Flamin’ Groovies. Encore de la Power Pop sur Still in Rock ? Oui, mais celle des Flamin’ Groovies. Une Power Pop aux influences fifties, rockabilly et bluesy. La Power Pop d’un groupe nouveau. Lorsque les Flamin’ Groovies font paraître Shake Some Action via Sire Records (une filiale de Warner qui fut également le label de Richard Hell and the Voidoids et des Ramones, en autre), nous sommes en 1976 et un vent Punk se prépare à souffler sur toute la scène (voir la Mixtape 1977 de Still in Rock). Ce groupe originaire de San Francisco s’apprête alors à entrer dans la légende de la musique, sans trop le savoir, alors que cela fait 5 ans qu’il n’a pas sorti le moindre album (il s’agissait de Teenage Head, paru en 1971). Un de ses leaders a foutu le camp (Roy Loney, le chanteur), le groupe s’est séparé puis reformé, et il revient sur la scène dans l’inconnu le plus total avec une nouvelle musique comme compagnon.
Shake Some Action s’inscrit dans la même veine que d’autres groupes déjà anachroniqués sur Still in Rock. Je pense notamment aux Only Ones, les Real Kids ou encore les Modern Lovers. Autant de groupes qui venaient s’imposer comme rempart à la musique parfois bien trop complexe et lancinante des seventies, de ces accords à rallonge et d’un ennui musical profond. Pour autant, ces trois groupes et les Flamin’ Groovies avaient fait le choix de ne pas tomber dans la marmite du Punk. C’est ce qui a probablement fait des années ’70 la meilleure décennie de l’histoire de la musique (so far), parce que multi-facettes et en constante réinvention.
Alors, que nous réserve Shake Some Action ? C’est avant tout un album sur le thème de l’amour, le genre d’album que plus personne ne sait faire. Personnifié et souvent douloureux, cet amour là est fait de grands clichés dont il se nourrit. Il n’y a qu’a lire les paroles de Shake Some Action pour s’en convaincre. L’album s’ouvre sur “Shake Some Action“, titre qui demeurera le plus grand hit du groupe. Il s’en suffit de peu, la simple écoute des premiers accords nous plonge immédiatement dans ce grand bain fraternel créé par les Flamin’ Groovies. Prophétiques, les premières paroles viennent symboliser tout ce que contient cet album. “I will find a way, to get to you some day. Oh, but I, babe, I’m so afraid I’ll fall, yeah. Now can’t you hear me call?“. Le son de la guitare, très Jangle Pop, accompagne parfaitement la douce mélodie de ce titre légendaire.
“Sometimes” se veut être un classique Rock ‘n’ Roll, ce qu’il est sans aucun doute. On retrouve ensuite dans “Yes, It’s True” un son de guitare plus enrobé alors que la voix fait incontestablement référence aux Beach Boys. C’est ce même amour pour les belles mélodies qui rapprochent les deux groupes, l’un du côté de la lumière et de la gloire toute ultime, l’autre du côté des clubs plus underground de Frisco.
On trouve également “Don’t You Lie to Me“, originellement un titre du grand Chuck Berry. Assez représentatif de toutes les influences que contient cet opus, il est un indispensable absolu du Shake Some Action. Nos parents appellaient ça du rhythm and blues, c’était l’oeuvre de toute la vie de Buddy Holly, reprise ensuite par Elvis. “Let the Boy Rock N’ Roll” se trouve être dans la même veine très fifties. Nombreux sont ceux qui devraient s’inspirer de la simplicité de la guitare. La bonne musique est toujours simple, et les Flamin’ le démontrent à la perfection. Ce titre rappelle finalement la problématique du film Over the Edge. Toujours dans cette même mouvance, on retrouve ensuite “St Louis Blues“, un titre composé par W.C. Handy qui sera démocratisé par Louis Armstrong. Ce vieux classique du blues est un monument à lui tout seul, et les Flamin’ Groovies y rendent un très bel hommage.
“You Tore Me Down” aurait tendance à nous rappeler l’amour que portaient les Flamin’ pour la British Invasion. Éperdument romantique, ce morceau sur font de Jangle Pop ne doit pas être pris à la légère, et si la première impression peut être terne, il se révèle en réalité être un fidèle ami. Dans la foulée, “Please Please Girl” nous rappelle que les Beatles ont également marqué la musique des Flamin’ qui ont très tôt eu bien plus de reconnaissance aux UK qu’aux USA. Surement est-ce pour cette raison que “Misery“, l’une des premières chansons de Beatles, paru en 1963 et composé par John Lenon, fait l’objet d’une magnifique reprise sur cet album décidément très Classic Pop.
La volonté de Flamin’ Groovies de reprendre un rock très pur, celui de Chuck Berry et autre Buddy Holly, se retrouvera quelques années plus tard chez les Nerves ou même les White Stripes. En hommage, plusieurs groupes prendront Shake Some Action comme appellation, d’autres choisiront de donner ce nom à certains de leurs morceaux. Toujours, l’influence des Flamin’ Groovies sera belle et bien présente. Il fait, après tout, partie des véritables pionniers de la Power Pop. Aidé à ses tous débuts par Kim Fowley (article), le groupe aura réussi à s’imposer comme un des grands noms de la scène indépendante. Régulièrement réédité (en 2013 encore par 4 Men With Beards), il y a fort à parier que cet album n’en soit, finalement, qu’au commencement de sa longue vie.
(mp3) Flamin’ Groovies – Shake Some Action (1976)
(mp3) Flamin’ Groovies – I’ll Cry Alone (1976)
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