Volage est un groupe français originaire de Le Blanc (dans l’Indre) et formé en 2011. Petit protégé d’Howlin Banana Records, il vient tout juste de faire paraître son nouvel opus, Heart Healing.
Composé de 11 morceaux, Heart Healing fait de nombreuses fois penser au rock garage sixties des Troggs. Ce groupe a amorcé l’arrivée du Punk, et on ressent dans la musique de Volage ce même besoin d’immédiateté. La plupart des mélodies sont très rapidement amorcées dans une mouvance parfois proche de ? and the Mysterians. Les titres les plus pop de l’opus, “6h15“, “Wait” et autre “Upset“, rappellent plus volontiers ces bons vieux Hollies, une autre référence anglaise, ce qui n’est pas pour déplaire dans un monde où chaque album de garage pop/rock est nécessairement comparé à Ty Segall ou John Dwyer.
Très astucieusement, Volage s’introduit sur le morceau qui a tout du parfait single : “Owl“. Rythmé et parfaitement calibré, il représente finalement le juste-milieu à beaucoup de titres de cet album. Pop Rock, british et suffisamment sixties pour nous paraître familier, “Owl” fonctionne à merveille. Mais là n’est pas le plus intéressant.
On se rive rapidement sur le premier titre rock’n’roll de l’album, “Loner“. Ses 7 minutes attirent nécessairement notre attention tant il est rare qu’une telle marque soit atteinte dans le monde du garage. Volage fait une excellente exploitation du temps qu’il s’impartit, donnant même dans un psychédélisme qui ne saurait trop me rappeler Syd Barrett. Pourtant, les accords tout à fait massifs de ses deux premières phases ne laissent en rien présager l’arrivée d’un dandysme anglais. “Loner” est finalement un des tout meilleurs titres du genre de l’année, une pièce particulièrement intéressante en ce qu’elle ne perd en rien de son aspect expérimental malgré une instantanéité implacable. C’était tout le paradoxe qu’avait pour la première fois réussi à élucider The Piper at the Gates of Dawn. Volage vient de s’y essayer avec brio.
“This Ain’t A Walk” continue dans une veine similaire. Le son de la guitare y est bourdonnant, ce qui produit un superbe effet grisant. J’y retrouve le Ty Segall (nous y voilà) de Twins, la folie de Pangea et le dépassement de Sic Alps. Disons-le sans détour, “This Ain’t A Walk” fait partie de ces morceaux qui galvaniseraient la mamie de Bernadette Chirac, un titre capable d’extraire ce qu’il y a de plus brutal en chacun de nous. Qu’il est bon de ressentir les palpitations d’excitation à l’entame d’un titre. Volage nous y découpe les tympans avec l’habilité d’un Fugazi égaré dans les années 2010.
“Paolina” réalise la transition entre la grande virulence des deux morceaux précités et la fin de l’opus. Si on est plus volontiers scotchés par les mélodies rock’n’roll de l’album, je ne saurai trop vous conseiller une écoute répétée du petit dernier, “Love is All“. C’est finalement au tour de Mikal Cronin de bien se tenir. J’écoutais il y a peu cette chanson assénant le fait que “nobody write sad songs anymore“. Je me laissais convaincre par cette phrase répétée plusieurs dizaines de fois, et “Love is All” trouvait alors une résonance toute particulière. Une véritable chanson d’amour de la lignée de grands songwriters.
Assurément, Heart Healing intègre le top des sorties réalisées par Howlin Banana depuis sa création. L’album présente l’immense qualité de savoir comment parfaitement naviguer entre différents styles. 2014 vient d’être, une nouvelle fois, marqué au fer rouge d’une musique française d’excellence.
(mp3) Volage – Loner
En concert le 28 novembre prochain au Point Éphémère.
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