Amen Dunes. Il est de ces artistes qu’il faudra toujours laisser s’exprimer au travers d’une guitare pour comprendre toute la complexité de leur création. Damon McMahon est l’un d’entre eux. Auteur en 2014 de Love, son quatrième album sous le pseudonyme d’Amen Dunes, il revient avec un EP intitulé Cowboy Worship paru le 20 janvier dernier sous le label Sacred Bones Records. Pour l’événement, Jordi Wheeler et Parker Kindred s’associent à lui et nous délivrent 6 titres folk emprunt de lyrisme.
“I know Myself (Montreal)” est une introduction chaude qui nous place directement dans l’univers western où Amen Dunes souhaite nous emmener, que ce soit par les chœurs de la première minute qui imitent le pas d’un cheval usé par les longues distances texanes, ou le chant vibrant de McMahon qui exprime toute la solitude de l’artiste face au défit de se renouveler, il donne le ton à un EP assurément coloré par le relief des grandes plaines américaines. Arrive ensuite “Song to the Siren“, porté par l’arpège de la guitare jouée à un rythme effréné qui s’associe au chant, lent, de Damon. Le morceau rappelle l’évangile prononcé dans ces églises en bois qui parsemaient les routes rectilignes entre deux villes de l’Ouest.
“I Can’t Dig It (China Street Blues)” est clairement le point faible de l’EP. Le son plus moderne des instruments dénote avec l’ensemble de l’EP et empêche l’ensemble de former un tout cohérent. Si les deux premiers titres s’écoutent en religion, “I Can’t Dig It” semble s’être égaré au détour du carrefour sinueux que sont l’efficacité et la simplicité d’un titre. Rien n’est pourtant gâché car les premières notes de “Green Eyes (Music Blues)” sonnent au rythme des tambours d’une chevauchée fantastique. De la bataille contre les peaux rouges emmenée par une flûte amérindienne, jusqu’au piano de saloon qui annonce l’heure du remontant nommé whisky ambré, ce morceau est tout droit sorti de l’imaginaire de John Ford et Howard Hawks tant il reprend les critères du bon western spaghetti.
“Lezzy Head (Burial)” sonne la trêve, on pleure nos morts en regardant le soleil se coucher. Amen Dunes exprime ici ses craintes dans un chant poétique focalisé sur l’afflux des sentiments et la spontanéité lyrique des paroles. Dès les premières notes, le morceau nous rappelle le blues des années 20 qui, par quelques accords grattés sans prétention et une voix emprunt d’émotions, accorde les curieux sur la sincérité de l’histoire racontée.
Enfin, “Love (Montreal)” n’est pas sans rappeler son dernier essai éponyme et annonce le clape de fin de ce parcours incroyable au pays du chemin de fer. Tout en mélancolie et passion, McMahon referme les pages de son histoire dans un titre de plus de 8 minutes où chacun des instruments s’accordent pour donner de la profondeur et de la richesse à ses propos. Les trois dernières minutes offrent une danse incroyable autour du feu de la victoire. Les chœurs qui se superposent produisent une puissance si bouleversante qu’elle laisse un vide immuable et prouve définitivement que Cowboy Worship est un EP délivré avec une forte sincérité qui inscrit Damon McMahon parmi les artistes les plus émotionnels.
(mp3) Amen Dunes – I Know Myself (Montreal)
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