est ce que Mean Jeans traduit avec sa musique si cheeeeeesy qu’elle nous ouvre l’appétit-obèse. Je vais y revenir.

“Coors Light” sont de superbes bières. Voilà, very thigh. “Wendy’s (Junior Double Cheeseburger)“, c’est un cheeseburger qui fait rougir Mac Donald’s. Alors, Mean Jeans en profite pour faire rougir les autres groupes slacker de la scène. Viennent alors “Totinos“, les pizzas en stick qui ont l’air ignoble mais sont siiii bonneeesss (merci du conseil). Heureusement, Mean Jeans n’insiste pas trop. “Sizzler” – des restaurants pour la famille américaine – ont logiquement un côté très inclusif, on se prend les bras et on danse devant le resto du quartir. “Pop Rocks” pétille, Mean Jeans en fait de la jangle pop pour amoureux de bubblegum.

“Camel Lights” c’est tout le nuit – croyez que je vais avoir des problèmes pour poster ça ?! “Kinkos“, c’est badass. Mean Jeans fait dans le punk, et ça va toujours aussi vote. “Mountain Dew” a de quoi créer des addictions, Mean Jeans en a tout le temps besoin, OK ? Tout le temps ! La boisson est à ce point delicious que le groupe se fend d’un morceau de plus d’une minute pour l’occasion. 

“Applebees” assure les soirées grill qui donnent le sourire. Oh, v’là Jack qui arrive avec sa famille, mais c’est super, tout est super, Applebees est super ! “Rain-X Wiper Blades“, c’est le meilleur essuie-glace de tout le marché. Il te le faut, maintenant ! Pour t’en convaincre, Mean Jeans t’explique à quel point la vie est dur lorsque l’on y voit rien. Mais quand on y voit bien, alors, la vie est belle, la vie est pop. “Skoal“, ce sont des chewing-gum de tabac qui sont gentils !

“180069Shred“, c’est la modernité, une société sans papier. Pour fêter ça, Mean Jeans tombe dans le pop punk débile pour enfant de 19 ans. Ouaiiiis ! “Polly-O String Cheese” et ses délicieux sticks de fromage vous feront voir la vie en obèse, et qui ne veut pas de ça ? Mean Jeans sort le grand jeu, des doo-wop à coup de punk. “Hot Pockets” c’est un snack pour les petites faims. Alors, il faut alors vite, aussitôt sorti, aussitôt mangé. Et si l’on a encore faim, c’est “Cheez-its” ! “The Footlong Song“, c’est une longue chanson – one foot, quand même – de moins d’une minute et trente secondes. “Capri Sun“, lui, est sugary, un vrai shake-up de punk, de pop et de slacker !

Avec “Taco Bell“, on attaque la crème de la crème, le taco pour une vie meilleure. “Selsun Blue“, lui, servira à tous ceux qui veulent avoir les cheveux lisses. Selsun, le shampoo pour une vie meilleure ! “Best Western“, c’est le meilleur endroit sur terre. “Dunkaroos” a un côté Guided by Voices qui fera fuir tous ceux qui ne se sont pas gavés de sucreries dans les années 1990. “Kraft Mac & Cheese” sort l’artillerie lourde, ouais, tout le monde a besoin d’un Mac & Cheese. “Unknown Product“, enfin, est une offrande à qui voudra sortir une besoin trop gazeuse.

L’album est logiquement très inclusif, après tout, c’est le but de toute publicité. Les Means Jeans multiplient les références aux “everybody”, “all”, “the world”… Et puis, ces jingles n’arrêtent jamais de délivrer des boucles de power pop. Les Means Jeans passent ainsi du dumb punk au côté dumb pop de la force. Et quoi de mieux, pour cela, que de le faire avec les meilleurs jingles du monde. Soyez capitalisme ou ne soyez rien ! Je rêve d’un monde où j’allumerai ma télé et où les Mean Jeans n’en finiraient de résonner. That’s right, la télé me fait rêver, tout autant que ces marques qui me veulent tant de bien. Les Means Jeans sont les nouveaux Papes du Capitalisme Sauvage et Gras. Notez bien le nom de cette nouvelle secte !