Anachronique : Bert Jansch (Folk)

Bert Jansch est un auteur compositeur écossais qui a fait paraître une vingtaine d’albums, de 1965 à 2006. L’article anachronique du jour s’attachera à son tout premier, Bert Jansch. Composé de 17 morceaux, on y trouve une des Folk les plus pures, façon Nick Drake.Il y a certains albums qui révèlent une poésie toute particulière. A leur écoute, on se dit que rien n’est vraiment trop grave, que la terre continuera de tourner avec ses fantaisies et que la beauté d’une belle chanson surpasse la beauté d’un beau paysage. Le premier album de Bert Jansch est de ce calibre. De la première à la dernière seconde, on y découvre un artiste à fleur de peau, du style de ceux qui ont donné ses lettres de noblesse au genre Folk. C’est pour cette raison que l’influence de Bert Jansch, bien que très mal connu du grand public, est à ce point majeure. Il aura non seulement laissé sa trace à travers tous ses opus solos, mais aussi à travers la musique Tim Buckley, Pentangle, John Martyn, Renbourn et j’en passe, qui s’en sont tant inspiré.

Mais revenons un instant sur ce tout premier album de Bert Jansch. Cet opus a un pouvoir magique. Sans rire. Capable de dicter notre humeur, on y vit d’ascenseurs émotionnels, dicté par les titres qui s’enchainent.

L’album s’ouvre sur “Strolling Down the Highway“. Etrangement, c’est le titre où le son de la guitare y est le plus daté. C’est une petite balade Folk sincère et émouvante. “Smokey River“, titre instrumental, suit immédiatement après. Une belle mise en abime, plus noire, qui laisse planer le mystère. Et puis, “Oh How Your Love Is Strong” fait apparaître les premières ressemblances avec la musique de Nick Drake. On y trouve cette mélancolie commune. La première claque de l’album arrive finalement avec “I Have No Time“. A inscrire au panthéon de la folk, ce titre restera l’un des ultimes de Bert Jansch. Et puis, à l’opposé, on jurerait voir apparaître un rayon de soleil percer les nuages avec “Finches“.

Rambling’s Gonna Be the Death of Me” nous plonge en plein dans un ranch, au coeur des États-Unis d’Amérique. On imagine Bert Jansch une paille de blé à la bouche, une veille guitare acoustique sur les genoux. Et puis, vient “Needle of Death“. Une mélodie éternelle, une solitude arrachante. ‘How strange, your happy words ; Have ceased to bring a smile from everyone‘. La voix de Bert Jansch nous plonge en plein dans nos pensées les plus sombres. Heureusement, “Do You Hear Me Now?” vint nous redonner du baume au coeur. “Alice’s Wonderland” participe de ce même mouvement. Ce titre instrumental pousse à se recueillir dans l’univers merveilleux de la belle. On approche doucement de la fin avecCourting Blues. La simplicité des accords en fait un titre très prenant, à l’inverse de “Casbah” qui séduit par la complexité de sa structure. Nous nous éloignons alors du ranch, au triple galop. Le dernier coup de maitre apparaît sur “Angie” où Bert met sa technicité au service d’une belle mélodie.

La même année que celle de la sortie de cet opus, Bert fera paraître It Don’t Bother Me. D’autres suivront dans la foulée, dont Bert and John avec le très beau “Red’s Favourite“, ou encore Jack Orion. Le reste de la discographie de Bert Jansch appartient maintenant à la légende. Ecouter la musique de Bert Jansch, c’est accepter la dolce vita de l’Amérique du grand Far West et ce malgré ses origines écossaises. On y sort notre meilleur bourbon, on passe nos journées à lire et relire De Sang Froid de Truman Capote, et on vibre au rythme de sa guitare acoustique, seul accompagnateur du grand Bert. On se dit que toute l’essence de la musique se trouve ici, et qu’il s’agit avant tout d’une histoire d’humanité.

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