Cardboard. Depuis le premier article sur le groupe, Jonathan (dont Cardboard est le projet solo) et moi sommes devenus amis, et critiquer la musique d’un ami est toujours difficile. Toujours ? Presque toujours ! Lorsque les mots ne peuvent être trop élogieux parce que la musique proposée est assurément d’exception, un certain relâchement (soulagement) apparaît.
Après un premier EP absolument magnifique paru en 2013 (pour rappel, le titre “Card” se classait 3ème meilleur titre de l’année (ici), et l’EP 5ème meilleure sortie (ici)), Cardboard est enfin de retour avec son EP II. Les trois morceaux qui le composent ont été enregistrés avec l’aide de Jason Quever (du groupe Papercuts). Le processus fut simple et presque indolore : “We recorded the songs onto 2 inch tape over the course of three sunny days in November“. L’ambition qui se cache derrière cet EP est de créer une connexion avec ses amis, d’avoir quelque chose à leur montrer, de leur témoigner une affection. Jonathan avoue volontiers avoir eu en lui plus d’émotions qu’une “freshman girl” lorsqu’il a composé ces morceaux. Et on ressent immédiatement que ces titres sont d’une fragilité toute particulière, cette même fragilité qu’il n’y avait pas sur le premier EP. En cela, les nouvelles créations de Jonathan me font souvent penser au génie de Chris Bell. C’est désormais comme cela que je conçois la musique de Cardboard : un nouveau Chris Bell, intégré en 2015, et qui n’oublie jamais de se détacher des figures légendaires.
Alors, que nous réserve cet EP ? Le premier titre, “Snow White“, est une ballade de pop façon seventies, comme si le temps n’était jamais passé depuis l’époque de Big Star. Du haut de son Cosmos, je ne doute pas que Chris soit fier de constater la portée de son influence sur la scène. Comment ne pas imaginer que ce morceau eut été un grand titre de la mouvance Glam Pop, un hit pour les Paul Collins et autre Chilton. En fait, “Snow White” nous extrait immédiatement de notre environnement. On se retrouve plongé en plein dans l’univers de Cardboard, là où la musique rime toujours avec mélodie. Une fois encore, c’est la pleine sincérité de Jonathan qui fait de ce morceau un hymne à la vie.
Vient alors “Julia“, un titre qui prend le meilleur d’Icewater pour nous délivrer quasi trois minutes en tout point exceptionnelles. “Julia” ne manque pas non plus d’évoquer le Beck de l’album One Foot in the Grave. On y voit cette même volonté de montrer patte blanche, de s’exposer et de se soumettre à son auditeur qui se place plus comme un ami que comme un juge. La voix de Jonathan a quelque chose de plus, peut être est-ce la pureté que tous recherchent. Et puis, chers lecteurs, les plus fidèles d’entre vous reconnaîtront nécessairement “Different Drum“. Still in Rock avait publié la démo de ce morceau en juillet 2013 (article). Le titre conserve toute sa force originelle, un grand coup de chapeau doit être tirée à Jason Quever qui a su le sublimer d’avantage. “Different Drum” s’impose comme le titre plus groovy, en cela plus proche de son premier EP.
Alors voilà, ces trois morceaux font indéniablement parties des titres les plus magiques et les plus enchanteurs que j’ai eu l’occasion d’entendre depuis de long mois. Une fois encore, au risque de me répéter (avec le tout premier article sur Cardboard), il y a des artistes qui font que je prends autrement plaisir à écrire, ce sont les moteurs de Still in Rock, le moteur de ce pourquoi je continue et continuerai toujours à rechercher de la musique. Cardboard est un de ces rares artistes. A l’occasion de mon Live Review sur Cardboard, je me confiais ainsi : “J’étais venu à Brooklyn avec l’idée en tête de voir évoluer un futur grand groupe depuis ses débuts : le candidat idéal est tout trouvé”. Depuis, Jonathan s’est consacré au développement du groupe Icewater (article). Cardboard en a un peu pâti, et il n’est toujours pas ce grand que j’évoquais. Ou du moins, il n’est pas encore reconnu comme tel, car la musique qu’il produit fait partie de la meilleure que je connaisse. Et il se murmure déjà qu’un nouvel EP soit prêt à être dévoilé… Je décrète alors 2015 l’année de Cardboard.
(mp3) Cardboard – Snow White
(mp3) Cardboard – Julia
Liens afférents :
Post a comment