Can, époque Malcolm Mooney. Can est un groupe allemand né à la fin des années 1960 du fait de l’initiative d’Irmin Schmidt. Alors que beaucoup décrivent leur grande trilogie comme étant celle des opus Tago Mago (1971), Ege Bamyasi (1972) et Future Days (1973), l’article d’aujourd’hui se concentrera sur l’époque Malcolm Mooney, chanteur originel du groupe. Scupteur américain, Malcolm rencontrera les membres de Can à Paris en 1968. Réputé pour son instabilité mentale, il quittera le groupe en 1970 sur les conseils de son psychiatre. Résultera de cette collaboration le premier opus de Can, Monster Movie, paru en 1969. D’autres morceaux enregistrés à la même époque paraîtront sur l’opus Delay 1968, en 1981.
La musique de Can allie un aspect très mécanique, quasi-machiniste, avec des sets de free rock au paroxysme de la création. Can a d’ailleurs enregistré bon nombre de ses titres de la sorte : de longues sessions d’impro ensuite masteurisées en studio. En résultent des morceaux souvent très longs (la barre des 15 minutes est régulièrement franchie), sorte de Jam épiques. Écouter Can, c’est ainsi intégrer l’entrepôt d’un musée d’art moderne, un endroit où les éléments s’entrechoquent et bougent en permanence, un univers similaire à la Factory de Warhol. Sans aucun équivalent, de près comme de très loin, Can aura assurément marqué de nombreuses générations de musiciens.
Monster Movie est composé de seulement quatre titres. La dynamique de cet opus est très différente de ce que seront les futures créations du groupe. Premier opus post-Velvet Underground, on y découvre quatre titres saisissants que Malcolm Mooney côtoie d’une voix profonde. Le premier titre, “Father Cannot Yell“, est la première touche Velvet de l’opus, façon White Light/White Heat. Puis vient “Mary, Mary So Contrary“, un titre progressif qui révèle tout son éclat au fil des minutes. “Outside My Door“, la troisième création, aurait tendance à passer plus inaperçue. C’est une erreur. Ce titre mêle expérimental et psychédélique à la perfection. Sans conteste aucun, la perle de cet opus se nomme “Yoo Do Right“. Titre de plus de vingt minutes bâti autour de l’interlude central à la 10ème minute, on y découvre une splendide guitare à la 13ème, alors que la 16ème fait renaître le titre de ses cendres.
Delay 1968 est un opus composé de sept morceaux. L’album s’ouvre sur “Butterfly” et le premier constat est toujours le même : Malcolm Mooney constitue la pièce centrale du groupe, celle qui mène les titres vers les sommets. “Nineteen Century Man” est un titre court (rendez-vous compte, seulement cinq minutes) et très efficace, une fois encore du style VU. “Thief” est un morceau poignant, l’un des plus sincères du groupe. La musique y est grisante, Malcolm a la voix triste, épuisée. “Man Named Joe” renoue avec une musique plus rythmée pour un autre grand moment de musique. “Uphill” révèle une belle guitare, un titre incisif qui fait partie des tout meilleurs du groupe. L’album se conclut sur “Little Star Of Bethlehem“, la parfaite réplique au “The Gift” de Velvet. On y décèle également des airs de Jimi Hendrix. Le résultat ne pouvait être, bien entendu, qu’époustouflant.
Malcolm Mooney fera également paraître deux albums solos sous le nom de Malcolm Mooney and The Tenth Planet, en 1998 et 2006. Mais c’est une autre histoire…
Titres issus de Monster Movie :
(mp3)
Can – Mary, Mary So Contrary
(mp3)
Can – Yoo Do Right
(20min28)
Titres issus de Delay 1968 :
(mp3)
Can – Little Star Of Bethlehem
(mp3)
Can – Nineteen Century Man
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LaTouf
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