Album Review : Animal Collective
“ Centipede Hz “
Animal Collective, ou Panda Bear (Noah Lennox), Avey Tare (David Portner), Deakin (Josh Dibb) et Geologist (Brian Weitz). Centipede Hz est le neuvième album de la formation et le 4 septembre prochain le monde connaitra officiellement l’envergure de cet immense opus, une drogue qui ne tardera pas à contaminer l’ensemble de la population mondiale. Pour entrer immédiatement dans le vif du sujet, cet article est celui d’un immense album qui englobe des milliers de ressentis, des milliers de sons. Animal Collective a fort bien réussi son pari : créer un corpus tout autant homogène qu’hétérogène, un ovni qui deviendra très vite notre meilleur ami.
Il est difficile d’y reconnaître le moindre instrument que nous connaissions déjà, le son de la guitare y est tout particulièrement synthétisé et le rendu définitivement éloigné de ce qu’Animal Collective nous avait déjà présenté. Pour cette raison, écouter Animal Collective est la chose la plus compliquée qui soit, que l’on connaisse ou non cette formation sur le bout des doigts. Impossible d’appréhender toute la richesse de cet opus dès les premières écoutes, impossible également de définir ces titres favoris. La musique d’Animal Collective évolue à travers les écoutes et il se pourrait bien que l’on ne retrouve jamais le sentiment provoqué par une écoute. Mais là réside tout l’intérêt de leur musique, la possibilité de procéder à des milliers d’écoutes en découvrant toujours de nouveaux horizons.
Animal Collective est aussi ce groupe dont les plus fervents admirateurs ne tomberont jamais d’accord. Comprenez, cette musique est faite des dizaines de milliers d’émotions, d’humanité et de corps étranger, il y est tout simplement impossible d’y trouver le même intérêt. Une chose demeure, Centipede Hz est de ces rares albums qui transmettent une adrénaline que seule la musique peut produire. Écouter cet opus devient vite un essentiel, celui de vivre plus vite, plus fort. Place à la critique détaillée :
Cliquez ici pour écouter l’album
- Moonjock : Une extraordinaire dose d’énergie, un titre aux antipodes de ceux plus noirs de l’opus. “Monjock” emmène l’auditeur dans les sommets les plus colorés de la musique expérimentale, usant d’un power-rock anarchique que l’on est bien peu habitué à entendre.
- Today’s Supernatural (ici) : Outre l’indéniable touche Panda Bear, on notera aussi la très forte influence de Deakin et sa guitare assassine, lui qui s’était éloigné du style plus dansant de Merriweather Post Pavilion. L’ajout de cette guitare quasi-punk est l’une des plus étonnantes surprises de l’opus, à notre plus grand plaisir.
- Rosie Oh : Ce morceau très structuré voit Avey introduire le chant accompagné de sonorités très années 70 avant que Panda Bear ne prenne le relais. Comme Animal Collective sait si bien le faire, le final est à la hauteur des envies les plus psychés.
- Applesauce : “Applesauce” est une superbe partition que l’on écoute la nuit, entouré de ces milliers d’insectes. Le refrain du morceau, probablement écrit par Panda Bear, est un hymne que l’on ne peut déjà plus oublier. Et puis, comme nous, Avey confesse “I’ll eat a mango and I’ll feel like a little honeycomb“.
- Wide Eyed : Un titre comme Animal Collective sait si bien en produire. Bien qu’écrit par Deakin, “Wide Eyed” est fait d’un univers très fidèle à celui de Panda Bear. De l’aveu du groupe, ce titre retranscrit le signal d’une onde radio AM radio entendue des années auparavant qui auraient traversé les années.
- Father Time : Tout comme “Applesauce“, “Father Time” rappelle le fabuleux Spirit They’re Gone, Spirit They’ve Vanished. Titre de psych-pop, on semble entendre le son qu’auraient produit les Beatles en 2012 après toutes ces années de LSD.
- New Town Burnout : Grandiose. “New Town Burnout” est une symphonie expérimentale qui, alliant la pop psychée des plus sombres heures et l’électronique d’un futur bien incertain, accompagne l’auditeur là où jamais il n’aurait pensé se trouver. Ce titre est le plus glacial de l’album, sortez vos parkas, ça va geler.
- Monkey Riches : Dès les premières secondes, nous avons conscience de faire face à quelque chose de bien plus grand que nous, une entité étrangère à toute vie humaine qui nous dépasse de loin. “Monkey Riches” est le titre le plus marquant de cet opus, plus de six minutes d’un type de musique que l’on découvre pour la première fois. Le refrain est l’un des plus extraordinaires de l’année, nul besoin d’expérimenter un décollage de fusée pour savoir ce que provoque un maximum d’adrénaline.
- Mercury Man : Ce titre est une des parfaites expressions du paradoxe Animal Collective : une musique très hippie-influencée alliée à la volonté d’accueillir à bras ouvert la technologie du 21ème siècle et changer de futur.
- Pulleys : Ce morceau est la version subsaharienne des titres tropicaux de Panda Bear. Animal Collective semble y avoir transformé des titres de Django Django (ici) en une perle de pop psyché reconnaissable entre toutes.
- Amanita : Un final d’exception. La troisième partie de ce morceau est une autre illustration de la puissance de l’opus, une musique qui confond l’entendement. Animal Collective conclut ce magnifique opus par un ultime morceau plus psychédélique encore que les précédents. Amen.
Si je ne devais garder qu’un mot pour décrire cet opus, ce serait ‘psyché‘. Et ‘créatif‘. Et bien d’autres encore, tellement la musique d’Animal Collective est la plus riche qui soit. Jamais un groupe n’est parvenu à user d’autant d’éléments, et Centipede Hz s’avère être une splendide création, à tout point de vue.
C’est une influence très rock qui plane à travers les titres, et même si l’opus est coproduit par le groupe et Ben Allen déjà présent sur Merriweather Post Pavilion, ces derniers ne se seront pas gênés, une fois encore, pour changer de direction et donner à l’ensemble de leur discographie leur toute meilleure création. Animal Collective s’impose au sommet de la création musicale. Écouter Centipede Hz est comme pénétrer mille musées à la fois, une expérience qui ne laissera personne indifférent. C’est grand.
Note : 9,1 / 10 (barème)
Post a comment