Album Review : Puro Instinct
” Headbangers In Ecstasy “
C’est une musique très colorée que nous présentent les deux soeurs californiennes, une musique girly ô combien intrigante. L’intrigue commence par un changement d’appellation, Pearl Harbor étant celle originaire avec laquelle elles commençaient à se faire un petit nom. On doit ensuite souligner le travail de Ariel Pink’s Haunted Grafitti sur cet album, l’album ayant été produit dans son studio personnel. Tous les deux ou trois morceaux, des “Kdod” d’environ dix secondes viennent entrecouper les titres d’une voix off grave et puissante. La ne s’arrête pas les intrigues, la musique elle-même produite par Piper K. et Skylar K. fait se questionner, il est rare qu’un premier album fasse état d’autant de détermination musicale. Place à la critique détaillée.
- Everybody’s Sick : premier titre qui vient non seulement planter le décor du groupe, mais en plus s’affirmer comme le meilleur de l’album. C’est lo-fi sans hésitation, très seventies, ode aux couleurs fluorescentes et autre ecsta – “Easy-listening arena rock for headbangers on ecstasy“, disent-elles -. Psyche, “Everybody’s Sick“ vous emmène là-bas, la maison y brille de milles feux au milieu de la forêt, les riffs sont y sont déterminants.
- Lost At Sea : un titre difficile à appréhender et qui se révèle au fil du temps bien plus riche qu’il n’y parait. “Lost At Sea” est généreux en ce que son univers girly est poussé à son paroxysme, un exercice de style au sein duquel Puro Instinct excelle.
- Silky Eyes : un univers proche d’Au Revoir Simone pour ce titre classique, classieux et inclassable. La deuxième minute laisse la part belle à la basse puis au psychisme peu orthodoxe d’un album décidément décalé.
- Slivers Of You : une introduction très années 80 qui me séduit moins, puis viennent des coeurs très bien sentis, justes et ordonnés. Le refrain, d’une simplicité déconcertante, ne manque pas de produire son effet. C’est avec ce titre que Puro c’est véritablement fait connaître (vidéo ici).
- Stilyagi : peut-être le moins bon titre de l’album. Très et trop lancinantes, les voix ne semblent pas réussir à se relever de cette glue musicale peu travaillée.
- Escape Forever : l’introduction la plus sexy de l’album, l’arrivée de cuivres et puis tout s’égard. Le reste du titre est à l’image de “Stilyagi“, trop peu distinctif et distingué.
- No Mames : adieu lo-fi, bonjour électronique. “No Mames” vient opérer la coupure attendue, non pas qu’il soit franchement convaincant, mais Puro Instinct y affirme sa volonté de diversifier ses sons. C’est l’étonnement qui nous gagne à 3min30 lorsque l’univers du groupe fond entre nos oreilles ébahies, sous la pression d’une basse qui opère table rase. Le meilleur final, aurait fait un excellent titre conclusif.
- Vapor Girls : comme son nom l’indique, “Vapor Girls” ne lésine pas sur la texture brumeuse de ses sonorités. La voix de Piper K. vient je trouve banaliser ce titre qui pourtant avait du potentiel. Nous voilà en présence d’une piste trop semblable à ses premières.
- California Shakedown : un titre très bien pensé, psyché et lo-fi tout à la fois, titre où les guitares semblent égarées dans la nuit d’un studio d’enregistrement peu habité. Puro Instinct y sublime son art, la frontière entre le banal de certains titres et la réussite de celui-ci est fine, toute une magie.
- Luv Goon : un dernier titre plus sixties – 30 ans d’histoire de la musique pop lo-fi à travers ce “Headbangers In Ecstasy” -, “Luv Goon” vient conclure en rythme et électrique un opus qui doit se digérer lentement.
Beaucoup de belles choses au sein de ce “Headbangers In Ecstasy“, clé vers un univers très lo-fi, coloré et gazeux. Je crains malheureusement pour nos belles que leur album soit trop perché pour atteindre le grand public. Il joue sa carte à fond, mais en ressort une impression d’uniformité trop importante. Certes, Puro Instinct ne tombe pas dans le pathos commun constituant à vouloir étaler sa science sur un premier opus fouillis et sans aucune direction artistique. Non, Puro Instinct joue d’un univers tellement bien défini qu’il semble à vrai dire parfois manquer en spontanéité. Le ventre mou de l’opus vient marquer le pas d’une production trop travaillée tant les titres se ressemblent et viennent couper la passion distillée par les premiers titres. Je ne doute toutefois absolument pas qu’un second opus viendra, dans la lignée indirecte de celui-ci, nous enchanter au plus haut point. Puro Instinct a un réel potentiel que certains des titres de “Headbangers In Ecstasy” exploitent. Ce sont pour ces derniers qu’une écoute s’impose. Et puis, elles sont soeurs.
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