Ian Dury, chanteur anglais mort en l’an 2000 est le détenteur de la célèbre maxime “Sex, drugs and rock’n’roll“. Baxter Dury, celui qui fait l’objet de l’article du jour, est le fils de Ian, le ton est ainsi donné. Baxter Dury a commencé à composer avec Ben Gallagher, fils non pas d’un des Oasis mais d’un membre des Clash. C’est le jour de l’enterrement de son père que Baxter donnera sa première prestation publique.
“Happy Soup“ est son troisième album, lui qui a attendu 6 ans pour donner un successeur à “Floor Show“. Nul ne doute que son label, l’excellent Rough Trade Records, boudera de n’avoir pu produire ce retour inattendu, Parlophone ayant chopé la mise après que Baxter et ces premiers se soient fâchés.
Cet opus est un anachronisme. Fort logiquement, on y retrouve beaucoup des influences de son père. Dès lors, Joy Division & co sont à l’honneur. Baxter renvoi de la sorte “The English Riviera” de Metronomy à ses classiques, de loin meilleur. Selon ses propres mots, Happy Sour est un “psychédélisme de bord de mer“, je me permettrai de rajouter un élément temporel, celui d’une fin d’été. Côté collaboration, Madelaine Hart vient prêter sa voix sur bon nombre de titres. Ben Gallagher, ce vieil ami, est lui au songwriting. Enfin, la production revient à Craig Silvey (Arctic Monkeys, Portishead et les mauvais Arcade Fire).
“Happy Soup” s’impose comme bien plus qu’une pièce de musique : il est l’objet qui vous fera transiter vers un autonome grisâtre, l’objet qui, anachronique, fera de 2011 un bel bien espoir. Place à la critique détaillée :
- Isabel : Baxter Dury au chant pour assurer l’essentiel : un titre minimaliste qui appelle tellement de souvenirs. Rayons de soleil et tombée de nuit au sein d’un summer camp, déception d’un été qui se termine, il faut dire que ma voisine de tente était si jolie. (joke).
- Claire : un accent so british à faire fondre les coeurs. Ce titre est une pépite pop comme il ne s’en fait plus, une pop aux reflets années 80′ tellement indispensable en 2011. L’influence du papa est indéniable. “Claire“, l’évidence d’un excellent tube.
- Leak At The Disco : si le potentiel du titre est évident, cette voix sur ce ton crooner me fait trop penser à Barry White pour m’accrocher l’oreille. On passe.
- Afternoon : une fin d’après-midi qui tarde à laisser place à la soirée. La nuit guète pourtant, Baxter en témoigne avec sa voix sur le fil, comme étranglée, tel le soleil qui attend pour se coucher.
- Happy Soup : le titre qui porte le nom de l’album est raté. Fait suffisamment rare pour être noté, Baxter fait ici dans le pathos le plus sévère : non.
- Trellic : “Trellic” évolue dans le même registre que le titre “Isabel” mais avec moins de réussite. Le rythme est simplement moins évocateur.
- Picnic On The Edge : “Picnic On The Edge” fait part à plus de psyché que les précédents titres, la guitare lo-fi y est pour beaucoup. On aime.
- Hotel In Brixton : Dieu seul sait ce qu’il s’est passé dans cet hôtel de Brixton (connaissant le lieu, je doute que ce soit bien .. catholique), une chose est sûr, ça à sautillé et on a oublié l’histoire d’un instant la mélancolie ambiante pour se concentrer sur l’essentiel : la mélodie.
- The Sun : le morceau officiel de la clôture de l’été 2011. Ah si, je vous assure, vous écouterez ce titre fin août (nous y sommes presque) et vous rendrez compte à quel point mélancolie et mélomanie rime si bien. “The Sun” me fait penser à un revival Birkin – Gainsbar, balade aux allures dépressives, une ballade étonnante de grâce.
- Trophies : c’est un Baxter Dury sérieux et appliqué qui vient nous conter ces (ses) quelques mots (maux). Une guitare lo-fi pour venir couronner le tout, la Happy Soup n’est plus si joviale, c’est un éclat de morosité dans lequel on s’enfonce, lentement, très lentement.
Baxter Dury est un homme discret, peu reconnu, excepté par quelques-uns de ses pairs. Nonchalance à l’anglaise et excentricité, cet homme est distingué tout autant que sa musique. Cet opus qui préexistait à l’imagination de Baxter ne parait nullement désuet, l’évidence et la nécessité de beaucoup de titres donne trop le LA pour considérer cette oeuvre comme telle. Baxter un est homme libre et nonchalant, cet album l’est tout autant. Une franche réussite, nous n’attendions pas cet opus, nous avons finalement bien plus.
Note : 8,2 / 10 (barème)
(mp3) Baxter Dury – Claire
(mp3) Baxter Dury – The Sun
PS : en concert le 19 septembre au Point Ephémère (Paris).
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4 Comments
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Francky 01
"Happy Soup" – Baxter Dury, avec "Days" de Real Estate, sont LES DEUX ALBUMS INDIE POP 2011 !!!
Baxter Dury possède une disco impeccable :
-1- "Len Parrot's Memorial Lift" (2002), le plus psychédélique et Velvetien.
-2- "Floor Show" (2005), plus rock, avec le tube dantesque "Cocaine man" !!
Et -3- "Happy Soup", autant psyché que pop, encore un sommet de minimalisme, d'épure créative, un chef d'oeuvre !!!! -
Still in Rock
Sans vouloir jouer les esprits contradictoires.
1. Pour Baxter, quasi d'accord sauf que je donne quand même l'avantage aux Drums.
2. Pour Real Estate, j'accroche pas, j'ai l'impression que cette musique très lo-fisée vit ses derniers instants, avec son apogée en 2010.
Sur ce, à très bientôt pour le classement de fin d'année alors ;).
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Still in Rock
"Days" contient toutefois de belles pièces, je pense notamment à "All The Same", j'en parlerai prochainement.
Anonyme
Ca fait du bien d'entendre un son aussi bon que ca!!! 🙂
Simon a.k.a Marcelou