Album Review : White Fence
To The Recently Found Innocent
- The Recently Found : Une introduction tout aussi puissante qu’intrigante. Qu’est-ce que Tim nous a encore réservé ? Quel psychédélisme a-t-il encore inventé ? Le maître du genre va parler, ouvrons grand les oreilles. Les pétales sont encore fermés, mais la saison du psyché arrive déjà…
- Anger! Who Keeps You Under? : Ce morceau est un brin moins caractéristique de ce que Tim Presley sait créer et s’il demeure un titre de Pop très bien pensé, on ne s’y attarde pas plus que de mesure.
- Like That : Ce titre est un classique Pop. Premier single officiel de To The Recently Found Innocent, “Like That” est un morceau parfaitement rythmé qui fait honneur au talent de Tim Presley. Un morceau qui génère plein d’espoirs, les paroles en attestent. Le bouquet de fleurs que Tim nous offre commence à dévoiler ses premières éclosions.
- Sandra (When The Earth Dies) : Je crois que j’élirai volontiers ce morceau meilleur titre de l’album. Un tel groove est incontestablement génial. Et puis, un morceau de Tim Presley avec un peu d’orgue, how bad can this goes? Les titres les plus brillants sont toujours ceux aux structures les plus simplistes. On se dit : mais comment ne pas y avoir pensé avant ? Et bien, Tim Presley fait partie de ceux qui pensent à l’universel, autant s’en faire une raison. “Sandra (When The Earth Dies)” n’est pas le titre le plus caractéristique de l’album, mais assurément l’expression d’une nouvelle facette de Tim Presley, une sorte de version upgradée de son Cyclops Reap. On y reconnait facilement l’intervention de Ty Segall. Tim joue de son acoustique comme d’une électrique. Résultat ? Sandra est l’une des meilleures créations de White Fence, des couleurs plein la vue, un sentiment de satisfaction plénière à sa seule vue/écoute.
- Wolf : On entre là dans le vif du sujet. Une des pièces les plus psychédéliques de l’album, “Wold Gets Red Faced” est l’un des tout meilleurs titres de cet opus, probablement le plus proche de l’univers de son Family Perfume. Deux guitares et une base viennent suppléer la batterie à la création d’un magnifique pot-pourri psychédélique. Seul White Fence est aujourd’hui capable de délivrer cette Pop psychée là. La formule est magique, il ne la dévoilera pas.
- Goodbye Law : A l’image de “Anger! Who Keeps You Under?“, “Goodbye Law” serait-il trop consensuel ? La deuxième guitare finit tout de même par nous avoir à force de sentiments. Un peu de délicatesse dans ce monde psychédélique acharné, voilà une belle définition de qu’est “Goodbye Law“, une simple fleur dans un ensemble garni.
- Arrow Man : L’envie est forte de donner ce surnom à Tim Presley, the Arrow Man. La flèche vise toujours en plein mille alors que le chemin emprunté est alambiqué. A l’image de cette guitare qui use et abuse du fuzz, “Arrow Man” nous cueille avant que l’on ne puisse résister à ce psychédélisme très eighties. Probablement l’un des meilleurs titres jamais composés par Tim Presley, on jugerait y entendre un Jesus And The Mary Chain de la grande époque. Sorte de Snakedriver de l’année 2014, ce titre est dangereusement bien fait.
- Actor : Nous sommes à mi-chemin, Tim Presley décide donc de réintroduire un peu de suspens en rappelle à “The Recently Found“. “Actor” présente finalement beaucoup de similitudes avec le Hair co-écrit avec Ty Segall.
- Hard Water : “Hard Water” est l’un des titres que j’ai le plus appris à aimer avec le temps. Il faut dire que la voix de Tim Presley, façon Family Perfume, produit toujours son effet. Couplé avec la batterie jazzy qu’il chérit tant, White Fence donne encore dans le sublime.
- The Light : Les roses, ça pique aussi ! Il faut avouer que White Fence est finalement très à l’aise dans ce genre de mélodies d’attaques. Le Twins de Ty Segall semble parfois très proche des accords de “The Light“, à notre plus grand bonheur. Tim y conserve sa touche Pop en fond. Le cocktail fleuri est majestueux.
- Afraid Of What It’s Worth : Faisant partie des deux trois morceaux moins incisifs, “Afraid Of What It’s Worth” perpétue les quelques références aux Velvet Underground. On croirait parfois que Tim Presley a copié-collé l’introduire de “Sweet Jane“.
- Fear : Deux guitares, la voix de Tim Presley sur double piste et toujours cette farniente qui dégage une étonnante tranquillité. C’est un “I live in fear of wasting time” qui ponctue ces quelques minutes. “Fear” est typiquement le genre de morceau que seul Lou Reed était capable de composer. Sans conteste l’un des meilleurs titres de tout l’album, “Fear” est fait pour tourner en boucle. Contemplatif, je vous disais.
- Raven On White Cadillac : Du piano chez Tim Presley. C’est suffisamment rare pour être noté. Et c’est assez fascinant de constater à quel point on se focalise sur les quelques accords de cet instrument. Well done, Tim. Le bouquet ne fanera donc jamais.
- Paranoid Bait : Après l’introduction qui laisse présager du quasi-Stoner, Tim Presley se tourne une dernière fois vers une musique psychédélique très noire qui rappelle en cela le dernier opus de Pond. On peut simplement y regretter que le Jam final ne se prolonge pas plus. Tim Presley au sommet de son agressivité musicale : c’eut été beau. Mais déjà, ce titre vient compléter un fabuleux trio avec “Arrow Man” et “The Light“. La puissance de la beauté, surement.
White Fence vient de délivrer un anti-Prozac qui fera du bien à l’ensemble de la scène psychée, car beaucoup d’albums du genre manquent cruellement d’inventivité, se contentant d’un fuzz sur la guitare et de longues boucles pour intégrer la clique. Seulement, Tim qui nous confiait qu’il essaie “d’écrire ou d’enregistrer quelque chose” chaque jour, ne saurait se satisfaire de si peu. Il crée constamment et garde finalement le meilleur pour en faire un patchwork pop sans égale et avec Ty Segall aux manettes, rien ne semble plus pouvoir lui échapper.
Notons justement que la patte Ty Segall est du meilleur effet. La production s’en trouve sublimée : le psychédélisme fouillis de Tim Presley trouve là son exacte expression. Résultat, To The Recently Found Innocent est un vrai trésor, un des meilleurs opus jamais créés par White Fence, est une pièce psychédélique de haut vol. Je me remémore ce magnifique bouquet de fleurs à chaque écoute de l’album, ses couleurs et son désordre savant. Tim Presley est bien plus que ce déstructureur d’Intemporalité, il est un artiste qui sait désorganiser son génie afin de le sublimer.
Note : 8,6 / 10 (barème)
(mp3) White Fence – Sandra (When The Earth Dies)
(mp3) White Fence – Arrow Man
Liens afférents :
Album Review de l’album Hair (avec Ty Segall)
Interview de Tim Presley par Still in Rock (juin 2014)
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