Ça y est, les vacances sont finies ! Je voulais revenir en douceur, avec des morceaux de circonstances pour nous aider à passer le cap de l’automne. Primo! est le candidat idéal, cela faisait donc quelques jours que je me réjouissais à l’idée de reprendre la plume accompagnée de ce dernier. Bien entendu, je ferai en sorte de vous massacrer les tympans dès vendredi avec du bon gros slacker.
Le groupe du jour, donc, est australien. Il vient tout juste de faire paraître son 1er album, Primo Amici, via Upset! The Rhythm. Il parle de travail. De villes. De chaleurs. Il parle de tout cela avec grâce et une légèreté apparente. Il me rappelle Peach Kelli Pop, surement parce qu’il est punk et… doux.
Mais laissez-moi m’écarter un peu du politiquement correct pour attaquer cette dernière ligne droite de l’année avec quelques commentaires. Le fait est que je retrouve souvent deux défauts majeurs dans une partie de la scène actuelle, et que ces défauts sont sexués. Du côté des mecs, il y a une tendance à vouloir délivrer un punk beaucoup trop violent et inaudible pour être encore qualifié de musique. On se retrouve ainsi à écouter des dizaines de groupes sur Bandcamp (ou par email) qui se ressemblent tous, parce qu’aucun n’a eu l’idée de foutre quelques mélodies dans sa musique. Du côté féminin, les choses sont différentes. Nombre de groupes – all girl bands – jouent la carte de la sensualité-a-go-go, du mignon, du très mignon qui, au final, finit par nous écoeurer parce que le punk n’est pas qu’une affaire de cupcakes. Trop c’est trop. Et c’est précisément ce que Primo! parvient à éviter. C’est pour cela que cet album est si intéressant.
“You’ve Got A Million” est une bonne introduction qui traite du burn out et fait référence à la pochette de l’album. “A City Stair” est un brin plus brut, il est en cela plus convaincant. Surement est-il plus punk également, plus court, plus on point. Et Primo! d’enchainer avec “Future“, un titre qui est surement trop long au démarrage et qui gagnerait à être également compressé en 1min30.
“Mirage“, c’est le single de cet album, un titre qui, avec ses synthés, se rapproche de l’univers sulfureux de Dream Machine (voilà qui va leur faire plaisir). Il ne ressemble en rien aux autres morceaux de cet album. C’est une piste que le groupe pourra explorer à l’occasion de son deuxième album. “Closed Tomorrow” fait un peu office de ventre mou, mais les quelques aigus rendent un bel hommage à Peach Kelli Pop.
“Disco Eyeballs” est un titre qui n’a rien de disco, mais dont le côté cathartique nous donne follement envie de partir explorer les environs. “Bronte Blues” rentre dans un univers plus noir, plus Death Valley Girls.
“Ticking Off A List” est à mon sens le meilleur titre de l’album, parce qu’il nous donne envie de danser sur nos peurs. Il est également plus varié que les autres, les rythmes alternent comme nos sueurs lorsque l’on est bloqué dans une foule d’une métropole. Et puis, on retrouve les allures proto-punk du début de l’album avec “Family Dinner Club“. Primo! le fait très bien, c’est ce qui fait que le groupe n’est jamais associé à une formation très pop qui aurait pris des allures punk pour faire cool. Primo! s’écarte là du mignon. Du cuttie. Et “Daphne” de venir porter la touche finale.
Au final, Primo! oscille entre plusieurs directions qui sont toutes regroupées sous l’idée d’un album anti-stress anti-ville anti-foule. C’est l’esprit original du punk, après tout. Si London is Calling, c’est qu’il faut détruire la ville. Si les Sex Pistols veulent sauver la Reine, c’est qu’elle est la gardienne de la ruralité anglaise, dans tout ce qu’elle a de plus bourgeois.
Primo Amici est donc un bon album, pas la révolution de l’année 2018, mais un joli regroupement de titres punk à tendance pop à tendance féminine sans trop l’être (voir l’intro). On ne regarde jamais le groupe de haut, parce qu’il nous ramène à des considérations très terre à terre. Voilà de qui assurer un retour à la réalité après cet été 2018 qui se termine doucement.
Post a comment