Nic Hessler. On a parfois l’impression qu’il faut renoncer à l’envie de vouloir faire danser ses amis lorsque l’on s’évertue à vouloir écouter une musique qui respecte son auditeur. Cette époque serait-elle révolue ? Peut-être en partie. La musique de Nic Hessler, un des nouveaux venus chez Captured Tracks, est particulièrement fascinante en ce qu’elle oscille entre ringardes façon années ’80 et brillance Power Pop. Avec de faux airs d’Elvis Costello, sa musique n’est jamais bien éloignée de cette figure de l’histoire pop. Et puis, sa grande romance assumée le rapproche incontestablement de Nick Lowe. Le titre “All in the Night“, par exemple, aurait pu être l’oeuvre du Génie du Cool, lui qui a aussi bien fait danser les foules de clubs undergrounds que celles de stades.
Le premier titre, “I Feel Again“, illustre le caractère dual de la musique de Nic Hessler. Le son de la batterie nous rappelle ces films de danse eighties où deux danseurs s’enlacent sur fond de couché de soleil. Les paroles, un ‘I Feel Again’ répété over and over, ne sont pas la marque d’un génie lyric à la Nick Drake. Et pourtant, ce titre est déjà captivant. Et puis, Nic Hessler s’y démarque de la masse underground. Fidèle à la ligne Captured Tracks, Nic Hessler fait partie de ces artistes qui lancent et relancent les scènes. “Hearts, Repeating“, le petit deuxième, répond aux mêmes critères. Parce qu’il le fallait, on franchit un cap avec “Expel Me“. La musique de Nic Hessler y est moins fouillis et centrée sur l’ensentiel. Le titre penche vers la Bubblegum, cette fois-ci façon Lolipop Records. Il y a du Quick, du Shoes et un peu de Jags. C’est coloré et ces quelques minutes assument en plein le revival Power Pop.
C’est alors qu’apparaît, “Permanent“, un des meilleurs titres de l’année. Ce morceau-là a tout de la grande Power Pop façon Big Star. En plein dans la magie d’une musique qui recherche le côté féérique avant tout, ce titre s’inscrit dans la tradition Alex Chilton / Chris Bell, le meilleur duo de Pop de l’histoire. Nic Hessler vient de scorer pour l’histoire. Et puis, “All in the Night“, dans une mouvance également très dancefloor eighties, donne une large place à sa voix. Bien entendu, il y parle d’amour (c’est la première ballade romantique de l’opus) et son rythme dansant aurait pu être le hit d’une soirée, dans un monde parallèle où Riha*na n’existerait pas (ah, doux monde parallèle…). Cette même envie de danser se retrouve sur “(Please) Don’t Break Me“, à mon sens l’un des grands morceaux de cet opus. Nic Hessler y réussit une nouvelle fois l’exploit de délivrer un pop très catchy, façon Paley Brothers, sans pour autant nous laisser sur notre faim quelques écoutes plus tard. Le petit passage instrumental nous rappelle les quelques fulgurances des Sweet, là où la pop est tropicale.
Sur des airs semblables à ceux d’un Phoenix qui faisait encore de la musique, “All Around You” donne le là. La dernière phase est irréprochable. Parfois, Nic se rapproche de trop près du groupe précité, j’en veux pour exemple “Into the Twilight“, et c’est alors raté. Heureusement, cet album est majoritairement shiny et parfaitement exécuté, ce qui fait oublier ses quelques défauts.
Soft Connections contient également une chanson d’amour un peu cheesy qui moque l’univers de Britney Spears et qui répond au doux nom de “Do You Ever?“. “Soon You’ll See, Kristine“, pour sa part, aurait pu être l’oeuvre d’un girls band nineties. Pourtant, Nic Hessler parvient à lui donner ses lettres de noblesses. C’est un tour de force. Le dernier titre de la tracklist officielle, “Soft Connections“, est l’un des plus recherché de l’opus. Relativement obscure, Nic Hessler s’en sert pour expérimenter d’autres horizons. Le résultat est brillant, ce titre est (potentiellement) le deuxième plus réussi de tout l’opus.
Au final, la musique de Nic Hessler est touchante parce qu’il assume son romantisme. Et puis, Nic Hessler est un de ses besogneux de la mélodie, club de quelques rares acharnés qui n’enregistrent jamais un titre sans être sur de présenter quelques choses d’original. Soft Connections est un de ces albums à part, fidèle à ce que Captured Tracks sait faire de mieux. Il est sans conteste un album de genre qui s’essaye peu ou prou à un seul style, qui en reprend tous les codes et qui parvient à le sublimer. Nic Hessler vise à une pop dansante et colorée, sans trop calculer ce que le cool lui imposerait de faire. Il reprend le style de nombreux artistes qui se démarquaient très légèrement de la Power Pop pour flirter avec les limites du commercial. Soft Connections est souvent borderline, mais ses mélodies et les centaines d’heures de travail qui s’y cachent en fond un opus très réussi qui marquera le genre. Nic Hessler fait passer un formidable message : il est possible d’assumer en plein l’envie de faire danser les foules sans pour autant tomber dans une singerie inaudible. Peu d’artistes ont un message à faire passer, alors, lorsque les rares qui s’y essaient parviennent à transformer l’essai… je tire mon chapeau. Soft Connections est assurément un indispensable de 2015 qui fait honneur à la line-up de son label, le grand Captured Tracks.
(mp3) Nic Hessler – Permanent
(mp3) Nic Hessler – Soft Connections
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