Album Review : The Drums – Portamento (Indie Pop)







Album Review : The Drums

Portamento





The Drums sort le 5 septembre prochain (demain) son second album, “Portamento“. Ayant accédé à la notoriété très rapidement, vous verrez sans aucun doute pulluler toutes sortes de critiques dans la presse musicale comme celle générale. Lisez attentivement les quelques lignes qui suivent, j’évoque en fin d’article – non sans retenue, il vaut mieux – ce que je pense d’ores et déjà de ce qu’il sera possible de lire la semaine prochaine.

Il est vrai qu’aux premières écoutes de “Portamento“, je suis dubitatif, ce pour quoi j’apprécie plus encore l’opus aujourd’hui. Les Drums n’en profitent pas – à premières vues – pour se repenser et pour autant, lorsque j’écoute à présent leur 1er album, une différence très nette se dégage. L’explication ? Portamento est bien plus subtile, une merveille du genre où le détail fait la différence. En fait, The Drums est un groupe qui, lors de la sortie de son opus numéro 1, a posé les bases d’un style qui lui est propre. Ce second vient, dans la continuité du premier, bâtir quelques édifices sur ces solides fondations, et je dois dire que ces constructions sont – moins catchy – de toute beauté. Précisons, non sans importance, que Portamento est plus noir que le premier, plus mature sans pour autant tomber dans le pathos de ces formations qui croient devoir baisser d’une octave pour accéder au rang des groupes dits confirmés.

The Drums a le chic pour créer de véritables addictions et Portamento est bien loin d’échapper à la règle. La plus connue, celle de “Let’s go Surfing” n’est certainement pas la plus révélatrice de la puissance pop de la formation. Cet album en revanche, une fois digéré, peut s’avérer un véritable destructeur de playlist, la quasi-intégralité devant être présente dans vos compiles et soirées à venir. S’il est certain que les Drums ne proposent pas un album expérimental et tellement varié que l’on y perdrait son latin, là n’est pas l’intérêt d’un groupe capable d’une pop si jouissive. Place à la critique détaillée.



Écoute intégrale de l’album



  • Book Of Revelation : Après le “Book of Stories” du 1er album, les Drums continuent d’écrire leur histoire. “Book of Revelation” est un excellent titre introductif, symptomatique de tout le génie du groupe : ils appliquent une recette qui fonctionne à merveille et jouent de ses variantes sans scrupule avec la plus parfaite réussite. So, “let begin“, en avant pour l’écoute de ce ravissant opus.
  • Days : l’un des rares titres de l’album a user et abuser d’un effet studio sur les voix, “Days” n’en demeure pas moins l’un des meilleurs de Portamento. Jonathan Pierce guide ce titre à travers cet air lo-fi qui nous ballade sans vergogne entre des cabanes ensoleillées d’une fin d’été. Si les Drums “work so hard“, nous, on se laisse faire, un moment de détente bien mérité.
  • What You Were : A priori plus incolore que les deux premiers titres, “What You Were” et ses choeurs s’apparente à une ballade (où l’on trottine quand même) fort sympathique au bord d’un lac, ballade en compagnie de Drums fidèles à eux même. “Hang on“.
  • Money : “Money” à tout du hit. Le rythme est parfaitement trouvé, les paroles simples à retenir et son style tellement révélateur de l’année 2011, hybride et minimaliste, que tout porte à penser qu’il intégrera à bonne place les classements de fin d’année.
  • Hard To Love : “Hard To Love, s’il est un jour gratifié d’un clip, sera l’occasion rêvée pour Jonathan Pierce de nous faire une démonstration de sa danse saccadée si personnelle (qui n’en pas sans déplaire à Monsieur Gui). Le refrain sur ce son très moqueur fait état de l’auto-dérision que le groupe sur son travail.
  • I Don’t Know How To Love : s’il était difficile d’aimer il y a 4 minutes (voir titre précédent), on cherche à présent la recette de ce bonheur en compagnie de Drums plus lyriques. Une large partie de ce dernier réside en tout cas dans les vagues lo-fi de la deuxième minute de “I Don’t Know How To Love“, tellement subtile et tellement bon.
  • Searching For Heaven : la pièce la plus étrange de cet opus, celle qui, dès la première écoute, intrigue et surprend. À l’image de la pochette choisie, “Searching For Heaven” est noir, tellement que les Drums semblent muter et être substitué par de drôle de pantins bien moins joviaux. Ce titre est indispensable à Portamento.
  • Please Don’t Leave : le titre le plus Drums 1.0, “Please Don’t Leave” n’aurait pas dû, selon moi, figurer sur Portamento. Probablement écrit il y a 1 ou 2 ans, c’est une erreur de maquette que de l’avoir glissé dans la liste de ce présent opus. Pour le reste, c’est loin d’être désagréable, un b-side aurait juste été bien plus judicieux.
  • If He Likes It Let Him Do It : dès les premières notes, ce sont les nouveaux Drums qui prennent possession de l’espace sonore, des Drums résolument plus matures et plus subversifs. Un petit regret qu’il n’y ait pas encore plus de titres comme ça. La route toute tracée pour le troisième opus.
  • I Need A Doctor : “I Need A Doctor” illustre mes propos premiers : pas nécessairement convaincant à la première écoute, mais ensuite addictif et fort apprécié. Le refrain est tellement décalé qu’on ne peut qu’adhérer.
  • In The Cold : “In The Cold“, comme son titre l’indique, n’est autre qu’une émanation de ces Drums plus posés et réfléchis qu’en 2010. Un titre riche, bourré de petits éléments qui en font une pièce à écouter maintes fois, probablement celui qui a connu la plus grande ascension dans mon estime.
  • How It Ended : une note plus guillerette pour conclure cet opus. “How It Ended” ne saurait cacher la volonté du groupe de prouver qu’ils sont encore, bien que parfois plus dark, ceux capables d’une pop catchy et ensoleillée. Envie de sautiller, les pieds qui s’agissent tout seul ? Rien de plus normal, vous écoutez les Drums, remember.


Pour l’anecdote, j’ai écrit le premier jet de cette critique au Jardin du Luxembourg, pluie et soleil ayant alterné sans scrupule. “Portamento” n’a jamais si bien sonner que sous le soleil, excepté les moments où il pleuvait, à moins que ce ne soit l’inverse. Voilà l’une des forces de l’opus, il s’écoute à tout moment d’une journée et s’interprète de tellement manières. Nul ne doute que quelques “critiques” musicaux auront vite fait de bâcler un papier écrit 45 minutes après la première découverte de l’album, jugeant à coup sûr le ton monotone et répétitif. D’autres, et j’espère que vous en ferez partie, oseront plusieurs écoutes bien que la première ne s’avèrera probablement pas concluante – non en raison de sons trop expérimentaux qui eux poussent volontiers à d’autres écoutes, mais en raison d’une impossibilité à saisir immédiatement les subtilités de l’album -. Les Drums c’est une histoire de nuance sur fond de pop indie et lo-fi. Les plus attentifs ne manqueront pas d’apprécier cet album sans mesure, que ce soit dans une semaine ou quelques mois encore.


Note : 8,8 / 10 (barème)



(mp3) The Drums – Days

(mp3) The Drums – Book Of Revelation

Et aussi :

(mp3) The Drums – Money



En concert le 13 septembre prochain au Nouveau Casino.



Liens afférents :

Article sur le titre “Money”

Concert à emporter du groupe



2 Comments

  • Anonyme

    Un groupe en "THE" de plus…. un combo qui sort déja un deuxième album pour profiter de la vague…

    On recycle (en vain) ce qui a été (très bien) fait dans les années 80….

    A part ça quoi de (vraiment) neuf ???

  • Damien J

    Un groupe en "THE" de plus…
    et alors?

    un combo qui sort déja un deuxième album pour profiter de la vague…
    Je ne crois pas me tromper en disant que beaucoup de grands groupes ont enchaîné les albums plus rapidement que l'ont fait les Drums (4 mois séparent le premier et second album des Beatles)

    On recycle (en vain) ce qui a été (très bien) fait dans les années 80….
    Bien sûr les Drums s'inspirent de certains groupes, comme les Beach Boys ou Joy Division, qui eux-mêmes se sont inspirés d'autres groupes auparavant… ce qui ne les empêche pas d'avoir une identité propre.

    Les Drums sont bien plus qu'un simple groupe en "The", il suffit de lire les interviews de Jonathan Pierce pour s'en rendre compte. Ce Portamento est bien plus profond qu'il n'y parait.

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