Cults, album self-titled de nos New-Yorkais, leur premier, sorti le 30 mai dernier, va être passé au crible Still in Rock.
Si ces mots sont durs, c’est que la déception est au rendez-vous. Je m’explique. Je me souviens encore l’an dernier, Cults sortait trois titres et agitait la hype musicale. C’était rétro à souhait, le refrain de “Go Outside” emballait quiconque osé l’écouter, bref, très prometteur. Un an après, leur premier opus est enfin sorti : le groupe semble avoir voulu copier la structure des trois premiers, nous voilà en possession de 11 titres très semblables les uns des autres.
Cet album s’apparente à un ventre mou : rien ne sort véritablement du lot, ni en bien, ni en mal. Tantôt pop lo-fi, tantôt chamber-pop, tantôt indie pop, tantôt pop 60′-esque, bref, on joue ici constamment dans des univers semblables qui ne parviennent pas à donner la variété nécessaire à cet opus. C’est parfois trop fade pour oser prétendre à la prospérité, parfois proche de la réussite, mais toujours à la recherche du petit plus qui fait que. Le rythme est exactement le même (ou avec infime différence) sur l’ensemble des 11 titres. Pourquoi ne pas oser la variété ? Cults a confessé il y a quelques jours vouloir remixer cet album avec du phrasé hip-hop. Aveu d’impuissance ? Place à la critique détaillée :
- Abducted : Titre bistructural fait de couplets relativement incolores et d’un refrain bien plus percutant. C’est au final un titre réussi, un des meilleurs de l’album, bien qu’il manque déjà un poil plus de prise de risques.
- Go Outside : On reprend les mêmes et on recommence. Le fameux titre ayant dévoilé les Cults, un titre qui demeure très bon, mais qui, au fil des mois, a quelque peu perdu en efficacité. Ceux qui le découvriront seront les plus heureux.
- You Know What I Mean : Autre titre fort plaisant d’un album qui assume un style très sixties, ce qui n’est pas pour me déplaire. “You Know What I Mean” est aux antipodes de la pop commerciale des années 2000, c’est fait de new wave et de pop quasi lo-fi, mélange efficace que je salue.
- Most Wanted : Devendra Banhart sous des airs très preppy nous livre un “Most Wanted” qui vient sonner le glas de la réussite de cet album. On se délecte alors de ce quelques instants planant à la musicalité fort agréable.
- Walk At Night : Le niveau commence doucement à baisser : l’introduction ne déplait pas, mais tenir les 3 minutes imposées semble déjà trop long. On veut voir ce qu’il y a après, à tort.
- Never Heal Myself : Nous voilà entrés dans la mêlée. Si aux primes abords “Never Heal Myself” ne parait être ce qu’il est (fade), on s’aperçoit rapidement de la supercherie, on appuie sur le bouton suivant et on est bien content de soi. Adieu bouilli musical.
- Oh My God : Une introduction très “Go Outside” qui vient illustrer mes propos précédents : Cults semble avoir voulu dupliquer leur premier succès. “Oh My God” n’est pas mauvais en soi, mais une seule copie suffisait.
- Never Saw the Point : Encore et toujours du bouilli musical, une sorte de pop à la Coldplay (pour faire référence au Facebook de Still in Rock) : vive le négationnisme-Never-Saw, ce titre sera réputé ne pas avoir existé.
- Bad Things : Jamais Cults n’aurait dû éditer ce titre. Je vois déjà venir les plus grands détracteurs : c’est une musique d’indifférence, un refrain à la hauteur des premières partitions d’un musicien prébubaire. Cults ne mérite pas ces critiques qui pour le coup se feront jour.
- Bumper : Le niveau remonte quelque peu, comme si le groupe avait tenté de nous fourguer quelques titres en milieu d’album, incognito, et finir sur une bonne note afin de nous faire oublier le reste. Bien joué, mais Still in Rock est vigilant.
- Rave On : La tendance se confirme : Cults fini son album comme il le commence. “Rave On” est bien plus original que l’opus dans son ensemble.
Les 4 premiers titres de l’album sont franchement plutôt réussi. Les 7 suivants sont eux bien plus contestables, ils forment un drôle de marchmalow que l’on aimerait compresser en 3 titres afin de garder l’essentiel.
Je m’inquiète de ce constat. La plupart des premiers albums pêchent de vouloir en mettre trop plein la vue, le groupe y veut généralement étaler son savoir faire au monde entier. C’est le second opus qui vient mettre de l’ordre dans un fouillis d’idée prometteur. Pour ce qui est de Cults, le premier album tourne en rond. Qu’en sera-t-il du second ? Je ne sais pas si on veut vraiment le savoir. En attendant, on garde les 5 meilleurs titres sous le bras et on se dit que c’est déjà pas mal.
Note : 6,7 / 10 (barème)
(mp3) Cults – Abducted
(mp3) Cults – Most Wanted
3 Comments
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Anonyme
cet album, bien sûr…
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Unknown
"Never Heal myself" = "on appuie sur le bouton suivant et on est bien content de soi. Adieu bouilli musical.?????"
lol, non, sans dec…moi c'est le contraire, j'appuie sur le bouton repeat, tellement c'est énorme…depuis 2 mois.
l'égout et les couleurs, comme disait l'autre…
Anonyme
Bonjour,
Tout d'abord, merci pour cette critique. Pour ma part, j'adore cette album, même si je suis très difficile. J'écoute pas mal de rock indie, et me suis arrêté, presque bouche bée, sur ce petit groupe. Le son est novateur, différent, un peu aigu avec les echos, mais sonne vraiment très bien. Les mélodies s'enchainent, et la première écoute, on pense que toutes les chasons se ressemblent, mais après quelues 10aines d'écoutes, on en vient à l'évidence qu'on est en face d'un super groupe, aux arrangements futils et intelligents.
Très agrèable surprise pour ma part, qui ne connaissais pas ce groupe (la honte…).
Je comprends mieux les notes sur amazon.co.uk.
Ce groupe donne un grand bol d'air frais, et ça fait du bien, ça casse un peu cet hiver long et chiant 😉