The Jesus Lizard, c’était un groupe originaire de Chicago, formé en 1987, et auteurs de 8 albums studio allant du rock noisy au punk. Peut-être est-il même le premier groupe de l’histoire a avoir combiné les deux styles. S’en est suivi une très forte popularité au sein de la scène underground US, mais finalement, une reconnaissance toute limiée vis à vis du grand public. Sonic Youth, moins punk que lui, aura longtemps mené la scène mais Jesus Lizard n’en démérite pas moins. Sans lui, la synthèse entre deux styles aurait probablement été fait quelques années plus tard. S’il s’inscrit ainsi en plein dans la scène de son époque – il est nineties, ultra ninetties – il n’en demeure pas moins un destructureur d’intemporalité, comme qu’ils disaient.
Mon dernier article anachronique remonte à mai 2018. Non pas que je considère avoir traité tous les groupes qui le méritaient, mais je peine parfois à évaluer quel est l’impact réel de ces groupes ici chroniqués sur la scène actuelle. C’est pourtant là l’objectif de cette section : remettre les albums dans leur contexte original, mais aussi, prendre le recul nécessaire à l’évaluation de leur pertinence contemporaine. Ici, c’est relativement facile.
Liar est le troisième album du groupe. C’est ce qui nous intéressera ici, parce que je crois qu’il illustre le mieux tout l’intérêt du groupe. Goat est également très bon. Il est ainsi introduit par “Boilermaker“, un titre terriblement saccadé qui n’est pas sans rappeler Polvo et Slint. C’est sur cette même scène que Jesus Lizard s’inscrit. “Gladiator” cogne probablement plus fort encore. Jesus Lizard ne s’est jamais caché d’être un amateur de violence. Noise et Punk se rencontrent ici pour une combinaison explosive. Il va parfois trop loin, ce que l’on voit avec “The Art Of Self-Defense“, parce qu’il perd en capacité de percussion au profit d’un son plus noyé.
Tout se joue au niveau de “Slave Ship“. Ce titre peut vous causer un trop-plein de noirceur, auquel cas The Jesus Lizard n’est pas pour vous. Peu de groupes s’y osent aujourd’hui, je pense à Naomi Punk mais c’est bien tout (sans tomber dans le gueulard). Ce titre peut également vous causer une réelle transe, auquel cas, vous faites partie des amoureux nineties qui ne trouvent aucune abjection à passer un dimanche sans voir le jour.
“Puss“, c’est le volet punk du groupe que l’on retrouve parfois. The Jesus Lizard veut cogner si fort que l’on se rappelle forcément les Fugazi. Et que dire alors de “Whirl“. Halloween approche à grand pas, peu de groupes se sont essayés à quelque chose d’aussi creepy. C’est quelque chose qui s’est perdu au fil des ans, les albums 90s étaient ponctués de passages instrumentaux, mais il faut désormais délivrer à chaque morceau. “Rope“, lui également, ne semble guère se soucier des auditeurs les plus frileux. Avec Jesus Lizard, il n’y en avait jamais pour tout le monde.
“Zachariah“, c’est l’un des titres les plus complets / complexe de la discographie de Jesus Lizard qui n’est déjà pas réputé pour son accessibilité. Si certains y verront des éléments grungy, j’y trouve une puissance maximale qui est magnifiée par ces accords distillés avec lenteur. Je vois TH da Freak faire ça. “Dancing Naked Ladies” vient conclure avec hargne. Quelques titres bonus viennent compléter les rééditions.
Liar, c’est la scène de l’aridité. The Jesus Lizard délivre un album qui n’a contenté que poignée de types à travers l’histoire, mais ces types-là sont devenus ses plus fidèles. La prise de risques est maximale. La scène noisy a toujours été minuscule, et si celle de punk est bien plus large, la combinaison des deux crée un album de niche – super-niche. Il faut dire que la volonté des deux genres est opposée. La musique noisy pousse à un repli sur soi même tandis que la musique punk pousse à l’exaltation. The Jesus Lizard, en jouant sur ce paradoxe, ne pouvait donc que créer un album dont le spectre est ténu. Et dans ce spectre évolue un groupe monstrueux.
(mp3) The Jesus Lizard – Gladiator (1992)
(mp3) The Jesus Lizard – Zachariah (1992)
Tracklist : Liar (LP, Rough Trade, 1992)
1. Boilermaker
2. Gladiator
3. The Art Of Self-Defense
4. Slave Ship
5. Puss
6. Whirl
7. Rope
8. Perk
9. Zachariah
10. Dancing Naked Ladies
Liens :
Article sur Polvo (1992)
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