Youth Lagoon est un grand artiste. Son premier album, chroniqué il y a plus d’un an sur Still in Rock (article), est la promesse en un monde meilleur, plus doux, plus mélancolique. Il en va de même pour sa session Daytrotter, un quasi-miracle (article). Son deuxième opus, Wondrous Bughouse, sortait le 5 mars dernier. Youth Lagoon a-t-il réédité le spleen californien ?
A deux doigts d’intégrer Wondrous Bughouse dans le grand article sur le plantage de Foals et Phoenix (ici), je me suis ravisais : l’album mérite en réalité plus de retenue. Un constat s’impose toutefois : cet opus est largement en deça de The Year Of Hibernation. Un monde sépare ces deux albums, celui de la retenue, de la justesse. L’un est un album magique alors que l’autre peut facilement apparaître comme les élucubrations – souvent douteuses – d’un artiste à la recherche d’une nouvelle identité.
Pourtant, le voyage démarre agréablement avec “Through Mind and Black“. Le sous-marin Wondrous Bughouse descend sous le niveau de l’eau et nous embarquons paisiblement. Dès le second morceau, “Mute“, on comprend quelle est la teneur de cet album : très vite étouffant, on ne prête pas véritablement attention à la mélodie et seul le silence nous redonne espoir. La production est étrangement lo-fi, ça ne colle pas à la musique. Le même effet se produit avec “Attic Doctor“, le titre s’envole rapidement et l’on se sent submerger par des sonorités bien trop aiguës. Si “Pelican Man” est un titre plus intéressant parce que moins strident et moins imposant, ça demeure ne franchement pas transcendant, loin de ce que Youth Lagoon avait pu jusqu’alors produire. De plus, sa voix flirte avec des fausses notes qui ne sont pas pour nous redonner le sourire.
“Sleep Paralysis” est de loin le meilleur morceau de l’opus. Majestueux et dantesque, il est le genre de titres que seul Youth Lagon est capable de produire. Et il l’a fait. Un constat similaire s’impose pour “Raspberry Cane” : Youth Lagoon s’éloigne en partie de ses sons aigus et répétitifs. Quel bonheur. Ce titre a de plus l’immense avantage d’avoir une belle mélodie. “Daisyphobia” est finalement un titre conclusif sans trop de saveur et qui n’appelle pas véritablement de commentaires.
En somme, tout n’est pas à jeter. Ce constat est toutefois fort attristant tant Youth Lagoon était capable de nous délivrer un opus d’exception, ce que celui-là n’est pas. Une moralité à tout ça ? The Year Of Hibernation, son premier, est un album comme il s’en fait peu, de loin au-dessus du lot : le réécouter sera toujours la meilleure des choses à faire.
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Live Review de Youth Lagoon
Album Review de The Year Of Hibernation
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