Lester Bangs et réflexions sur le rock et la critique

 


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Chers lecteurs, les amis, c’est avec joie (et émotion) que Still in Rock introduit une nouvelle rubrique : “Lester Bangers“. Parti du constat que le rock’n’roll est tout autant une pensée qu’une écoute, l’idée s’est petit à petit forgée de vous présenter quelques items clés de cette philosophie.
  
La “Lester Bangers” sera l’occasion, à échéances incertaines, de dresser le portrait de certains grands noms de la critique rock’n’roll, d’évoquer des documentaires, d’interviewer des labels (suivez mon regard) ou des écrivains, d’évoquer la naissance d’une scène… L’idée est de porter un regard plus analytique sur la scène, l’histoire, et la culture rock.
  
Le premier article de cette série ne pouvait être autre que celui sur Lester Bangs, le plus grand critique rock de tous les temps. Il donne son nom à cette nouvelle rubrique parce qu’il encapsule tout ce que représente la culture rock.
 
En espérant que ces écrits vous plaisent, et puissent vous interpeller, 
sincèrement,

Still in Rock 
 

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French version
(english below)

 

Lester Bangs et réflexions sur le rock et la critique
I believe in rock’n’roll but I don’t believe in Rock’n’roll

Cet article se veut être le point de départ de nombreux débats. Il est ainsi volontairement abrupt, et peut parfois choquer la sensibilité des plus jeunes. Tout cela est volontaire. Mais que l’on garde bien à l’esprit que le rock vit à travers nos esprits, et que le débattre c’est le faire flamboyer. Cette vision est très précisément celle que défendait Lester Bangs lorsqu’il affirmait que les Clash n’étaient jamais que l’émanation d’un mouvement que le public devait porter. Cet article est également un prétexte à expliquer ce pour quoi ceux qui n’embrassent pas le rock comme philosophie manquent l’essentiel, une affirmation qui mériterait des nuances, mais à quoi bon. Cet article est un cri d’amour, assumé comme tel.
Lester Bangs est l’un des critiques rock les plus reconnus de l’histoire. Il a fait parti de ceux qui ont donné ses lettres de noblesse à la critique musicale. Lire Lester sert à comprendre ce qu’est le rock et ce que doit être la critique.
Avant toute chose, il est frappant de constater à quel point Lester était un grand écrivain. Fidèle admirateur de Kerouac, Ginsberg et Burroughs qu’il cite abondamment, l’écriture de Lester Bangs, c’est une sorte de langage parlé, façon Beat Generation, couplé à du Faulkner-ism. “I’m going to say it, and I’m going to say it slow“, écrivait-il. Mais ce qui marque le plus est le propos tenu par Lester tout au long de ces années d’écriture. On trouve la plupart de ces écrits dans le légendaire magazine Creem (“America Only Rock’n’Roll Magazine“). Bien d’autres sont éparpillés aux quatre coins de la planète, et nous pouvons aujourd’hui remercier les éditeurs qui ont pris la peine de les rassembler dans deux ouvrages, Psychotic Reactions and Carburetor Dung (paru en 1988) et Main Lines, Blood Feasts, and Bad Taste (paru en 2003). Si le deuxième est moins centré sur la critique pure, notons bien que le premier est un chef-d’œuvre du genre. À chaque fois que je m’y replonge, j’y découvre cette même appréhension que j’ai à l’idée d’écouter un grand album pour la première fois. Surement est-ce un processus inconscient visant à se sauver de la submersion que génère une critique/musique possiblement trop grande. C’est aussi un processus visant à se protéger de la véritable critique qui, parce que bien aiguisée et vraie, peut bousculer la pensée de son lecteur, le poussant à réfléchir de lui-même et à questionner ses jugements les plus fermes.
Sur ce point et bien d’autres, je suis de l’avis de Lester qu’il n’y a pas assez de critique(s). C’est celui que partage également Bret Easton Ellis, dénonçant le fait que les critiques négatives ne sont plus réellement autorisées dans la société du “Like“, et que dès lors qu’un avis négatif est publié, son auteur est perçu et dénoncé comme un élitiste. Still in Rock fait, dans une certaine mesure, également parti du problème depuis le premier jour où j’ai fait le choix de ne critiquer que la musique qui me plait (à vrai dire, plus pour des questions logistiques qu’autre chose, il faudrait trop d’articles pour critiquer toute la daube que l’on nous sert). Seulement, les critiques positives doivent être sincères, et hors système. C’est ce hors système que Lester prônait, lui qui éditait le magazine Creem, se faisait acheter une pub’ en quatrième de couv’ par Frank Zappa, et qui le déglinguait dans le même numéro. Ce type de scénario est impensable dans la presse écrite française des années 2000′ et 2010′, ce que je déplore. Voilà très précisément pourquoi on manque de critique(s).
Alors, on lit Lester Bangs pour de multiples raisons. On y trouve nécessairement de nombreuses découvertes musicales. Son “Reasonable Guide to Horrible Noise” en est un formidable exemple. Mais plus encore, on lit Lester Bangs pour comprendre la musique, comprendre la critique, et acquérir les clés qui nous permettront de nous forger un avis motivé. Lire Lester permet également d’approcher l’illusion de comprendre pleinement son système de pensée. Mais dans le même temps, il était avant tout un esprit imprévisible. Alors, je me demande. Qu’aurait-il écrit sur Nirvana, sur Pavement, sur Sonic Youth ? De quelle façon les aurait-il encensés ? (ce que je sais qu’il aurait fait). Comment transporter la critique de Lester en 2014, sans le trahir, mais dans la continuité historique qui s’impose ?
On trouve dans les écrits de Lester une définition très précise de ce qu’est le rock, et c’est là une des clés permettant de transposer sa pensée à nos jours présents. Peu se sont essayés à expliquer ce qu’est le rock, et à mon sens, aucun n’y est si bien parvenu. Lester Bangs n’avait de cesse de relever que le rock’n’roll est/doit être absurde, frivole, insoucieux, sans gravité. Et il avait raison. C’est d’ailleurs ce qui distingue cette musique des autres. “Rock ‘n’ roll” is “just a joke” disait-il, ajoutant encore “I believe in rock’n’roll but I don’t believe in Rock’n’roll”. Combien l’oublient aujourd’hui ? Voilà une des nombreuses raisons expliquant pourquoi la musique électronique est si mauvaise, précisément car elle ne cesse de se prendre au sérieux. Mais sachons également reconnaitre que de nombreux “rockeurs” ont oublié tout ça. Par ailleurs, et le point est très clairement exprimé dans sa critique des Clash, le rock est également affaire d’authenticité. Bob Dylan “was fake“, les Clash étaient authentiques. Lou Reed était authentique, Jagger “was fake” (car trop professionnel, disait-il, et parce que, ajoutait-il, les Stones se sont toujours évertués à reprendre les riffs des vieux bluesman, voir de Chuck Berry).
Alors, si pour Lester Bangs le rock est à la fois synonyme d’authenticité et d’absence de vanité, un contraste apparaît pour certains artistes. En réalité, il n’y en a point. Voilà simplement la définition de ce qu’est le rock, le vrai. Il nous faut à présent observer la scène actuelle et de nous demander qui remplit les critères… On peut certes s’amuser de ceux qui font dans le tout-ironique, mais sont-ils authentiques ou jouent-ils simplement des codes de la scène qui se divertit toujours de représentations pseudo-comiques ? On peut certes respecter certains groupes authentiques qui croient le plus profondément en leur création, mais faut-il pour autant leur reconnaitre la production de rock lorsqu’ils n’ont de cesse de mépriser le public, la presse et j’en passe ? La réponse à ces deux questions est négative, négative parce que Lester avait résumé ce qu’est le rock : de l’authentique qui sait se détacher de lui-même.
Parfois, Lester évoquait des sujets plus graves, mais toujours avec cette même légèreté de plume. C’était le cas lorsqu’il parlait de racisme, voire sa chronique sur les Clash (encore) ou The White Noise Supremacists. Sa chronique de Lou Reed lui a servi à dépeindre le lien entre le rock’n’roll et la décadence de ses acteurs. En somme, Lester Bangs était fondamentalement pessimiste, défendant à qui voulait l’entendre que “nobody wants to have emotion anymore“. Une question se pose alors : il était certes pessimiste, mais ne doit-on pas lui reconnaitre surtout son réalisme ? Lorsque je vois la scène “électronique” se développer, je me dis que Lester Bangs avait effectivement raison : l’émotion disparait de la musique. On déshumanise le médium par lequel l’art est transmis, mais à quel prix ?!
Ce pessimisme bien mérité s’exprime à de nombreuses reprises. “I don’t discriminate, I’m prejudiced against everybody“, disait-il citant Legs McNeil. En réalité, Lester Bangs avait lui aussi ses idoles, en la personne de Lou Reed (il disait que les “The Velvet Underground were the greatest band that ever existed“), d’Iggy Pop (à qui il attribue le génie d’avoir importé le sarcasme dans le rock, voir sa chronique sur Iggy qui est absolument magistrale) ou d’Elvis. Le point commun entre chacune d’entre elles est qu’elles traduisaient l’attrait qu’avait Lester pour la mort. Il n’avait par exemple de cesse de commenter à quel point la musique de Lou Reed était anti-émotionnelle, au point qu’elle devenait justement super-émotionnelle. Idem pour Iggy, dont il relevait à quel point il se sentait “unalive“. Finalement, le système de pensée de Lester Bangs faisait parfaitement sens, il se tournait vers les artistes qui suscitaient en lui les plus émotions les plus simples et les plus sincères. Car oui, le rock est une affaire de sensation, et ce n’est pas rien de le dire. Lester relevait à ce titre le pouvoir de libération des premiers concerts, lorsque l’on rentre chez soi et que l’on se dit : “nothing can cancel the reality of that night“.
C’est finalement ce Lester plus grave, et qui ne rentrait que rarement dans la technicité d’un album (il avait horreur des équipements d’enregistrement hors de prix, trouvant qu’ils dénaturaient le produit musical, il était donc logique qu’il ne s’y attarde pas) qui nous apprend tant. Il le disait lui même, il était souvent plus intéressé à parler de l’attitude des artistes que de la musique elle-même. Il portait très souvent un regard historique sur la musique, évoquant de nombreuses fois les grands mouvements de masses. On comprend ainsi à la lecture de Lester Bangs que le rock n’était pas générateur de révolutions sociales. Mais, mieux que n’importe quel autre médium, il permet de les apprécier, de les accompagner, et de les nourrir. Par ailleurs, Lester a de nombreuses fois dénoncé le mélange des genres entre rock et star-système. Il le dit très clairement : il détestait les rock-star, spécialement parce qu’il leur trouvait souvent une absence totale de personnalité. C’est pour cela qu’il dénonçait Joe Cocker ou Robert Plant des Ledzep, les désignant comme des êtres “Blank” que les commerciaux pouvaient remplir de quelque chose de vendeur, quelque chose qu’ils n’étaient pas. Et c’est finalement lorsque Lester portait son écriture sur ce qu’il savait faire de plus analytique que l’on trouve ses meilleurs écrits.

Assurément, découvrir la pensée de Lester Bangs a, à jamais, changé ma façon de percevoir non seulement la critique (toute critique d’art) mais également la musique. Je l’ai dit, Lester Bangs avait une obsession particulièrement pour les analyses sociologiques qui inondent ses critiques. Mais après tout, quoi de plus légitime à cela ? La musique est un formidable moyen pour évaluer nos sociétés. Parfois, et c’est ce qui lui est arrivé en interviewant les Clash, les artistes n’étaient pas près à ce que leur musique soit mise en perspective. Beaucoup d’artistes actuels rejettent également cela. C’est pourtant le rôle d’un critique, et personne mieux que Lester Bangs ne montre la voie. Alors bien sûr, certaines de ses critiques sont ainsi plus mythiques que les autres. Comment oublier celle écrite sur Van Morrison. Comment oublier celle sur Lou Reed où il retranscrit leurs dialogues dans un bar, évoquant la drogue et David Bowie (qu’il étripe à de nombreuses reprises, le décrivant comme un clown froid et calculateur). Comment oublier celle sur les Clash, probablement la plus légendaire de toute. Pour Lester Bangs, le punk, qu’il décrit comme étant l’ultime rock’n’roll (à noter, l’utilisation du mot “Punk” pour décrire un style musical est du fait de Lester), était avant tout un combat contre ce que la société impose : le fait que chaque individu agisse en conformité avec la façon dont la société attend de lui qu’il agisse.

D’autres critiques se démarquent par leurs singularités. C’est le cas de sa chronique de plus de 5.000 signes sur Metal Machine Music ou Lester Bangs avait “oublié” d’expliquer les raisons pour lesquelles il aimait tant cet album. C’est finalement très révélateur de la façon qu’avait Lester Bangs d’aborder la critique musicale. Je crois que deux points en ressortent clairement. Le premier, toute critique est nécessairement subjective, et il importe peu de se concentrer sur le jugement final lorsque c’est le processus de découverte et d’appropriation d’un album qui prime. Le deuxième, la critique est une façon de se dévoiler, et il n’est pas nécessaire de dicter aux lecteurs la façon de juger son critique. S’il s’agit bien d’un art, alors, il faut savoir laisser au lectorat le pouvoir de se forger. Il est du rôle des artistes de ne pas projeter un “écran blanc” sans message, ce que Lester dénonçait parfois, mais pas de celui du critique.
Lester Bangs voyait dans le rock’n’roll toute la force de la démocratie. “You can do it too“. Le pouvoir de la musique à tous, pour tous. “Rock’n’roll is truly the democratic art form” ajoutait-il. C’était là une des obsessions de Lester Bangs, mais combien continuent aujourd’hui à le dire, et à le penser ? Peut-être est-ce le point sur lequel Lester Bangs a finalement échoué, celui de faire comprendre à quel point “elitism must perish“. “Openess and accessibiliy is much more revolutionary than all this eletism“, confiait-il à raison. Lorsque je vois aujourd’hui à quel point la scène se prend au sérieux, à quel point les groupes les plus mauvais se croient révolutionnaires, je pense à U2 et compères (coucou Arctic Monkeys et Black Keys collection 2013/2014), je me dis que le message de Lester doit, plus que jamais, être porté sur les devants. Les Clash étaient un groupe à ce point génial précisément parce qu’ils avaient toute l’humilité du monde (à l’inverse de Bryan Ferry, voir un interview de Lester), qu’ils ne représentaient pas les gens, mais étaient les gens. Ne perdons pas totalement espoir, des artistes tels que Mac DeMarco continuent de porter très haut les couleurs du rock, avec ce détachement qui n’est pas feinté ! Mais ils se font si rares… 
La différence entre ces groupes et les autres réside également dans le propos. Les Sex Pistols et les Ramones (qui le citeront dans leur morceau “It’s Not My Place (In the 9 to 5 World)“, Hangin’ out with Lester Bangs you all) avaient quelque chose à dire, idem pour Television, tandis qu’aujourd’hui, trop peu de groupes ont encore un message à faire passer à part celui de : “s’il vous plait, rendez-moi riche et célèbre“. En somme, Lester recherchait la passion et un message. Tous les grands, Doors, the Band, the Velvet, Patti, Bruce, les Sex Pistols et les Clash avaient tous une vision, un point de vue sur le monde qui était unique.
Lester disait que le rock est “the most invincible Superjoke in history“, parce que l’on ne peut pas asservir un idiot. Mais l’immortalité ne doit pas signifier que l’on ne doit pas étendre son domaine, continuer de le travailler, de l’analyser, et de le chérir. Il est grand temps que sa pensée soit remise au goût du jour. Mais pour l’heure, quittons nous sur une dernière pensée de Lester Bangs. “What is this fucking “M.T.V.”? Though for sure it was some new drug, but Rick says it’s not“.

   


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English Version

Lester Bangs and thoughts on rock and critic


“I believe in rock’n’roll but I don’t believe in Rock’n’roll

The purpose of this article is to spark debate. It is purposely jarring and may at times shock the sensibility of younger readers. But we should keep in mind that rock’n’roll lives through in our spirits. Debating the subject keeps it alive. This view is precisely what Lester Bangs avidly defends when declaring that The Clash was never just a manifestation of a movement that the public should carry. This article is also a pretext to explain to those who do not embrace rock’n’roll as a philosophy that they are missing out on something essential. In short, this paper is a work of passion, take it as it is.

Lester Bangs is one of the most recognised rock critics in history. He is one of the few that have given nobility to the words music critic. To read Lester helps one to understand what rock’n’roll is, and what a critic should be.

Above all else, it’s shocking just how great of a great writer Lester was. Loyal admirer of Kerouac, Ginsberg and Burroughs whom he often quotes, Lester’s writings are a sort of spoken language, Beat Generation coupled with Faulkner-ism. “I’m going to say it, and I’m going to say it slow”. But his biggest contribution is not simply his written word but the ideas his words embodied. The biggest portion of his work may was found on the pages of the legendary ‘Creem’ Magazine (“Americas Only Rock’n’Roll Magazine“). Others are scattered to the four corners of the earth, and today we must thank the editors that have taken the trouble to reassemble them into two new publications, Psychotic Reactions and Carburetor Dung (published in 1988) and Main Lines, Blood Feasts, and Bad Taste (2003). If the second is less focused on music reviews, while the former is a masterpiece of the genre. Each time I open it, I get the same butterflies as though I am listening to a new album for the first time. It might certainly be an unconscious process aimed at avoiding a complete submergence into the genre of the critic. It is also a process aimed at avoiding true reviews that, seeing as it is to the point, could shake up the reader’s ideas, pushing him to think for himself and question his most strongly held beliefs.

On this point, as well as many others, I agree with Lester that there are not enough critics. This opinion is also shared by Bret Easton Ellis, while denouncing the fact that negative reviews are not completely accepted in this “Like” society. Every time a negative review is published, its author is condemned as an elitist. Still in Rock is, in a certain way, contributes to this issue since I the only the music that choose to critique is music I know I like (a decision made primarily for logistic reasons, too many articles would be needed to review all the rubbish we are subjected to regularly). Even positive reviewers should remain honest and independent. Lester always upheld this independence. As the editor of Creem magazine, he sold the back cover to an advert for a Frank Zappa album and then published review in the same issue in which he destroying that very same album! This kind of scenario is inconceivable in the French written press from the late 2000s and 2010s; a scenario which I deplore. This is precisely why we lack critic(s).

Lester Bangs should be read for several reasons. He treats us to numerous musical discoveries. His “Reasonable Guide to Horrible Noise” is a terrific example. But we also read Lester Bangs to understand music, understand the art of reviewing, and to obtain the knowledge necessary to form our own opinions. Reading Lester also gives us the illusion that we can completely understand his way of thinking, even if, at the same time, we cannot help but realize that his spirit remains totally unpredictable. So I wonder. What would he have written about Nirvana, Pavement or Sonic Youth? How would he have praised them? (yes, I’m sure he would have). How can we bring Lester’s way of reviewing into 2014 without betraying him, but in keeping with the historical continuity of music?

We find in the writings of Lester a precise definition of what rock’n’roll is, which is I think the key to bringing back his way of thinking to the present day. There are few today who have tried to define rock music, and even fewer who have succeeded. Lester Bangs never hesitated to describe what rock’n’roll is, or should be – absurd, frivolous, care free and without seriousness. He was right. This is in fact what distinguishes rock music from any other. “Rock’n’roll is just a joke” he said, adding “I believe in rock’n’roll, but I don’t believe in Rock’n’Roll”. This line of thinking provides an explanation of why why electronic music is so awful, precisely because it takes itself too seriously. Equally, many rockers have forgotten this spirit as well, and the point is very clearly expressed in his critiques of The Clash; rock music is also a matter of authenticity. Bob Dylan “was fake”, The Clash ”were authentic”. Lou Reed “was authentic”, Jagger “was fake” (“too professional” he said, plus, “the Stones always tended to copy the riffs of Blues musician, or Chuck Berry”).

So, if for Lester Bangs rock was synonymous with authenticity and the absence of vanity, a line that many artists have difficulty toeing. Quite simply the true definition of rock. It is necessary for us to observe the current landscape, and ask ourselves who fits our criteria. We can certainly laugh at those who are most ironic, but are they authentic or do they simply play to fulfil the whims of whatever rock scene they are a part of? We can certainly respect certain groups who deeply believe in their creations, but should we consume and praise their work when they continue to despise their audience, the press, etc.? The response to these two questions is negative. Negative because Lester summarised what rock’n’roll is: authenticity that can step back and take a look at itself.

Occasionally, Lester brings up more serious subjects, although always with delicacy. As was the case when he began to speak about racism (look at his articles on The Clash or The White Noise Supremacists). His article on Lou Reed enabled him to portray the link between rock’n’roll and the decadence of its characters. In all, Lester Bangs was profoundly pessimistic, always declaring “nobody wants to have emotion anymore” to whoever would listen to him. We have to ask: even though he was certainly a pessimist, should we not recognise him for his sense of reality? When I see the electronic scene grow, I find myself agreeing with him (despite his cynicism): emotion is disappearing from music. We are suffering from the dehumanization of the musical art form!

We often come across his pessimism. “I don’t discriminate, I’m prejudiced against everybody” he said, citing Legs McNeil. Agains despite his cynical exterior Lester Bangs actually had idols, in the form of Lou Reed (he said that “the Velvet Underground were the greatest band that ever existed“), Iggy Pop (to whom he attributed the idea of bringing a sarcasm into rock music, take a look at his article on Iggy which is superb) and Elvis. The common point between these three artists is that they translate the attraction which Lester had for death. He had for instance repeatedly commented that the music of Lou Reed was anti-emotional, so much so that it actually was super emotional. Ditto for Iggy Pop who Lester felt to be unalive. Finally, I believe Lester’s thinking made perfect sense, he embraced the artists that expressed in themselves the simplest and most honest emotions. Yes, rock’n’roll is a business of sensations. Lester himself revealed the sensation of liberation of his first concerts, when we go home and we say to ourselves “nothing can cancel the reality of that night”.

Lester rarely entered into the technical elements of the album (he couldn’t stand the over priced recording equipment, because he thought that these things misrepresented the musical product, so it was logic for him not to take this into consideration). He said that he was usually more interested in the artist’s attitude than the music itself. He also had an historical appreciation of music, often mentioning important social movements. Therefore, we learn by reading Lester Bangs that rock’n’roll is not the generator of social revolutions, but, better than any other medium, it nourishes and accompanies them. However, Lester has often denounced the mixture between rock’n’roll and the ‘star system’. He said very clearly that he hated rock stars, especially because he found them to often be completely devoid of any personality. This is why he branded Joe Cocker and Robert Plant of Ledzep, as “blank” people that agents can model them into something sellable, something which they were not. It was finally when Lester focused his writing on a more analytical view that we find his best work.

Discovering the thoughts of Lester Bangs has changed my generally attitudes towards reviews in general, and music reviews in particular. As I mentioned, Lester Bangs had a particular obsession for sociological analysis, which pervade his reviews. But after all, what is more legitimate? Music is a formidable way in which we assess society and culture. Sometimes, and this is what happened to him while interviewing The Clash, artists wasn’t ready to have their music put into this kind of perspective. Many contemporary artists rejected it. This is however the role of a critic, and there is no one better than Lester to show us how a critic ought to behave. Of course, some of his reviews are more legendary than others. How could we forget the one he wrote about Van Morrison? How could we forget the one he wrote about Lou Reed which consists of their dialogue in a bar, talking about drugs and David Bowie (who is destroyed several times, describing him as a cold and calculating clown). How could we forget the one he wrote about The Clash, probably the most legendary of them all. For Lester Bangs, punk which is described as the ultimate rock’n’roll (note that the word “Punk” is now used to describe a musical style because of Lester), was, primarily, a fight against what society imposed: the fact that each individual acts in conformity with the way in which society expects them to act.

Many of his other reviews are unique and not focused on a particular movement or deeper analysis. This is the case of the 5.000 letters article published about Metal Machine Music where Lester Bangs “forgot” to explain the reason why he loved this album so much. This goes some way to reveal Lester Bangs approach to reviewing music. I believe that there are two clear points to his approach. Firstly, all reviews are necessarily subjective, and also that it does little to focus on critic’s conclusion about an album when it is the discovery and appreciate process that matter. Secondly, a review is a way to reveal and that a reviewer need not tell his readers how to judge a particular work. If it is an art, it is necessary to allow the readers to make their own opinions. It is the role of the artist to ensure he does not project a “white screen” without any message, as Lester had sometimes denounced. ​

Lester saw all the force of democracy in rock’n’roll. “You can do it too”. Power of the music for everyone. “Rock’n’roll is truly the democratic art form” he added. It was one of Lester‘s obsessions, but how many are they today still saying it, or even thinking it? Maybe, this is the point on which Lester failed, to make people understand that “elitism must perish“. “Openness and accessibility is much more revolutionary than all this elitism“. When I see today how the many in the music scene take themselves seriously, how even the worst bands believe they are revolutionary, I think of U2 & co (hello Arctic Monkeys and Black Keys collection 2013/2014). I think to myself that Lesters message needs, more than ever, to be told again and again. The Clash were a great band precisely because they had all the humility in the world (unlike Bryan Ferry, see Lester’s interview), they were not representative of the people, but they were the people. We should not totally lose hope, artists like Marc DeMarco still continue to fly the flag for rock’n’roll music with this detachment which is not faked. Yet, folks cut from this cloth are still so rare…

The difference between these groups and all the others rests also in their statements. The Sex Pistols and The Ramones (who mention Lester in one of their song “It’s Not My Place (In the 9 to 5 World)“, Hangin’ out with Lester Bangs you all) had something to say, the same for Television, but today so few groups have something real to say, except for “please make me rich and famous”. Altogether, Lester was seeking passion and a message. All the big names, the Doors, the Band, the Velvet, Patti, Bruce, The Sex Pistols and The Clash, all had a vision, a point of view on the world that was unique.

Lester said that rock’n’roll is “the most invincible Superjoke in history”, because we can’t enslave an idiot. But immortality should not mean that we do not spread his philosophy, continue to develop and to cherish it. It is surely time for his philosophy to be brought up to date. But for now, let’s part ways with one last thought from Lester Bangs “What is this fucking “M.T.V.”? Though for sure it was some new drug, but Rick says it’s not“.

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