Album Review : Panda Bear – Tomboy (Experimental Pop)




Panda Bear, Tomboy, l’album de tous les paradoxes. Présent à son concert au Festival de Pitchfork l’été dernier (critique ici), nous écrivions ces quelques lignes :


Le pauvre n’a pas trouvé d’autres remèdes que de se mettre à crier lorsqu’il s’est aperçu que la foule dévastait les lieux au profit d’un concert de rap US. Cette musique techno des années 2000 couplées à des chants d’Église n’a définitivement aucun intérêt. Parce que bruit et musique ne sont pas la même chose. Plus jamais je ne veux en entendre parler “.


Et pourtant. Et pourtant … Non pas que je désapprouve aujourd’hui cette critique, je me souviens encore de ce concert comme un des pires (le pire ?) auquel je n’ai jamais assisté. Je ne me risquerai pas à un nouvel essai, bien que l’album que je vous présente aujourd’hui soit d’une très belle qualité. Comme quoi, la musique est faite de paradoxes, à l’image de cet opus.


Après l’écoute de ‘Tomboy’, on comprend que Panda Bear fait partie de ces artistes qui cherchent à faire évoluer la musique, il fait partie de ces perles rares dont on se délecte avec passion et envie. Membre fondateur du groupe Animal Collective, sa créativité n’est plus à prouver. Panda Bear, ce projet solo un peu fou, fondé en 1998, fait état d’un 4ème album splendide, de sortie le 12 avril prochain.


Pour ne pas être un grand fan d’Animal Collective, la critique qui suit détient d’autant plus de force qu’elle ne sera due qu’à l’unique musique de Panda Bear. Ressemblant parfois à “Fall Be Kind, album d’Animal Collective, je puis vous assurer que Tomboy condense le génie d’AC et en fait ressortir quelque chose de beau, de plus beau encore.


Quelques rifts de surf-guitare année 60 rencontrent parfois un son tribal parfaitement distillé, à d’autres moments vous foulerez des îles paradisiaques, partirez en direction la Lune avant de revenir sur terre, en Amazonie. Vous voulez en savoir plus ? Voici la critique détaillée :



Cliquez ici pour une écoute intégrale de l’album.

Interdiction de procéder à cette dernière sans stéréo.


  • You Can Count On Me : très beau titre introductif, prenant, saisissant, de quoi captiver son auditeur dès les premières secondes. You Can Count On Me est superbe par sa complexité musicale et l’impression de faciliter qui s’en dégage.

  • Tomboy : deux titres et le décor et d’ores et déjà planté. Tomboy est un hymne puissant, un titre expérimental extrêmement riche et bien pensé.

  • Slow Motion : woh, la stéréo fait son effet. L’arrangement est extra, on entend avec plaisir quelques sons marins, en revanche, le titre semble un poil moins percutant sur l’ensemble. Non pas qu’il ne soit pas de qualité, mais le reste de l’album est tel qu’il se fond dans la masse.

  • Surfer’s Hymn : dès l’introduction, Surfer’s Hymn sonne différemment. La voix de Noah Lennox n’est pas dédoublée sur plusieurs pistes comme elle peut l’être sur les autres titres. Il est en somme le précurseur de l’afro-dubstep. Bienvenue sur les plages brésiliennes, les volleyeuses finissent leur partie et la musique commence à se faire entendre sur un coucher de soleil. Surfer’s Hymn est un cocktail de réussite.

  • Last Night At The Jetty : notre titre préféré. Une nouvelle fois, la touche Panda Bear, indéniablement, un refrain puissamment trouvé et des couplets efficaces. L’air de ce titre est une merveille qui vous restera en tête des heures durant, Last Night At The Jetty est l’image la plus pure du paradoxe musical de cet album : prenant et entêtant, étrange et familier, simpliste et travaillé. Un titre à faire figurer parmi les meilleurs de l’année !

  • Drone : ce titre est absolument indispensable à l’album. Ce titre est une démonstration de la force de cette musique. À l’image de James Blake, Panda Bear prend ici le temps de poser sa musique, ose imposer de longs moments, voilà pourquoi cet artiste expérimental doit être encouragé et félicité.

  • Alsatian Darn : efficace, Alsatian Darn est à l’image de cet album une musique que nous n’avions presque jamais entendue. Seulement, peut-être que d’autres titres rendent un hommage encore plus important à cette nouvelle voie(x).

  • Scheherezade : à l’image de Drone, Scheherezade est une expérience. Écoutez ce titre les yeux fermés, vous sentirez, si vous êtes chanceux, vos mains décoller, votre corps en lévitation tentera de rejoindre cet air qu’il entend, haut, très haut perché.

  • Friendship Bracelet : une fois de plus un titre de qualité, un titre peut être sonne comme la limite de cet album (il en fallait bien une) : répétitif, non pas que la répétition des refrains soit une gêne (au contraire), mais le style dégagé se complait un peu trop à tourner en rond.

  • Afterburner : voilà le titre qu’il aurait peut-être fallu enlever (10 chansons, chiffre parfait, remember ?). À l’image de ce que Panda Bear aurait pu faire, un titre fade, trop recherché pour saisir une véritable émotivité. L’album est à l’opposé, heureusement.

  • Benfica : la conclusion parfaite. Comme à l’habitude, je redoute le dernier titre, il est celui qui laisse l’impression d’ensemble. Benfica dégage une rare sérénité, un nouvel hymne à la musique de Panda Bear. La boucle est bouclée, en beauté.


Il est rare de pouvoir écouter un album où la voix du chanteur est l’instrument le plus mis en valeur. C’est ici le cas. Panda Bear réalise une prouesse expérimentale, la musique qu’il réussit à saisir est puissante et profonde, toutefois, on aurait aimé que d’autres pistes soient aussi explorées. C’est ce qui fait que l’album de James Blake sorti en février de cette année est un brin au dessus, car plus varié.


Quoi qu’il en soit, Tomboy EST un album d’excellence, un ticket pour près de 50 minutes de magie, une magie où chaque tour nous émerveille un peu plus.



Note : 8,4 / 10 (barème)




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