Thurston Moore est connu pour avoir longtemps été le co-leader du fabuleux Sonic Youth. Personnage toujours controversé, il a récemment fait l’objet de nombreuses polémiques. La plus grande de toutes ? Sa séparation avec Kim Gordon, chanteuse de Sonic Youth (rendez-vous compte). Alors forcément, les haters et autres Kim-lovers se sont mis en tête d’attendre Thurston au tournant. Ce dernier fera paraître un nouvel album solo le 20 octobre via Matador Records. Nommé The Best Day, il s’agira déjà de son cinquième essai.
J’ai toujours grand plaisir à ne pas voir une légende du rock se compromettre dans un autre style de musique plus électronique (la mode actuelle). Il ne faut pour autant pas baisser sa garde. Les légendes doivent parfois rester là où elles sont, et chaque nouvel opus n’est pas forcément une nécessité. Robert Pollard et Stephen Malkmus (Pavement) parviennent à agrémenter leurs discographies d’excellents albums. Mais tant s’y sont cassés le nez.
Que nous réserve alors The Best Day ? L’album s’ouvre sur “Speak To The Wild“. Dans la lignée très directe du célèbre Daydream Nation, Thurston Moore délivre une introduction magistrale de plus de 8 minutes. The King has come. Ce premier titre de l’album se veut très grand, ce qui ne manquera pas de susciter quelques rejets. Mais notons qu’il atteint là un niveau que peu peuvent en réalité espérer. Jouant à fond la carte Rock Alternatif, Thurston Moore n’hésite pas à créer une montée en puissance fidèle au Sonic Youth de 1988.
“Forevermore” enchaîne dans une même ambiance post-apocalyptique. Vous avez trouvé le premier titre trop long ? Accrochez-vous, celui-ci dépasse la marque des 11 minutes. Un temps qui paraît assez court tant le son métallique de la guitare fait bien le travail. “The Best Day” commence lui sur des bases plus rythmées, plus rock’n’roll. Et puis, le titre varie parfaitement toujours dans un esprit très nineties qui me rappelle certaines introductions quasi-Grungy de Pavement. Parfois, dans un élan plus punk et plus brut, on croirait entendre Robert Pollard. C’est le cas sur le titre “Detonation“.
On retrouve la puissance (du décrié) NYC Ghosts & Flowers sur “Vocabularies” et “Grace Lake“. Leurs introductions planantes, sorte de pop spatiale expérimentale, nous plongent dans une contemplation qui nous rappelle à quel point les années ’90 ont apporté à la musique. “Grace Lake” renvoie à certains passages de “The Best Day“, ce qui n’est pas sans créer une cohérence qui rassure dans le monde hétéroclite de Moore. Ce titre est un modèle du genre, un grand morceau dont les qualités sont indéniables. L’album se conclut sur “Germs Burn“. Et disons qu’il est particulièrement intéressant en ce qu’il lie la musique Alt Rock de ses premiers amours avec un style plus Punk. L’arrivée d’un solo façon seventies vient, une dernière fois, brouiller toutes les pistes.
En somme, cet album ne révolutionnera Thurston Moore. Il ne sera pas non plus l’un des temps forts de sa carrière. “Révéler l’Art en cachant l’artiste, tel est le but de l’Art“, et je ne suis pas certain que Thurston se cache toujours derrière sa musique. Malgré ça, Thurston emploi de nombreuses de ses formules secrètes auxquelles il ajoute quelques nouveautés. Et ça suffit à en faire un bon album qui nous occupera un bon moment. Il est difficile de concevoir le fait que cet artiste ait maintenant 56 ans. Son nom est à jamais inscrit comme symbole de la jeunesse, et ce n’est pas The Best Day qui viendra l’entacher. Au contraire.
(mp3)
Thurston Moore – Speak To The Wild
(mp3)
Thurston Moore – The Best Day
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Article sur Pavement (ami avec SY)
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