Album Review : Stephen Malkmus & The Jicks
Wig Out at Jagbags
(For the english version of this review, please so below)
Stephen Malkmus & The Jicks, mélodies éternelles. Voilà déjà trois semaines que je dois ‘prendre la plume’ pour écrire cet album review. Seulement, s’attaquer à Stephen Malkmus est toujours un exercice difficile, sinon impossible. Je l’ai dit et redit, Pavement demeure à mon sens le meilleur groupe de l’histoire, tous genres, toutes époques confondues. Alors, à chaque nouvelle sortie de Stephen, une confusion s’installe entre excitation d’écouter de nouvelles créations et peur d’être déçu.
- Planetary Motion : IMPATIENCE. Plus vite, plus fort, il nous faut plus et tout au même instant. “Planetary Motion” nous donne trop pour ne pas succomber à l’impatience, une fois au moins, d’avoir entièrement écouté cet album. Il est certain que l’on n’oubliera pas ces premières notes de si tôt. La première minute de “Planetery Motion” est très exactement à l’image de l’album : catchy, complexe, variée, et largement menée par la voix de Stephen Malkmus. C’est une introduction très pop. Le rythme ne faiblit jamais et Stephen nous emmène déjà dans le pays très coloré du Jagbags.
- The Janitor Revealed : EUPHORIE. Ces voix qui n’en finissent pas de surgir, les guitares qui viennent semer le trouble, “The Janitor Revealed” crée les premières sensations d’euphorie. Un titre complexe en ce qu’il se rapproche énormément de Pavement (il suffit d’écouter leur session BBC pour s’en convaincre) tout en conservant la touche Jicks. En fait, la proximité de la voix de Stephen et la courte durée des boucles font que ces quelques minutes se rapprochent de ses créations nineties. En revanche, l’arrivée des deux guitares à mi-chemin a quelque chose de très limpide. Ce qui se passe à la troisième minute est l’illustration de ce que les interludes de Wig Out at Jadbags sont les moments les plus géniaux de l’album. La guitare finale a parlé.
- Lariat (article) : ADMIRATION. Comment ne pas reconnaitre l’éternel qui se cache dans ce morceau. Voilà le premier single de cet opus. Déjà 2 mois qu’il nous a été dévoilé, et déjà les premiers signes que cet album est très, très grand : pas la moindre sensation de lassitude et toujours ce même plaisir à l’écoute. “Lariat” résume ce pour quoi Wig Out at Jadbags est un album complexe : certains l’écouteront d’une oreille peu attentive, le trouveront bon, mais ne seront pas transcendé. D’autres, les amoureux de belles mélodies, détaillées et précises, y verront l’un des tout meilleurs albums de l’année, et assurément la marque du génie de Stephen Malkmus. Ce titre est ce que l’on appelle un hit, un chef d’oeuvre, une masterpiece. Il nous sera désormais impossible d’écouter les premières secondes de “Lariat” sans exalter à l’idée de trois minutes grandioses. La POP trouve là ses lettres de noblesse, ne cherchez plus ailleurs.
- Houston Hades : AMOUR. “Houston Hades” est si communicatif, si prenant. Il y avait les 30 premières secondes de “Sweet Jane“, il y aura désormais celles de “Houston Hades“. C’est le Stephen farceur de “Carrot Hope” que l’on retrouve ici (parenthèse, ne manquez pas cette vidéo, à mon sens le meilleur clip jamais réalisé). Simplicité et perfection ? “Houston Hades” est l’un des morceaux les plus évidents de cet album. La raison ? Un refrain qui semble préexister à cet opus, toujours cette même voix de Stephen, et des paroles entraînantes. Ce genre de morceau, que l’on ne trouve nulle part ailleurs, est probablement l’un des plus brillants de l’opus.
- Shibboleth : PUISSANCE. Il sera bien impossible de résister à l’introduction de “Shibboleth“. Slanted and Enchanted revient au pas de course avant que la pop ensoleillée des Jicks viennent y remettre un peu de lumière. C’est, en apparence, LE titre le plus hard de l’album, celui qui cogne le plus, le plus Pavement de tous. Pourtant, “Shibboleth“, mené par la batterie, est un morceau qui allie au psychédélisme la dose pop des autres morceaux.
- J Smoov : MELANCOLIE. “J Smoov” restera dans les mémoires. Ce que l’on n’est pas vraiment habitué à entendre Stephen Malkmus jouer au crooner. On n’est pas vraiment habitué non plus à entendre des cuivres résonner en background. S’il en fallait un que nous n’avions pas vu venir, c’est bien “J Smoov“. Un titre d’hiver pour les froides journées de janvier. Un titre pour habiller nos moments de tranquillité. Il suffit finalement de peu pour faire un morceau génial : une voix, des cuivres un peu jazzy, et un interlude à 1min50 absolument imparable.
- Rumble at the Rainbo : EXALTATION. Loin du punk rock que les premières secondes semblent annoncer, “Rumble at the Rainbo” est encore une création très mélodique. Plus court morceau de l’opus, Stephen y délivre une bonne d’ose d’adrénaline avant d’attaquer la dernière ligne droite de l’album.
- Chartjunk : BIEN ETRE. “Charjunk” est un morceau dans lequel on se sent bien. Bien qu’il manque à “Chartjunk ” le petit quelque chose qui crée des étincelles, l’arrivée d’un petit solo de guitare fait du bien. Voilà un morceau sur lequel on s’arrêtera longtemps, intrigués.
- Independence Street : ETONNEMENT. Cette guitare n’en finira jamais de nous surprendre. Le titre qui laisse le plus une grande place à la guitare de tout l’album. “Independence Street” est un morceau plus Terror Twilight que les autres. On entre à présent dans le money time, et “Independence Street” fait clairement partie des meilleurs de cet album. C’est le nouveau son de guitare de Malkmus qui parle ici. On est assurément transporté par un titre qui prend le temps de nous délivrer ce qu’on aime entendre.
- Scattegories : JOIE. Les variations de “Scattegories” font que l’on n’en finit pas de se dire à quel point on aime ces divers enchainements. C’est l’un des titres sur lequel il est le plus difficile d’écrire. “Scattegories” est également l’un des morceaux qui gagnent le plus à être écouté. On y retrouve la filière “Baby Yeah” de Pavement, un titre qui s’installe lentement pour finalement nous laisser sur notre faim. Jouissif et rageant à la fois.
- Cinnamon and Lesbians : CONFIANCE. Nous y sommes, l’état d’exaltation est parfaitement atteint, rien ne peut à présent nous arriver. J’ai beau chercher, je n’ai pas trouvé de ressemblances entre ce titre et le “Cinnamon Girl” de Neil Young. “Cinnamon and Lesbians” est sans conteste l’une des plus belles démonstrations de ce que la musique que produit Stephen Malkmus avec les Jicks est géniale. Le final de “Cinnamon and Lesbians“, la présence chaleureuse de la voix de Stephen, ces mélodies qui ne s’en finissent pas, tout est bien qui fini bien. Quelques ressemblances avec le premier opus solo de Jack White apparaissent ici (voir Album Review).
- Surreal Teenagers : TRISTESSE. Non seulement ce titre nous rappellera à chaque fois nos premiers amours, mais il est aussi le dernier de l’album. Alors, si les Jicks y rajoutent des chorus langoureux, nous sommes définitivement pris dans le tourment. Forcément, le dernier morceau se devait de nous surprendre une dernière fois. Forcément, ce titre devait ne pas en finir de varier, il devait nous emporter avec lui, susciter l’engouement nécessaire à ce que l’on se dise : Stephen est plus grand que les autres.
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Stephen Malkmus & The Jicks. Tackling the subject of Stephen Malkmus is always a difficult task, if not an impossible one. I’ve said it over and over, Pavement remains the greatest band in history, of any genre or era, period. It’s no surprise then that each time Stephen releases something new, I find myself torn between excitement and a creeping fear of disappointment.
Malkmus is one of only a handful of 90’s songwriters whose music has overcome the ravages of time, alongside Thurston Moore, Robert Pollard, Doug Martsch, and a few others. Malkmus, however, is the only one among them to have extended his genius to so many different styles. He’s also the only one that seems to be able to resist the temptation to rework old methods of success, instead reinventing each of his efforts, each project, each title. It’s that reinvention – his capacity to continue to surprise us — that makes Stephen Malkmus one of the best songwriters of all time.
After Pavement, Stephen took an undeniable turn toward pop. He released two albums under his own name: Stephen Malkmus (2001) and Face the Truth (2005), but it was under the Jicks that he has been the most productive. Pig Lib (2003) was their first album, after which came Real Emotional Trash (2008) and Mirror Traffic (2011). On January 6, their latest effort, Wig out at Jagbags, was released. Jagbags is – and I say this without hesitation – the best yet from Stephen and his Jicks.
The album, with its twelve tracks and all their catchy airs, is clearly made for insiders. Grungy guitar licks are few and far between, having made way for touches of Jangle Pop. The lyrics are not addressed directly to the listener, one of the major differences it has with Pavement. They are nevertheless often quite poetic, a trait that we have been seeing less and less often in music. The cynicism of Pavement has gone, and a new positivity asserts itself here.
Wig out at Jagbags is very complete, and demands to be digested slowly. Yet the contrast between immediacy of melody and duration of chorus makes, and will make, Wig Out at Jagbags one of the most under-appreciated albums of 2014. Often mixing Bogdanovic-esque American oldies motifs with avant-garde Indie Pop, the album shines in particular through its interludes. Tracks like “The Janitor Revealed” or “Surreal Teenagers” attest to this fact.
In sum, the only fault of this album is that it must be compared to Pavement. It will win a few new hearts for Stephen Malkmus and the Jicks, but more importantly it will reinforce Malkmus initiates of what they already know: the artist is still here.
(thanks a lot to Patrick for the translation of this review)
Liens afférents :
Article sur “Lariat“
Article de présentation de Pavement
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