Kurt Vile. Le magicien aux cheveux (très) longs est de retour. Son nouvel opus, Wakin On A Pretty Daze, est paru le 10 avril dernier via Matador (label, en autre, de Pavement et Yo La Tengo). Cet album s’écoute tranquillement posé sur la rocking chair d’un ponton survolant une rivière dont la clarté de l’eau n’a pour égal que la musique de Kurt Vile. On se balance doucement et on s’approprie les artifices de Kurt sans la moindre difficulté.
Il est étrange de constater que Kurt Vile suscite des réactions très extrêmes alors que sa musique est souvent douce et consensuelle. Certains le voient tel l’ultime cool-dude lorsque d’autres dénoncent un abominable ennui. Force est pourtant de constater que Kurt Vile délivre son art avec une précision ultime. L’écoute de sa musique est la clé vers un monde plus insouciant, moins sévère. Kurt Vile sait dévoiler des moments nébuleux où sa musique flotte au-dessus de nos esprits. À écouter cet opus, on se dit que la musique folk à encore tant à nous donner.
Les titres de l’opus sont très longs, une véritable épopée où l’on est délicatement cueillie par la gracilité de Kurt Vile. C’est tout en douceur que se fait l’écoute de Wakin On A Pretty Daze, sans même que l’on ne s’aperçoive être entré dans une sphère musicale de si belle qualité. Kurt Vile pourrait être le guru d’une nouvelle génération, à la frontière entre les sciences de la médiation et d’un mysticisme casuel. Place à la critique détaillée :
- Wakin On A Pretty Day : “Wakin On A Pretty Daze” a beau avoir été dévoilé il y a quelques semaines déjà, il n’en demeure pas moins un splendide voyage. Tout commence véritablement à 4min30, passant d’une marche admirative à des instants plus fougueux. Les réverbs de la guitare que l’on entend là sont celles qui guideront tout l’opus. Comme pris d’en empressement soudain, le souffle s’accélère.
- KV Crimes : L’un des sons les plus reconnaissables de l’album. Le classic rock de la guitare fait de “KV Crimes” un titre à mi-chemin entre la nonchalance habituelle de Kurt Vile et une création plus pêchue, plus surprenante.
- Was All Talk : Un rythme trop rapide qui en réalité cache une belle mélodie. Plusieurs écoutes finissent par nous y habituer, mais ce titre ne méritait pas une telle longueur, il en devient trop difficile de rester absorber.
- Girl Called Alex : Pas des plus transcendants, “Girl Called Alex” est un morceau plus intéressant qu’il ne peut y paraître. La fraîcheur de la brise se fait ressentir.
- Never Run Away : Plus incisive, l’orchestration de “Never Run Away” est du Kurt Vile tout craché. “Never Run Away” est un des titres qui nécessitent quelques d’écoutes.
- Pure Pain : Membre du Big 5, “Pure Pain” rappelle la magie des Fleet Foxes. Plusieurs tableaux constituent ces longues minutes où Kurt Vile y est particulièrement inspiré. La voix de Kurt Vile nous assaillit de toutes parts.
- Too Hard : Une pleine méditation de Kurt Vile, “Too Hard” est un titre où le songwritting prend tout son sens. Le reflet de l’eau, les sillons de la guitare, la voix posée de Kurt Vile, tout est bien qui va pour le mieux.
- Shame Chamber : Le titre le plus gai de l’album, un espace sonore fleuri qui semble côtoyer la musique de Devendra Banhart. Quelques minutes d’ensoleillement. Impossible de penser que ce morceau puisse demeurer encore longtemps sans sa session vidéo où Kurt Vile donnera au solo final les images que l’on réclame.
- Snowflakes Are Dancing : La même formule, le même entrain. Si “Snowflakes Are Dancing” présente une pop plus vive, le morceau demeure est un poil trop long, un poil trop brouillon. Ça en finirait même par en présenter un certain charme.
- Air Bud : Un titre dont on aurait pu se passer. Pour autant, ces quelques minutes où Kurt Vile flirte avec une musique psyché demeurent intéressantes.
- Goldtone : Un final pas des plus excitants mais qui demeure agréable. Kurt Vile récite sa dolce vita, sans empressement.
Wakin On A Pretty Daze est encore plus contemplatif que ses précédents opus. Un Big 5 se détache incontestablement. Les trois derniers morceaux sont moins convaincants, laissant place à une lassitude qui s’installe confortablement. Pour autant, déliée et ténue, la musique de Wakin On A Pretty Daze oblige à prendre son temps. Quasi-anachronique, cet opus de Kurt Vile s’impose comme l’un de ceux à retenir en cette année 2013.
Dans la lignée d’opus tel que Spooky Action at a Distance de Lotus Plaza, le Passing Cloud de Murals, Fleet Foxes et certaines créations d’Atlas Sound, Wakin On A Pretty Daze s’inscrit en plein dans le genre contemplatif. Aucun raté, plusieurs coups d’éclat, voilà ce qui compose son nouvel opus. Kurt, well done.
Note : 8,4 / 10 (barème)
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