Je voulais présenter un projet à l’état de démo, parce que ça fait du bien parfois d’écouter de la musique de chambre. Alors, lorsque je suis tombé sur Cosmic Vibrations – malgré une première réaction de rejet face au nom douteux de ce projet – j’ai rapidement compris qu’il serait mon candidat idéal. Après tout, la presse papier ne peut pas se permettre d’écrire sur de tels projets tandis que les webzines sont souvent à la recherche du plus de click click click. C’est dommage, tant la scène de chambre regorge de projets qui méritent un bon coup de projecteur. Et après tout, si je m’évertue à sortir un article par jour depuis 8 ans, c’est bien pour laisser de la place à ce genre de projet.
Originaire de Nouvelle-Galles du Sud (Australie, faut pas déconner non plus), Cosmic Vibrations a vu le jour il y a deux ans environ, lorsque la planète terre était alignée avec Venus – ou un truc du genre, vu le nom. Ce qui m’a probablement séduit dans la musique de Cosmic Vibrations est son aspect lunaire, rappelant la pop martienne de Cut Worms, Martian Subculture & co. Il n’a donc pas tort sur le nom de son projet. Peut-être s’attend-on toutefois a une pop très psychédélique, mais Cosmic Vibrations fait de son nouvel EP – Cosmic Vibes – l’occasion d’une pop minimaliste et déchirante.
Le premier titre est déjà une excellente nouvelle. “Baby Blue” est à peine susurré, on le chuchote comme une comptine à un petit martien. Il est bleu comme la lune les soirs d’hiver. Toujours avec cette même nonchalance, “Taken Away” nous fait continuer sur le chemin d’une paresse qui se confond avec un spleen pour le coup tout à fait terrestre. Et le premier interlude, “Interlude To Aether“, de venir boucler la première phrase de cet EP.
Peut-être – sûrement – suis-je moins convaincu par “Junk“, la boite à rythmes est distillée avec soin, mais elle casse le côté finalement humain et faillible de sa musique martienne. Elle automatise là où, du fait d’une musique venue d’ailleurs, on veut trouver des ressemblances avec ce que produit notre espèce, me semble-t-il. “Interlude II” opère une nouvelle cassure et l’on se dirige alors vers l’excellent “Be Mine“. Cosmic Vibrations joue à fond la carte extra-terrestre ce qui lui réussit à merveille. Ce titre est volontairement très allongé, comme pour rechercher l’état de transe. Je profite de ce morceau pour relever à quel point il n’est pas besoin d’un studio et de 15.000 balles pour enregistrer des titres qui tiennent la route. Et Cosmic Vibrations de conclure sur “Subdued“, toujours sur le thème de la paresse qui habite cet EP du second morceau au dernier.
Ce qui semble différencier la scène de martian pop à celle de spectral pop est l’utilisation de moins d’échos sur la voix, le côté fantomatique qui est finalement très remplissant de la musique d’Alex Calder & co est ainsi délaissé au profit d’un plus grand minimalisme qui laisse toute la scène à quelques accords distillés en douceur. Betel Mire fait ça également, côté féminin.
Cosmic Vibrations, avec Martian Subculture, fait désormais partie de ce projet très indépendant – si tant est que cela veuille dire quelque chose – qui font une nouvelle place à la bedroom pop. Seulement, dans une époque où tout fou l’camp, il se tourne vers d’autres planètes que la nôtre. C’est une simple question de génération.
(mp3) Cosmic Vibrations – Baby Blue
(mp3) Cosmic Vibrations – Taken Away
Tracklist: Cosmic Vibes (EP, 2018)
1. Baby Blue
2. Taken Away
3. Interlude To Aether
4. Junk
5. Interlude II
6. Be Mine
7. Subdued
Liens :
Article sur Cut Worms
Article sur Martian Subculture
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