Album Review : Morgan Delt – Morgan Delt (Psych Pop)







Album Review : Morgan Delt

Morgan Delt







Morgan Delt est un artiste originaire Los Angeles, un nouvel ovni sur la scène psychédélique, un nouvel espoir. Il a fait paraître son premier EP en 2012 sur le label Inflatable Tapes. Psychic Death Holetitres dévoilait déjà ce que son premier opus allait contenir : beaucoup de pop, encore plus de sons psychédéliques, et une superbe imagination à la Magic Markers (article). Ce premier opus est sorti en janvier dernier sur Trouble in Mind, le fameux label de Chicago qui abrite de grands noms à l’image de Fuzz, The Resonars, Mikal Cronin, Ty Segall et j’en passe .



Ce premier opus de Morgan Delt ressuscite de nombreuses fois la musique psychédélique des années soixante, celle de The Collectors, ou des Electric Prunes. La volonté de ne jamais trop en faire vient parfaitement sublimer ces créations toujours super bien senties. Il y a assurément quelque chose de Tame Impala, un brin du premier Pink Floyd de Syd Barrett, et des effluves de 13th Floor Elevators (article). Mais l’un des très grands points forts de Morgan Delt est de ne jamais nous donner exactement ce que l’on veut, une sorte d’anti-Easton Ellis. Les titres parviennent à nous emmener là où on ne s’y attend pas, et nous laissent ensuite sur notre faim, créant une nouvelle addiction que l’on ne soupçonnait pas. 
Les titres sont tous plus barrés les uns que les autres. A dire vrai, on y perd un peu son nord. Chacun d’entre eux recèle de tellement de structures et de sons en tous genres que l’on a parfois l’impression de ne pouvoir se les approprier véritablement. En fait, cet album nécessite plus de temps que la majorité des autres. Les mélodies les moins évidentes s’avèrent souvent être les plus noires et les plus intéressantes. Les recoins bien sombres de Morgan Delt révèlent de merveilleux trésors, brillants et intensément proches des quelques lueurs de Lonerism.

Balade surréaliste, bienvenue dans la caverne aux lanternes de Morgan Delt. Place à la critique track-by-track :

  • Make My Grey Brain Green : Une excellente introduction, subtile et ludique. Morgan Delt fait exploser sa palette de couleurs. Les quatre phases qui composent “Make My Grey Brain Green” sont très prometteuses. Voilà ce que l’on appelle une sacré bonne introduction.
  • Barbarian Kings : L’un des meilleurs titres de l’opus. Les premières secondes sont particulièrement percutantes. “Barbarian Kings” est une formidable entrée dans l’univers psychédélique de Morgan Delt. Le son délivré est très détaillé, un superbe travail de minutie. Les sonorités orientales rappellent plusieurs créations de Tinariwen.
  • Beneath the Black and Purple : Le tempo est un brin trop rapide, mais heureusement, Morgan Delt parvient à le tourner à son avantage dès la deuxième minute. Ce morceau accélère incontestablement le rythme et réussit à finalement susciter suffisamment d’excitation pour entamer le deuxième tiers de l’album avec impatience. Le morceau nous secoue dans mille directions, nos oreilles ne savent plus que faire et le rythme cardiaque s’accélère. En somme, “Beneath the Black and Purple“, c’est l’histoire d’un morceau qui se trouve exactement là où il le fallait, ce que sublime son éclat. Que se passe-t-il vraiment ? D’où proviennent ces gouttes qui tombent avec instance ? Réponse dans les titres suivant.
  • Mr. Carbon Copy : “Mr. Carbon Copy” est très certainement l’un des plus pop de Morgan Delt. On ne perd pas l’aspect psychédélique qui reigne dans chaque nouvelles cavités, preuve en est la très précoce interlude, qui revient encore, et encore, et encore. On se rappelle que Django avait, en 2012, sorti un opus très intéressant, dans un genre parfois similaire. L’aspect très ludique de “Mr. Carbon Copy” lui donne un côté rétro-attachant qui ne manque jamais de faire son effet. Bienvenue dans un tableau de Sonic le hérisson. Robotnik est à vos trousses, saurez-vous attraper toutes les pièces dans le temps imparti ? 
  • Obstacle Eyes : Oui, ce titre est l’un des plus magique de l’album. On entre dans une nouvelle pièce Psych Pop où les notes parviennent à sautiller sur les pièces d’or qui jonchent le sol. Plein les yeux, “Obstacle Eyes” fait de la musique de Morgan Delt un fabuleux trésor. Des refrains de cette qualité ne courent ni les rues, ni les montagnes magnifiques. Voilà ce qu’est la pop psychédélique que tant de groupes cherchent à atteindre (n’est-ce pas, Temples) : un bon sens du groove et savoir comment agencer des mélodies imprévues parviennent à créer l’effet recherché. “Obstacle Eyes” casse le rythme, envoies d’énormes reverbs et fait l’apologie du chiiiillll. Ça réussi très bien à Morgan Delt.
  • Little Zombies :
    Little Zombies” se fait désirer. La première minute est surement trop répétitive pour parvenir à nous accrocher alors que le morceau est déjà placé en 6eme position. On sait toutefois que Morgan Delt ne pouvait en rester là. Lorsqu’une seule note prend le pas, on se dit qu’il tient encore quelque chose de potentiellement très explosif. Il n’en fera rien, la route vers l’or doit se poursuivre. “Little Zombies révèle particulièrement l’importance de la basse dans les créations de Morgan Delt. La phase qui intervient à partir de 1min20 est l’une des plus marquantes de tout l’album. Elle fait de “Little Zombies” un titre addictif.
  • Chakra Sharks : Les présentations avec “Chakra Sharks” sont pour le moins détonantes. Un morceau dans l’esprit de White Fence, un titre qui se révèle être bien trop court. Morgan Delt tenait pourtant de quoi nous en envoyer plein la vue, la montée en puissance est assurément réussie et la batterie cogne de plus en plus fort, ce qui n’est pas sans son effet électrisant. Mais la mélodie demeure un poil trop attendue pour que “Chakra Sharks” intègre le top de cet album.
  • Sad Sad Trip : Morgan Delt assume un côte quasi-minimaliste qu’on ne lui connaissait pas encore. La simplicité de la mélodie révèle plus encore la richesse de l’orchestration. Voilà un titre parfaitement balancé. On approche doucement de notre but. L’ange se cache dans les détails. Il suffit de quelques secondes d’un refrain particulièrement bien trouvé pour que l’album atteigne des sommets trop peu explorés. Pour la deuxième fois de l’opus, le travail de la basse se fait magnifiquement ressentir. De la même façon que le fait “Little Zombies“, “Sad Sad Trip” est un morceau où la musique de Morgan Delt semble plus épanouie. On y voit fleurir une pop psychédélique de toute beauté.
  • Backwards Bird Inc. : “Backwards Bird Inc.” est probablement le titre le plus psychédélique de tous, alors forcément, on ne peut qu’acquiescer. Morgan parvient à y transcender son art. Il se passe quelque chose de grand. “Backwards Bird Inc.” nous saisit immédiatement et ne nous lâchera jamais. Nous voilà à courir pour la première fois de l’album, exalté à l’idée de soutenir un tempo qui n’en fini pas de s’accélérer. Les guitares qui explosent en background semblent fébriles et la batterie ne nous laisse jamais tomber. “Backwards Bird Inc. fait de Morgan Delt un très très bel album. Cette sensation de hâte scie parfaitement à la musique psychédélique de l’artiste. Morgan Delt y explore véritablement les profondeurs de la musique psychédélique, donnant à son auditeur un équivalent des sessions de The Pretty Things.
  • Tropicana : Pas de doute, Morgan Delt avait réserver du très bon pour la fin. Bien que mélodie aurait peut être mérité plus de travail, “Tropicana” est l’un des titres les plus exotiques de l’album. C’est ici que toute l’influence de Syd Barrett se fait ressentir. On ne laisse pas de telles créations s’en sortir si impunément. Qui avait vu venir le final baroque où piano et clavecins viennent compléter la danse ? 
  • Main Title Sequence : Nécessairement, alors que notre quête touche à sa fin, on se demandait bien ce que Morgan Delt avait pu nous préserver. La musique du Saint Graal ? Celle d’une source intarissable ? En réalité, il est difficile de dire si la conclusion nous convient parfaitement. L’éclat des titres précédents fait de “Main Title Sequence” une parfaite transition à un prochain album que l’on est impatient de découvrir.

Morgan Delt fera nécessairement partie des meilleurs opus
psychédéliques de l’année 2014. Malgré ses quelques facilités mélodiques qui dénotent avec la
richesse de l’instrumentalisation, cet album est un véritable objet précieux.
L’intensité y est continue et la quête vers le trésor se trouve être très
colorée. Dans la lignée des opus psychédéliques de la grande époque de la Flower
Power, Morgan Delt vient, d’un coup d’un seul, de se faire un nom parmi les
très grands de ce genre musical souvent mal représenté.

Note : 8 / 10 (barème)

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