Guided by Voices. En mars dernier, Still in Rock publiait l’Album Review du dernier album de Guided by Voices, Motivational Jumpsuit. Au terme d’un long article, et d’un 8,5/10, nous évoquions déjà son successeur, Cool Planet. Celui-ci vient enfin de paraître. Composé durant l’hiver glacial qui vient de frapper le nord-est des Etats Unis jusqu’à l’Ohio (terre de GBV), cet opus se compose de 18 morceaux qui appliquent souvent à la lettre la formule Guided by Voices.
Le premier titre, “Authoritarian Zoo“, fait se dire que GBV a définitivement trouvé la recette du rock parfait. “Fast Crawl” intègre la tradition de ces Guided by Voices qui nous prennent aux tripes. Le son de la guitare cogne super fort. “Psychotic Crush” continue dans la même veine, avec un son qui pénètre véritablement notre inconscient. L’envie de plisser les yeux nous en prend tellement Robert Pollard semble décider à mettre notre endurance à vive épreuve. Rapidement, on arrive sur “Costume Makes The Man“, un titre qui s’introduit tel une pièce de Folk à la Calvin Johnson. On perd en efficacité sur “Hat Of Flames“, mais fort heureusement, “These Dooms” donne une place centrale à Pollard, sur fond d’un son crunchy tellement symbolique de ce qu’est GBV. C’est l’un des meilleurs passages de ce Cool Planet. “Table At Fool’s Tooth” est clairement un titre pour les amoureux d’un rock ‘n’ roll très pur, parfois Ramones-esque, parfois early-BAND.
“All American Boy” est de loin le plus long morceau de l’album. GBV prend prétexte de ces 3min45 pour nous délivrer une pièce de Rock qui marquera 2014. Le refrain, certainement le plus mémorable de tout l’album, a le spleen des grandes créations du groupe, tout en oubliant pas susciter ce curieux espoir que l’on retrouve parfois chez les VU. Et puis, il est suffisamment rare d’entendre du piano dans les créations du groupe pour le noter, et l’apprécier. La dernière reprise est tout simplement splendide. Histoire de perpétuer cette excellente dynamique, Guided nous donne un titre acoustique qui ne manque pas de nous émouvoir autant que le précédent. “You Get Every Game” est une création à part, qui ne manquera pas d’intriguer son auditeur. Le changement de la guitare acoustique à l’électrique se fait avec brio. On retrouve ensuite un titre qui répond à tous les standards du parfait Robert Pollard, c’est “Pan Swimmer“. Pas de chichi, le riff arrive dans les premières secondes et GBV boucle la boucle en tout juste une minute.
“The Bone Church” est un titre qui rend hommage au talent de Tobin Sprout, autre membre de GBV (qui a composé le superbe “Awful Bliss” en 1994) . Le titre est plus structuré que s’il était de Pollard. Et puis, qu’on le vieille ou non, “Bad Love Is Easy To Do” est fait pour nous rester longuement en tête. C’est tout aussi raw que les autres titres, seulement, les paroles sont plus génériques, et on retrouve là ce qui aussi de GBV un groupe de Pop. “Narrated by Paul“, autre morceau de Sprout, vient temporiser en compagnie de son successeur “Cream Of Lung”, ça pour mieux nous attirer que “Males Of Wormwood Mars” où la guitare rappelle Nirvana. “Ticket to Hide“, du genre de Spectral Pop à la Jackson Scott, est le dernier moment de répit. L’album se conclut finalement sur “Cool Planet“. On s’y fait plaisir tout autant que Robert Pollard.
Deux constats s’imposent : le premier, Cool Planet contient probablement moins de titres inoubliables que Motivational Jumpsuit, ce étant probablement dû à la moindre quantité de mélodies Beatle-ish. Toutefois, et c’est le deuxième constat, on ne peut s’empêcher de s’agenouiller devant la création de ce groupe, sa sincérité et sa capacité à produire de nombreux titres géniaux en si peu de temps. Seuls quatre mois séparent les sorties de Motivational Jumpsuit et Cool Planet, un espace-temps qui s’avère être court même pour le boulimique Robert Pollard.
Il y a incontestablement une froideur qu’il n’y avait pas sur Motivational Jumpsuit. Ce n’est pas forcément très dérangeant, d’autant plus que l’album se nomme Cool Planet. Force est de constater qu’il y a moins de mélodies dont l’éternité semble acquise, mais pour autant, Cool Planet demeure un album très inventif qui doit faire pâlir 98% du reste de la scène. Guided by Voices demeure avant tout fidèle à ses principes : le groupe exploite ses titres le temps qu’il estime nécessaire, et lorsque la mélodie tendrait à s’épuiser, il change de cap et passe à la création d’après. Cette intégrité n’en finira pas de m’étonner.
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