Album Review : Hanni el Khatib
” Will the Guns Come Out “
Originaire de Los Angeles, Hanni le Khatib sort ces jours-ci un premier album intitulé “Will the Guns Come Out“, paru sur le label Innovative Leisure Records. Si le père de notre artiste du jour est palestinien, sa mère vient des Philippines, un cocktail que l’artiste aborde fièrement. Hanni el Khatib a commencé dans la mode en tant que styliste pour la marque HUF, ayant toujours eu passion pour la musique, lui guitariste autodidacte depuis l’âge de 11 ans. Il sort aujourd’hui un premier album qui va faire parler, rock sixties pur et sans concession. On aime chez lui le fait qu’il ne renie pas un son puissant et granuleux, rock primaire qui vous saisit dès la première seconde et ne saurait vous lâcher facilement !
Écouter Hanni le Khatib c’est effectuer un retour aux sources en écoutant du neuf, cet artiste aux cheveux gominés sait comment s’y prendre pour puiser en vous l’énergie que vous recherchiez depuis longtemps. Des albums tels que “Will the Guns Come Out” fleurissent rarement, un artiste à son premier essaie et déjà tant de repères donnés sur un son qui lui appartient autant qu’il appartient à l’histoire du rock. Place à la critique détaillée.
- Will the Guns Come Out : un grain de voix qui accroche l’oreille immédiatement, ce premier titre n’est pour l’essentiel pas dans la ligné de l’opus, il demeure une excellente introduction.
- Build. Destroy. Rebuild. : un titre relativement moyen sauvé par un final où la guitare fait des siennes pour le plaisir de nos oreilles qui se préparent à accueillir plus sauvage.
- Fuck It. You Win. : l’un meilleur titre de l’album, le voici le voilà. Hanni y étale sa science du son, la puissance d’un riff simple au service d’un rythme ravageur. C’est à partir de 2min40 que tout se corse, un joyeux bordel dont on retire une seule certitude : le rock, c’est bon.
- Dead Wrong : un Hanni le Khatib avec plus de délicatesse, un Hanni le Khatib plus soul façon Jamie Lidell qui me séduit largement moins. Pas déplaisant toutefois.
- Come Alive : ce titre marque l’album d’une bien belle empreinte : la voix sur double piste produit son effet sans difficulté, la guitare vient subtilement titiller vos tympans avant de vous envahir en fin de titre. C’est bon, très bon.
- Loved One : un titre simpliste et bien pensé. “Loved One” manque toutefois de sophistication pour prétendre au niveau supérieur.
- Heartbreak Hotel : à première vue, “Heartbreak Hotel” et sa voix microphonée (nouvel adjectif) présente tout du très bon morceau. Pourtant, jouissif aux premières secondes, le titre s’essouffle assez vite et manque de variations.
- Wait. Wait. Wait. : “Wait. Wait. Wait.” nous dit Hanni alors qu’une seule chose nous obsède : trouver le titre qui va enfin tour ravager et nous secouer le cocotier. Cette compo, en soi plutôt bonne, ne tombe pas à pic, sa mise en valeur est loin d’être optimale. Dommage.
- Garbage City : les plus réactifs entendront le premier accord de “By The Way” des Red Hot (voilà qui ne nous rajeunit pas), “Garbage City” se révèle en fait décevant, le titre ne décolle véritablement qu’à 3min10, un peu trop tard, même s’il est vrai que le final psyché en vaut la chandelle.
- You Rascal You : un titre explosif – fortement inspiré des Black Keys – comme on en voulait plus. Le potentiel d’Hanni en ce domaine est tout simplement immense, dommage que l’artiste ne l’utilise pas plus. Alors, on écoute “You Rascal You” avec un bonheur qu’on ne saurait cacher. Je signale au passage que ce titre est une reprise de l’immense Louis Prima, titre original datant de 1957 (lien) (thx John pour l’info).
- I Got a Thing (Bonus Track) : titre bonus qui mérite amplement sa place sur un album parfois en manque de punch. “I Got a Thing” vous met immédiatement dans le bain, et Dieu sait que l’eau y est bouillante.
Cet album, comme c’est parfois le cas, fait état de qualités qui sont aussi ses défauts. Le son est brut, les riffs simples et les mélodies immédiatement saisissantes. C’est aussi cela qui fait que l’opus s’essouffle dès la deuxième écoute lancée, le manque de sophistication est décisif, il faut alors y revenir avec plus de recul, quelques heures plus tard. En fait, cet album qui se veut très brut et catchy ne semble pas oser jouer sa carte à fond. Quatre titres mènent la marche, “Come Alive“, “You Rascal You“, “I Got a Thing” et “Fuck It. You Win.“, celui introductif aux côtés de “Loved One” ne lésine pas non plus sur la qualité lorsque les autres viennent ternir un opus qui aurait pu marquer au fer rouge l’année 2011. Voilà le point véritablement frustrant qui ressort d’une écoute prolongée de “Will the Guns Come Out” : le potentiel de l’artiste fait largement penser à celui des Black Keys et il ne semble oser pleinement assumer son statut de rockeur sans concession. On garde toutefois le meilleur pour cette fois-ci et on parie sur un second opus à la pleine hauteur de son talent. Hanni el Khatib, un nom à ne pas oublier, vous êtes prévenu.
Je signale l’existence d’un concert à emporter réaliser par l’artiste en octobre de cette année, c’est toujours aussi pur, un son propre et contrôlé à merveille. Une très belle réalisation pour couronner le tout, as asual (ici).
Lien afférent :
MySpace
Concert à emporter
2 Comments
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Anonyme
You Rascal You, reprise de Cab Calloway, années 30's !
S.
Antoine
i'll be glad when you're dead you rascal you
I trust you in my home you rascal you
You asked my wife to wash you're clothes you rascal you
Ca fait penser à Vieille Canaille de Gainsbourg non ?