The Reatards, Garage, Punk et Fifties n’ont jamais fait si bon ménage. Savant cocktail entre musique Pop et vieux Punk, la rubrique anachronique ne pouvait rester plus longtemps sans un article sur les Reatards. La raison ? Jay Reatard, leader du groupe, fait partie de ces piliers de la scène Garage que l’on connait actuellement. Il fera paraître 4 albums sous la banderole des Reatards, avant de participer à l’essor de nombreux autres groupes et d’entamer une carrière solo qui consacrera deux opus. Il sera retrouvé mort en 2010 (à l’âge de 29 ans) à cause d’un cocktail peu heureux fait d’alcool et de cocaïne. Il laissera derrière lui de nombreux Hits qui n’ont rien perdu de leur actualité. Parce qu’il est toujours intéressant de s’attacher aux tout débuts des grands noms de la scène, cet article sera celui de Teenage Hate, premier opus des Reatards paru en 1998 via Goner Records (Oblivians, Ty Segall…). Notons qu’il s’agit à ce jour de l’album le plus récent à intégrer la rubrique.
Composé de 18 morceaux, Teenage Hate impose un sprint sur la durée d’un marathon. Les titres dépassent rarement la marque des 2 minutes, ils sont tous aussi explosifs les uns que les autres, et on peine parfois à suivre le rythme tant Jay Reatard avait le Punk dans le sang.
“I’m So Gone“, le tout premier morceau, illustre à lui seul ce qu’est Teenage Hate : un album brut au paroxysme de ce que le Punk peut faire de plus dirty baby. Assurément, l’écoute de Teenage Hate est réservée aux oreilles les plus avertis, aux tendres âmes qui errent chaque nuit dans les bars les plus crades de la ville de Memphis (dont Jay était issu). On retrouve une bombe nucléaire avec “C’Mon Over“, rapidement suppléer par un “I Gotta Rock ‘n’ Roll” qui aurait probablement était plus légitime à s’appeler “I Gotta Destroy“. Les Reatards y font une interprétation très personnalisée de ce qu’est pour eux le Rock ‘n’ Rool fifties d’Elvis Presley. Le “Memphis Blues” est un titre tout aussi barré qui rappelle l’une des influences majeures de Jay : les Ramones.
“Ollie V.” et quelques autres font honneur au Memphis de Jay Reatard. On s’imagine à écouter cette musique à bord d’une veille ’58 Impala, une tête de mort sur le devant. C’est en fait une reprise de Buddy Holly, l’un des pionniers de la scène rock américaine. Teenage Hate se conclut sur le tout à fait délicieux “I Can Live Without You“, titre le plus long de l’album et le seul à contenir un véritable solo. Mais poussons l’écoute un peu plus loin. La reissue 2011 de Teenage Hate (via Goner) contient 21 titres additionnels rassemblés (majoritairement des démos et inédits) sous l’égide Fuck Elvis Here’s the Reatards. Tout est dit dans le titre. On y trouve une nouvelle version de “Memphis Blues” particulièrement géniale. La démo instrumentale “On the Go” introduit quelques accords de surf musique. Les 50 secondes de “Carot Belly Bunny Blues” rappellent le pourquoi du comment de Nobunny. Si ces titres bonus sont globalement moins agressifs que ceux de Teenage Hate, on croise tout de même le chemin de morceau tel que “Your the One” qui nous rappelle que Jay est inscrit comme définition au mot débauche.
Je ne saurai trop vous encourager à traverser la discographie tout entière de Jay Reatard. C’est simple, il n’a jamais rien fait paraître de mauvais. Prenez n’importe lequel de ses albums au hasard et c’est une petite extase assurée. J’en veux pour preuve le premier titre de son tout premier album solo, Blood Visions. Tout ce qui se trouve entre celui-ci et Teenage Hate est d’un niveau similaire. Il serait mal venu de se réclamer fan de Garage sans avoir son iPod Jay-fulfilled. On écoute les Reatards lorsque plus rien ne reste, lorsque l’on a envie d’une dose létale d’un Garage super sale. Jay aura créé Ty Segall de toutes pièces, Jay aura transformé la scène et aura su redéfinir le way of life du rockeur. Formez vos gangs, sortez vos battes, and… Fight!
(mp3) The Reatards – Ollie V. (1998)
(mp3) The Reatards – I’m So Gone (1998)
Titre issu de son premier album solo :
(mp3) Jay Reatard – Blood Visions (2006)
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