L’an dernier, le label Retard Records s’est lancé un défi plutôt… très risqué : proposer a autant de groupes qu’il y a de morceaux de reprendre le légendaire Blood Visions de Jay Reatard. C’est ce même Jay Reatard que Still in Rock a justement chroniqué en août dernier, disant qu’il est celui qu’on écoute “lorsque plus rien ne reste, lorsque l’on a envie d’une dose létale d’un Garage super sale. Jay aura créé Ty Segall de toutes pièces, Jay aura transformé la scène et aura su redéfinir le way of life du rockeur.”. Oui, le défi était donc très risqué !
Nul besoin de créer un faux suspens, cet album, finalement paru il y a quelques jours à peine, est particulièrement génial pour deux raisons : la première, il permet de faire le point sur la scène garage française qui n’en finit pas de monter. La deuxième, Jay Reatard était un véritable génie et ces reprises lui font largement honneur. Que ce soit dit, tous les titres de cet opus méritent leurs écoutes. Tachons tout de même de dresser le portrait de ceux qui ont le plus retenu mon attention.
C’est au groupe Bazooka que revient la tache la plus difficile de reprendre l’ultime hit de toute la discographie de Jay Reatard, j’ai bien sûr nommé “Blood Visions“. Dur d’en faire quelque chose de plus extraordinaire, mais le groupe s’en tenir déjà très bien. Et puis, dès l’apparition de la tracklist, j’étais particulièrement impatient de monter le volume sur un “It’s So Easy” repris par Dusty Mush. Le son est encore plus profond que sur l’original, Dusty y ajoute un psychédélisme de velours tout à fait destructeur. C’est la première claque de l’opus. White Mystery And The Holy Motors s’essaie ensuite à “My Shadow“, autre titre depuis inscrit dans la légende. Les voix sucrées contrastent parfaitement avec un Garage qui tire sur du bon noisy. C’est une nouvelle réussite ! Un peu plus loin se cache “I See You Standing There“. C’est cette fois-ci Kaviar Special qui s’y colle. On retrouve cette même façon de faire que sur son opus éponyme, un son qui semble être passé entre les mains de Tucker & Dale. Ce garage haché est imparable.
Sick Hyenas est un de ces quelques groupes sur lesquels je n’ai jamais eu l’occasion de faire un article, ça viendra, mais qui méritent pourtant bien des éloges. Leur reprise de “We Who Wait” est assurément l’une des pièces les plus convaincantes de l’album. Surprenante, le groupe trouve ici le parfait équilibre entre le conservatisme qui doit pousser à maintenir les quelques éléments sonores qui forment l’identité du titre et la liberté d’y ajouter ce qui fait d’une reprise… une très bonne reprise. Sapin, autre groupe à surveiller (particulièrement fort en live), s’attelle à “Fading All Away“. C’est pop, c’est jouissif, c’est solide. Dans un style tout à fait différent, Dragster délivre un “Turning Blue” super psyché qui a de quoi nous faire tourner les tympans. Ça cogne fort là où on aime. C’est finalement, et logiquement, à Volage que revient la tache de conclure cet LP avec une reprise de “Waiting for Something“. Groupe le plus accompli de cet album, Volage fait honneur à son statut. Meilleure reprise de l’album, on y entend la voix de Paul Rannaud, celle qu’on aime tant, le titre est déstructuré à la perfection et son final s’inscrit plus dans la catégorie de chef d’oeuvre qu’autre chose.
En somme, le défi est relevé haut la main. Retard Records vient d’ajouter une nouvelle pierre à l’édifice Jay Reatard avec le plus beau des hommages. Quelle fierté ce doit être ! Je suggère maintenant un concert qui réunisse tous ces groupes pour une soirée… exceptionnellement bloody.
(mp3) Volage – Waiting for Something (Jay Reatard cover)
(mp3) Sick Hyenas – We Who Wait (Jay Reatard cover)
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