Shoes était un groupe de Power pop originaire de la banlieue de Chicago. Formé en 1974, le groupe a fait paraître un total de 8 albums studio, dont le dernier en 2012. Mais l’album qui retiendra aujourd’hui notre attention est Black Vinyl Shoes (1977), le premier a être sorti sur Black Vinyl Records, le label du groupe. Réédité à de nombreuses reprises (l’illustration de cet article n’était pas la pochette originale, mais celle de l’édition PVC de 1978), cet album fait partie de la Grande Histoire de la Power Pop.
Enregistré dans le salon de Jeff Murphy, guitariste du groupe, Black Vinyl Shoes a connu le même destin que l’album anachronique de la semaine dernière (Rainbow Ffolly) : à peine les démos avaient-elles été enregistrées qu’un label mettait la pression pour les sortir telles quelles. Alors, comme pour Rainbow Ffolly, Black Vinyl Shoes se trouve être un album très brut qui donne à entendre la fabrique des grands albums du genre.
Le groupe tire son nom d’une blague de Paul McCartney, qui, satirique, avait un jour confié à la presse que “We could have been called the Shoes for all you know”. Après tout, seul l’amour de la Pop avait réussi à réunir les deux frères Murphy autour d’un projet commun. Le reste n’importait pas, et n’importe pas plus aujourd’hui.
L’album est de ceux qui n’ont pas un seul titre sur lequel on ne passerait pas ses soirées. Ils sont rares ces albums-là, ces sans-fautes de l’Histoire. En voilà pourtant un qui intègre ce cercle très fermé sans la moindre difficulté. Black Vinyl Shoes s’ouvre sur “Boys Don’t Lie“. Nul doute que cet album est fait de Power Pop à l’écoute des premières secondes : une voix à bout de souffle, une mélodie sur fond de Jangle Pop et cette bonne humeur très communicative. Toutefois, le titre est trop court pour se forger une véritable opinion, on passe donc rapidement à “Do You Wanna Get Lucky?“. C’est assez heureux mais il se trouve que “Do You Wanna Get Lucky?” est justement l’une des meilleures créations de l’histoire des Shoes. Mélodie imparable, la force principale du groupe, on est pris dans cette spirale qui rappelle Milk ‘N’ Cookies. “She’ll Disappear“, troisième titre, est plus proche du pseudo-Punk des Real Kids couplé à la voix de Big Star. “Tragedy” est assez ressemblant, très marqué seventies, très Punk et incroyablement groovy. Comment ne pas imaginer ce titre en bande son d’un classique tel que Dazed and Confused ?! Shoes délivre un Glam Rock à la Ramones sans souffrir de la moindre comparaison.
“Writing a Postcard” perpétue le romantisme des Shoes, une voix délicate et une musique Pop dont la simplicité n’a pour ambition que de la sublimer. On entend particulièrement sur ce morceau qu’il s’agit d’une simple démo, et une fois encore, on ne peut que s’en féliciter. “Not Me” noue une fois de plus avec Big Star, avant que “Someone Finer” ne se fasse l’apôtre d’une pop plus apaisée. “Capital Gain” fait honneur à l’année de parution de Black Vinyl Shoes. La Post-77″ Punk era s’est bâtie sur des morceaux comme ça, des titres à la Ramones qui dynamitaient les oreilles avec une lead guitare super loud. “Fatal” complète le combo.
“Okay” aura pu/du être un grand single de la décennie. J’ignore toujours pourquoi il n’en est rien. Tout est pourtant là. Les Shoes donnent ici vie à l’un de mes titres Pop préférés. Mes vénérations à John Murphy pour l’avoir composé. “Okay, you were the girl I really loved“. “I Really Hurts” est tout aussi Glam Rock que “Tragedy“. Shoes embrasse en plein son côté big lover avec “Fire for Awhile“. Ce titre est l’un des plus géniaux du groupe. Super caractéristique de ces années late seventies, Shoes nous envoie des étoiles plein la vue. “If You’d Stay” nous prépare aux adieux sur des airs qui rappellent le titre introductif. “Nowhere So Fast” explose une dernière fois le rock-o-mètre. Les Shoes délivrent un album super complet sur un fond de Glam Rock constant. Il n’est pas étonnant que tant de groupes se réclament de l’influence des Shoes. Avec 20/20, The Romantics ou même The Toms pour les groupes les plus anciens, jusqu’à Warm Soda aujourd’hui, les Shoes sont constamment présents dans nos playlists préférées.
Cet album est également connu pour une autre raison. Le 1er août 1981, MTV émettait ses premières minutes. Et la chaine choisissait de diffuser 4 morceaux des Shoes : “Too Late“, “Tomorrow Night“, “Cruel You” et “In My Arms Again“. Ce jour-là, MTV allait immortaliser une playlist depuis rentrée dans la légende, les Shoes avec.
(mp3) Shoes – Okay
(mp3) Shoes – Do You Wanna Get Lucky
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